Le Conseil de l'Europe a dénoncé mardi la «guerre» menée contre le journalisme «dans certaines parties de l'Europe», notamment depuis le lancement de l'invasion russe de l'Ukraine où «au moins douze journalistes et professionnels des médias» ont été tués depuis le début de la guerre.
Cette «guerre d'agression» lancée par la Russie contre son voisin «s'est déroulée dans un contexte de détérioration continue de la liberté de la presse en Europe, marquée par une augmentation importante du nombre de journalistes en détention», indique la Plateforme pour la sécurité des journalistes dans son rapport intitulé «La guerre en Europe et le combat pour le droit d'informer».
Menaces à la liberté d'expression
En Ukraine, «au moins 12 professionnels des médias» ont trouvé la mort en 2022 alors qu'ils couvraient le conflit et «21 autres ont été blessés», poursuivent les auteurs du dernier rapport de cette plateforme établie en 2015 par le Conseil de l'Europe en coopération avec une quinzaine d'organisations internationales (Fédération internationale de journalistes, Reporters sans frontières...) afin de renforcer la protection des journalistes.
Plus globalement, en 2022, 289 alertes signalant «des menaces ou de graves atteintes à la liberté des médias» ont par ailleurs été recensées dans 37 États au sujet de journalistes «assassinés, emprisonnés, agressés, harcelés juridiquement et victimes de campagnes de diffamation», indique le rapport. Ce chiffre comprend la Russie, la plateforme ayant décidé de continuer à surveiller le pays après son expulsion du Conseil de l'Europe en mars 2022. «Les arrestations et détentions arbitraires de journalistes sont devenues monnaie courante en Europe», s'alarme encore la plateforme dans son rapport. Celui-ci fait notamment état de «74 alertes sur des atteintes à l'intégrité physique de journalistes».
«Ces dernières années, nous avons assisté à une augmentation inquiétante des attaques et des menaces contre les journalistes», a estimé la secrétaire générale du Conseil de l'Europe, Marija Pejcinovic Buric. Et elle regrette que «nombre de ces attaques restent impunies». «Je demande aux (46) États membres de prendre ce problème au sérieux et de respecter et protéger pleinement les droits des journalistes, d'assurer leur sécurité, de protéger leurs sources et d'empêcher la censure et les autres formes d'ingérence dans leur travail», a-t-elle ajouté.