Le commandant de la Wilaya IV historique, colonel Youcef El Khatib, décédé jeudi à l’âge de 91 ans, était un modèle de chef militaire distingué par son humanisme et sa modestie, et un des plus éminents dirigeants de la Guerre de Libération nationale, ont affirmé de nombreux moudjahidine l’ayant côtoyé.
Ces moudjahidine, qui ont exprimé leur immense tristesse suite au décès du colonel Youcef El Khatib, ont affirmé qu’il était «un modèle de chef militaire aimé de tous, grâce à son humilité dans ses relations avec tout un chacun, quels que soit son rang, son statut social ou son niveau d’instruction».
C’est notamment le cas du secrétaire général de la fondation de la Mémoire de la Wilaya IV historique, dont le siège se trouve à El Affroun (à l’ouest de Blida), Ali Miloudi, qui s’est dit «affligé» par le décès de son ami, Youcef El Khatib, qui était «un modèle de chef militaire instruit et modeste».
«Le défunt, qui était un symbole de la Guerre de libération, a poursuivi la lutte libératrice après l’indépendance, en œuvrant à la préservation des faits d’armes et des sacrifices des chouhada par la création de la Fondation de la Mémoire de la Wilaya IV historique, qu’il a dédié, avec le soutien de nombreux moudjahidine, à la préservation de la mémoire de la Révolution et sa protection de toute déformation», a-t-il souligné.
Il a ajouté que le colonel Youcef El Khatib, dit «Si Hassan», se distinguait particulièrement par son intérêt pour la jeunesse, à laquelle il tenait à inculquer l’histoire de l’Algérie et les faits d’armes des moudjahidine. Beghalem Boukadoum, membre de la Fondation, a exprimé quant à lui son chagrin suite au décès de l’un des plus éminents dirigeants de la Wilaya IV historique, connu pour sa «modestie et sa simplicité», soulignant qu’il était «très aimé de son entourage».
Un autre moudjahid proche du défunt, Ammar Ramdhane, a évoqué le côté humain de feu colonel El Khatib, en le qualifiant de «moudjahid et de chef militaire hors pair, alliant la rigueur militaire et la bonté d’un homme tolérant».
«Il tenait particulièrement à visiter les villages et les bourgs reculés pour recueillir les témoignages des moudjahidine, mais aussi pour aider les familles nécessiteuses», selon lui. Le colonel Youcef El Khatib «était également un amateur de sport», a ajouté M. Ammar, relevant son «désintérêt pour l’aspect financier et matériel des choses, en vivant simplement, ce qui lui a valu le respect et l’amour de son entourage», a-t-il assuré.
Dans leurs témoignages, les moudjahidine qui l’ont connu ont également évoqué les efforts du défunt pour préserver la mémoire de la Révolution.
Il attachait «une grande importance» à la collecte des témoignages des moudjahidine sur des batailles et accrochages contre l’ennemi français durant la Guerre de Libération nationale, «par souci de préservation de la mémoire de la Wilaya IV historique, dont il fut le dernier commandant, en particulier, et de l’histoire de la Révolution en général», ont-ils souligné.
Né le 19 novembre 1932 à Chlef, le défunt a suivi son enseignement primaire dans sa ville natale. Il a obtenu le baccalauréat en 1953 et s’est inscrit au département de médecine à l’université d’Alger (Faculté centrale). Feu El Khatib a ensuite rejoint les cellules du Front de libération nationale (FLN), dont l’objectif était d’encadrer les étudiants et de les intégrer dans les rangs de la Révolution. Après la grève des étudiants du 19 Mai 1956, le défunt a rejoint les rangs de la Révolution à Médéa, où il eut des contacts avec des moudjahidine avant d’adhérer à l’Armée de libération nationale (ALN) en juin 1956 dans la région de Tamezguida.
Son rôle consistait à fournir le soutien médical et les premiers soins aux moudjahidine et aux populations civiles rurales, et à former les infirmiers et les cellules médicales dans les régions de la Wilaya IV historique. Il fut nommé commandant de la 3e région de la Wilaya IV historique en 1959, avant de succéder à Si Mohamed Bounaama tombé en martyr le 8 août 1961, à la tête de la Wilaya IV historique jusqu’à l’indépendance.
Après l’indépendance, «Si Hassan» occupa plusieurs fonctions et assuma diverses responsabilités, dont celle de membre du bureau politique du parti du Front de libération nationale (FLN) en 1964. Il fut nommé président de la commission du dialogue national en octobre 1993, et président de la Conférence de l’entente nationale, en 1994.
Le défunt, qui était également président de la fondation de la Mémoire de la Wilaya IV historique jusqu’à sa mort, insistait sur l’importance de l’écriture de l’histoire afin de contribuer à la préservation de la mémoire collective du peuple algérien.
Youcef El Khatib a été inhumé jeudi, après la prière de dohr, au Carré des martyrs du cimetière El Alia d’Alger.
Le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, le Général d’armée Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), et plusieurs membres du gouvernement ont assisté aux obsèques, aux côtés de chefs de partis politiques, de représentants d’instances et d’organisations nationales et des compagnons de lutte et des proches du défunt.
Dans son oraison funèbre, le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Laïd Rebiga, a loué les qualités et les hauts faits du défunt, qui était, a-t-il dit, «un des vaillants enfants et des héros de l’Algérie qui ont rejoint le front de la lutte contre le colonialisme dans les rangs de la Glorieuse guerre de libération nationale».
«Le défunt Youcef El Khatib a dirigé la Wilaya IV historique avec sagesse et habileté. Il soignait les blessés avec des moyens rudimentaires et dirigeait les hommes sur le terrain. C’était un chef et un responsable hors pair», a-t-il dit.