Le commissaire de l’Unrwa, Phillipe Lazzarini, dénonce une situation désastreuse : «L’odeur de la mort partout…»

23/10/2024 mis à jour: 09:38
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Phillipe Lazzarini, commissaire de l’Unrwa

Au moins 45 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne, de l’aube de la journée d’hier au milieu de l’après-midi, à Ghaza, dont 33 au nord de l’enclave, privée de nourriture, d’eau, de médicaments, de soins et où «l’odeur de la mort est partout, après les bombardements aériens et terrestres incessants», a déclaré, hier, le commissaire de l’Unrwa, Phillipe Lazzarini. 

Israël poursuit son offensive militaire génocidaire sur tout le territoire de Ghaza et particulièrement au nord, portant le bilan des victimes de cette guerre, depuis le 7 octobre 2023, à 42 718, dont la plupart des femmes et des enfants, selon des sources médicales palestiniennes, et 100 282 blessés, alors que des milliers d’autres sont toujours sous les décombres. 

En 24 heures, (entre lundi et mardi derniers), les forces d’occupation sionistes ont tué 117 Palestiniens et blessé 487 autres. Les images et vidéos de centaines de personnes, dont des femmes et des enfants, des baluchons sur le dos et des sacs dans les mains, marchant en groupes, sommées de quitter leurs maisons sous la menace des canons, des chars et des fusils de soldats israéliens, ont fait le buzz sur la Toile. Des camps de réfugiés de Jabaliya à la ville de Beit Lahia, ou encore à Beit Hanoun, la détresse est la même sur les visages de ces milliers de Palestiniens arrachés de leurs terres pour partir vers une destination incertaine et sans la garantie d’un retour. 

Pour Le responsable de l’Unrwa, ces bombardements ininterrompus ont laissé «une odeur de mort partout, en raison des cadavres abandonnés sous les décombres et ceux qui gisent sur les routes». M. Lazzarini a expliqué que cette situation est la conséquence du siège imposé par Israël dans cette région. 

«Les missions visant à enterrer les cadavres ou à fournir une aide humanitaire sont refusées. Les gens attendent simplement de mourir. Ils se sentent abandonnés, désespérés et seuls. Ils vivent au jour le jour, craignant la mort chaque seconde», a écrit le responsable de l’Unrwa sur son compte X. Et d’appeler à une «trêve immédiate, même si ce n’est que pour quelques heures, pour permettre un passage humanitaire sûr aux familles qui souhaitent quitter la zone et rejoindre des endroits plus sûrs. C’est le strict minimum pour sauver la vie de civils qui n’ont rien à voir avec ce conflit».

Interdits par le droit humanitaire, les déplacements forcés concernent les 400 000 personnes vivant encore dans le tiers du territoire du nord de Ghaza, où Israël a imposé un blocus sur les livraisons de nourriture, détruit les infrastructures civiles de base, les puits d’eau, les écoles, les bâtiments résidentiels, pour en faire une zone inhabitable. Ce qui, en droit humanitaire, constitue un crime de guerre. 

«Faire pression sur l’état !»

Dans un post sur X, Josep Borell, chef de la politique étrangère de l’Union européenne, a évoqué «des rapports horribles» sur le nord de Ghaza et affirmé que «les souffrances humaines causées par l’homme ne peuvent être justifiées», avant de condamner les «bombardements massifs et la destruction des installations». 

Alors que les missiles sont largués et les obus de chars tirés par l’artillerie lourde sur les régions du nord, du sud et du centre de Ghaza, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et à deux semaines seulement de l'élection présidentielle dans son pays, a fait une longue escale à Tel-Aviv. La 11e depuis les attaques du 7 octobre 2023 et, officiellement, cette visite viserait à «faire pression sur l’Etat hébreu afin qu’il autorise davantage d’aide humanitaire à Ghaza et de discuter de la libération des otages israéliens». Au début de la semaine écoulée, Blinken et Lloyd Austin, le secrétaire d’Etat à la Défense, avaient averti Israël, dans un courrier signé conjointement, qu’il pourrait ne pas recevoir l’aide militaire, s’il n’autorise pas l’entrée des convois humanitaires à Ghaza dans un délai… d’un mois. 

Sur le terrain, la situation est tout autre. La plate-forme EekadFacts, spécialisée dans les enquêtes, a révélé, sur la base du suivi des données de navigation, que 18 avions-cargos américains Boeing C-17A ont atterri entre le 17 et 21 du mois en cours. L’EekadFacts a documenté l’atterrissage de 8 avions du même type au cours de la période du 14 au 16 octobre, coïncidant avec l’annonce par Washington de l’envoi du système de défense aérienne «THAAD» à Tel-Aviv, portant le total à 26 avions en seulement 8 jours. 

Pour la même source, «Washington n’a pas annoncé officiellement les vols, mais a plutôt caché les destinations de ses avions, et nous avons pu déterminer qu’ils ont atterri en Israël. Il n’a pas non plus révélé la charge utile de l’avion, qui est probablement militaire. 

En raison des capacités de livraison rapides de l’avion et de son transport de plus de 77 tonnes. Ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis lancent un pont aérien vers le Moyen-Orient. L’EekadFact avait déjà surveillé l’arrivée d’avions américains dans la région, coïncidant avec l’escalade israélienne au Liban». 

Il faut rappeler que les USA, allié puissant d'Israël et son fournisseur d’armement à hauteur de 60% de ses besoins, ont déjà livré à Tel-Aviv 10 000 bombes à destruction massive de 2000 livres et des milliers de missiles à guidage laser Hellfire, dès le début de sa guerre génocidaire contre Ghaza, au cours de laquelle plus de 42 700 Palestiniens ont été tués jusqu’à présent. 

En début de cette semaine, le secrétaire d’Etat à la Défense a affirmé avoir déployé «en urgence» son système antimissile avancé THAAD (Terminal Higt Altitude Area Defense) en Israël, qui est, selon lui, «désormais mis en place», avec une centaine de soldats américains chargés de son fonctionnement. 

Cette aide, d’un montant de 5,2 milliards de dollars, n’entre pas dans le cadre de l’enveloppe de 20 milliards de dollars d’aide militaire en attente de validation par le Congrès, mais d’une autre de 8,7 milliards, dégagée en urgence sans passer par la validation des membres du Congrès. 

 

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