Prolongée à maintes reprises, dont la dernière en date le 17 mai 2023, l’Initiative de la mer Noire a permis de réguler le marché international des céréales, déstabilisé suite au déclenchement de la guerre en Ukraine.
Le délai de validité de l’Initiative de la mer Noire doit expirer demain, et les parties signataires ne sont pas encore arrivées à s’entendre sur sa prorogation. Lancée il y a une année, cette Initiative a été signée par la Russie et l’Ukraine à Istanbul, sous l’égide de la Türkiye et des Nations unies, afin de permettre la sortie, à partir des ports ukrainiens, des céréales destinées à l’exportation.
Prolongée à maintes reprises, dont la dernière en date le 17 mai 2023, cette Initiative a permis de réguler le marché international des céréales, déstabilisé suite au déclenchement de la guerre en Ukraine.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a réitéré, en prévision de la fin du délai de l’Initiative, «l’importance de la mise en œuvre complète et continue des accords signés à Istanbul en juillet 2022, pour contribuer à garantir que ces produits puissent atteindre les marchés mondiaux de manière fluide, efficace et à grande échelle».
Ceci en soulignant «le rôle indispensable que les exportations de produits alimentaires et d’engrais de la Fédération de Russie et de l’Ukraine continuent de jouer pour soutenir la sécurité alimentaire mondiale». L’application de l’accord a eu un impact direct sur la baisse des prix des produits alimentaires. Selon des statistiques onusiennes, l’Initiative a permis de faire baisser de 23% le niveau des prix des denrées alimentaires par rapport au record atteint en mars 2022, quelques semaines après le début des hostilités.
La Türkiye et l’ONU multiplient les démarches visant à amener la Russie à accepter la prolongation de l’accord. Le chef de l’ONU appelle, pour sa part, «toutes les parties concernées à donner la priorité à la sécurité alimentaire mondiale». L’ONU prend en référence le dernier indice des prix internationaux des produits alimentaires effectué par la FAO et qui affiche une nouvelle baisse des prix de ces produits enregistrée en juin dernier, favorisée par celle des prix de toutes les principales céréales et de la plupart des types d’huiles végétales.
La Fédération de Russie conditionne son accord par la levée de toutes les sanctions que lui affligent les pays occidentaux. «La Russie ne voit aucune raison de prolonger l’accord sur l’Initiative céréalière en mer Noire», déclarait, il y a plus d’une semaine, le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Ce dernier notait aussi que «Moscou fournit les efforts nécessaires en stricte conformité avec les règles de procédure pour que tous les navires participant à cette Initiative puissent achever avec succès leur mission et quitter la mer Noire avant le 17 juillet, date d’expiration de l’accord». La partie russe estime que l’objectif de l’accord a été «détourné, car au lieu d’être exportées vers l’Afrique, les denrées alimentaires étaient en grande partie transportées vers des pays bien nourris».
Pour défendre l’Initiative, l’ONU a fait le bilan de son application et rappelle que depuis une année d’application de l’accord céréalier, plus de 32 millions de tonnes de denrées alimentaires ont été exportées de trois ports ukrainiens de la mer Noire vers 45 pays sur trois continents. L’Initiative a également permis au Programme alimentaire mondial (PAM) de transporter plus de 725 000 tonnes de blé «pour les personnes dans le besoin en Afghanistan, en Ethiopie, au Kenya, en Somalie, au Soudan et au Yémen», précisent les mêmes données onusiennes, en notant que l’accord a permis une reprise partielle des approvisionnements alimentaires vitaux sur le marché.
«L’Initiative de la mer Noire a pour objectif de faciliter les exportations de trois ports maritimes ukrainiens. Les récoltes d’Ukraine sont vendues dans le monde entier, y compris dans des pays où une partie de la population souffre d’insécurité alimentaire. Le fret peut être traité et réexporté depuis les destinations initiales. L’Initiative ne précise pas où les exportations doivent aller», indique la même source, en justifiant que même si des pays riches reçoivent cette marchandise, cela permet «de calmer les marchés mondiaux».