Le cortège de Mohammed VI ciblé par des jets de cocktail Molotov à Rabat : Simple incident ou défiance contre le roi du Maroc ?

16/10/2024 mis à jour: 04:10
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C'est la première fois que le cortège du roi fait l’objet d’une attaque - Photo : D. R.

Le lanceur des deux cocktails Molotov s’appelle Moncef Al Yaacoubi, natif de la ville de Kenitra, selon El Independiente. Le parquet de Rabat a affirmé que l’attaque n’était pas «préméditée» et que l’auteur a été arrêté et interné dans un hôpital de Salé, dans l’agglomération de Rabat.

Un jeune Marocain de 24 ans a lancé vendredi 11 octobre deux cocktails Molotov au passage du cortège royal de Mohammed VI, roi du Maroc, en visite officielle à Rabat. Selon le quotidien espagnol El Independiente, le jeune Marocain, un agriculteur, était caché dans la foule qui assistait au défilé du monarque, penché hors de sa limousine et lourdement protégé par ses gardes du corps.

Les deux projectiles incandescents ont atterri sur la chaussée à quelques mètres seulement du cortège qui s’ébranle, devancé par une escouade de motards. L’attaque, filmée par des personnes présentes au moyen de téléphones portables, n’a pas interrompu le cortège. Le lanceur des deux cocktails Molotov s’appelle Moncef Al Yaacoubi, natif de la ville de Kenitra, a révélé El Independiente.

Il avait assisté, vendredi, aux festivités entourant le discours de Mohammed VI, prononcé lors de l’ouverture de la première année de la 7e législature du Parlement marocain. Si le discours de Mohammed VI a été largement traité par la presse marocaine, l’incident de Rabat – c’est la première fois que le cortège du roi fait l’objet d’une attaque – a été, lui, passé sous silence.

«C’est la première fois qu’un cortège royal est victime d’un tel incident. Surtout dans un pays qualifié d’Etat policier», a commenté Ali Lmrabet, journaliste marocain en exil en Espagne, sur son compte X (anciennement Twitter). Ignacio Cembrero, journaliste espagnol, a posté une vidéo d'une minute 30 montrant clairement le moment où les deux projectiles sont tombés non loin du cortège royal. «Ce qui est à retenir, c’est que les médias du Maroc qui ont rapporté l’information ont été forcés de l’effacer», a-t-il écrit sur son compte X. Dans la presse française, pas un traître mot de cette attaque dont les motivations ne sont pas encore connues.

«Le jeune homme qui a jeté des cocktails Molotov sur le cortège royal vient d’être déclaré fou par le parquet», a twitté Lmrabet, cité par El Independiente. Le média espagnol a, également, rapporté que le parquet de Rabat «a tenté de minimiser la gravité de l’incident» en affirmant que l’attaque n’était pas «préméditée» et était «due aux graves troubles psychologiques dont souffre son auteur».

D’après les autorités marocaines, souligne la même source, l’agresseur «souffre depuis longtemps d’une maladie mentale accompagnée d’hallucinations, principalement axées sur les légendes anciennes et les mythes spirituels». Son état s’est détérioré, a-t-on affirmé, en raison de la consommation de drogues : «La combinaison de ces facteurs a conduit Al Yaacoubi à commettre cet acte sans intention criminelle.»

Précarité sociale accrue

Al Yaacoubi aurait, d’ailleurs, été interné dans un hôpital de la ville de Salé, dans l’agglomération de Rabat. Or, aucune source indépendante et fiable au Maroc n’a pu confirmer la version des faits présentée par les autorités marocaines. Bien que cet acte n’ait causé aucune blessure, il reflète cependant un climat de mécontentement généralisé qui s’installe au Maroc. Le Maroc traverse, en effet, une situation interne difficile, marquée par une précarité sociale accrue, une profonde crise économique que les problèmes de santé du roi du Maroc ne font qu’aggraver.

Les scènes de la fuite collective, à Fnideq en septembre dernier, de jeunes migrants marocains vers l’enclave de Ceuta résument, parfaitement, les temps incertains que traverse la société marocaine. «Un taux d’emploi très bas et en baisse constante, une classe moyenne dont le niveau de vie s’est effondré, un système éducatif et de santé en grande difficulté, un niveau de prédation et de captation de l’Etat sans précédent, une impunité à tout prix pour les hommes du régime, une monopolisation du pouvoir et des richesses sans précédent», soulignait récemment Fouad Abdelmoumni, directeur du bureau marocain de Transparency International, dans une interview accordée à El Independiente.

Selon différents rapports d’institutions internationales, 55% des jeunes Marocains, âgés de 18 à 29 ans, souhaitent quitter le Maroc. Le Maroc compte 5,9 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans, dont un sur quatre ne travaille pas, n’est pas scolarisé et ne suit pas de formation. En mai, le Conseil économique, social et environnemental marocain (CESE) a alerté sur l’augmentation du nombre de jeunes Marocains âgés de 15 à 24 ans qui ni étudient ni travaillent et qui représentent 25% de l’ensemble des jeunes, soit 1,5 million sur une population totale de plus de 38 millions de personnes. Une population qui, presque chaque jour, manifeste dans la rue pour protester contre la cherté de la vie.

Il y a lieu de signaler que l’incident de Rabat intervient à quelques jours de la visite annoncée du président français au Maroc. Emmanuel Macron effectuera une visite d’Etat au Maroc à la fin de ce mois après avoir reconnu, en juillet dernier, la «marocanité» du Sahara occidental, entraînant une réaction ferme et immédiate d’Alger, qui continue à défendre le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU.

L’essayiste Michel Onfray sur Europe 1 et Cnews : «Mohammed VI est le patron du trafic de drogue»

Michel Onfray a jeté un pavé dans la marre samedi dernier, en désignant, sans détours, le roi du Maroc comme patron du cannabis, au moment où le débat sur le trafic de drogue en France s’amplifie. Interrogé par Laurence Ferrari sur Europe 1 et Cnews, deux chaînes de la galaxie de Bolloré, sur la montée du trafic de drogue en France, Michel Onfray a répondu : «Au lieu de pourchasser indéfiniment les petits consommateurs, il faut frapper à la source de ce trafic.»

Il désigne clairement, par ces propos, le Maroc comme étant le principal pourvoyeur de drogue et le qualifie d’«Etat voyou». Autrement dit, un narco-Etat avec à sa tête un roi, Mohammed VI, qu’il désigne comme «le patron». «D’où vient la drogue ? Arrêtons toute cette hypocrisie. Il faut couper la tête de l’hydre. 

C’est une affaire d’Etat !» dit-il au micro de Laurence Ferrari, plutôt surprise par la réponse du philosophe le plus médiatique de France. Ses propos ont résonné comme une véritable onde de choc dans la sphère médiatique d’outre-mer, tant il est rare d’entendre une personnalité française parler de la responsabilité du makhzen dans le trafic transnational de drogue.

Rappelons que quatre voitures de police ont été incendiées le mercredi 9 octobre à Cavaillon, dans le Vaucluse (France), en représailles à une opération anti-drogue. Ces actes, itératifs et devenus presque banals en France, relancent le débat sur les moyens de lutter efficacement contre les narcotrafiquants.

Une étude (2024) de l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée a évalué la production marocaine annuelle de cannabis à plus de 700 tonnes pour une valeur de 23 milliards de dollars. «Les profits de la drogue sont à l’origine de réseaux de corruption et de clientélisme allant du village aux plus hauts niveaux des autorités de l’Etat, et ces réseaux se prolongent jusqu’en Europe», a souligné l’étude. M. Abdelkrim

 

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