Alors que la tension est à son paroxysme entre l’entité sioniste et le Hezbollah après l’attaque de Majdal Shams, dans le Golan, qui a fait 12 morts et 35 blessés samedi dernier, les frappes israéliennes continuent à pleuvoir sur la bande de Ghaza.
Trente-neuf morts et 93 blessés ont été recensés en 24 heures, entre la journée de dimanche et hier matin, a indiqué hier le ministère de la Santé de Ghaza en précisant que les corps de plusieurs victimes sont ensevelis sous les décombres et n’ont pu être comptabilisés.
Ce nouveau cortège de victimes porte le bilan de la guerre faite au peuple palestinien à 39 363 morts et 90 923 blessés, ajoute la même source. Les autorités sanitaires palestiniennes déplorent, par ailleurs, le décès d’un enfant de 6 ans, Anès, à l’hôpital baptiste pour cause de malnutrition. Avec la mort tragique du petit Anès, le nombre des victimes de la famine s’élève à 39 cas depuis le début de la guerre contre Ghaza, d’après l’agence Wafa.
Parmi les attaques israéliennes les plus meurtrières enregistrées hier, un véritable carnage a été commis à proximité de l’école Al Firdaouss, à l’ouest de la ville de Rafah, où un bombardement a fait 5 morts selon le Croissant-Rouge palestinien. Cinq autres personnes ont été tuées et plusieurs ont été blessées ce lundi suite à des tirs d’artillerie qui se sont abattus sur le secteur d’Abo Hamid, à l’est de Khan Younès, rapporte l’agence de presse palestinienne.
«Ces ordres d’évacuation deviennent presque quotidiens»
La même source affirme que des immeubles ont été soufflés dans la localité d’Al Karara, au nord de Khan Younès, tandis que des obus d’artillerie s’abattaient sur le quartier Cheikh Nasser situé dans le centre-ville. Les équipes de la Défense civile ont signalé de leur côté avoir retiré les corps de trois martyrs des décombres à Sabra, un quartier de Ghaza-City. Les victimes ont péri il y a quelques jours alors que le quartier était pilonné par des obus d’artillerie.
L’Agence d’information palestinienne fait savoir en outre que les forces d’occupation ont canonné hier le quartier de Tall Al Hawa, au sud de la ville de Ghaza. Simultanément, la marine israélienne a lancé des salves de tirs vers les zones côtières de Ghaza. Le centre de l’enclave assiégée a été également le théâtre de frappes intenses. Une série de raids a ainsi été menée contre les camps d’Al Bureij, de Nuseirat et de Deir Al Balah.
L’armée israélienne a émis d’ailleurs de nouveaux ordres d’évacuation concernant cette fois les secteurs situés au centre de la bande de Ghaza, dont justement les camps d’Al Bureij et Nuseirat. ONU-Info, le site d’information des Nations unies, a fait part hier de «nouveaux déplacements forcés à Ghaza dans un climat de crainte d’un embrasement régional après une frappe sur le Golan». «Les Ghazaouis continuent de fuir leurs foyers après que l’armée israélienne ait émis de nouveaux ordres d’évacuation pour les résidents des camps de réfugiés de Nuseirat et de Bureij», constate le service de presse de l’ONU.
Pour l’UNRWA, ces déplacements forcés deviennent presque «quotidiens» pour les habitants de Ghaza. En tenant compte des derniers ordres d’évacuation de l’armée israélienne, «le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) note qu’environ 29 000 personnes se trouvaient dans la zone désignée pour être évacuée dimanche», indique ONU-Info. «Plus de 200 000 personnes ont déjà été déplacées la semaine dernière par des ordres antérieurs, soit près de 9% de la population de l’enclave palestinienne», révèle l’OCHA. «Presque chaque jour, les habitants sont contraints de fuir leurs abris de fortune, sans aucun endroit sûr où aller», fustige l’UNRWA. Le chef de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, fera remarquer à travers un message posté dimanche sur X : «Actuellement, seulement 14% des zones de Ghaza ne sont pas soumises aux ordres d’évacuation. Tous les deux jours, les autorités israéliennes émettent des ordres forçant les gens à fuir, créant le chaos et la panique.»
Il soutient que «presque tout le monde à Ghaza a été touché par ces ordres. Beaucoup ont été forcés de fuir en moyenne une fois par mois depuis le début de la guerre il y a neuf mois». Lazzarini relève dans la foulée que «très souvent, les gens n’ont que quelques heures pour emballer tout ce qu’ils peuvent et tout recommencer, principalement à pied ou sur une charrette à âne bondée pour ceux qui en ont les moyens».
«Un homme a dit à notre représentant de l’UNRWA récemment qu’il a été contraint de fuir à deux reprises en 10 heures», affirme-t-il. «Cette tactique d’évacuation ne fait qu’apporter davantage de misère, de peur et de souffrance à des personnes qui n’ont rien à voir avec cette guerre. Les habitants de Ghaza ne sont pas des flippers ou des pièces d’échecs, ce sont des êtres humains», s’indigne le responsable onusien.
Des «travel warnings» déconseillent d’aller au Liban
Le bombardement à la roquette d’un terrain de football où jouaient de jeunes garçons à Majdal Shams, sur le plateau du Golan syrien annexé par Israël en 1967, a provoqué des conséquences en cascade. Israël, qui accuse le Hezbollah d’être derrière cette attaque, a menacé qu’il va «riposter avec force».
Dimanche soir, le cabinet de sécurité a autorisé le ministre de la Défense, Yoav Gallant, à décider avec Netanyahu «de la manière et du moment pour répondre» au Hezbollah. Les craintes d’un conflit régional de grande ampleur sont de plus en plus vives. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé « toutes les parties à la plus grande retenue», tandis que l’Union européenne a réclamé une «enquête internationale indépendante». Berlin exhorte pour sa part tout le monde à «agir avec sang-froid» et Londres dit redouter une «escalade». Par ailleurs, plusieurs chancelleries occidentales ont invité leurs ressortissants à ne pas se rendre au Liban.
C’est le cas des Etats-Unis, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de la France et de l’Italie. Des compagnies aériennes ont également modifié leur programme de vols à destination du Liban et d’Israël. «Dans un contexte de tensions accrues dans la région, certaines compagnies aériennes ajustent leurs horaires de vols au Liban. Middle East Airlines (MEA) a annoncé que certains vols qui devaient initialement atterrir à Beyrouth dans la soirée du 28 juillet atterriront désormais dans la matinée du 29 juillet.
D’autres compagnies aériennes envisageraient également de modifier temporairement leurs plans de vol. L’ambassade encourage les citoyens américains voyageant à destination ou en provenance du Liban à surveiller de près le statut de leur vol, à être conscients que les itinéraires peuvent changer avec peu ou pas d’avertissement et à planifier autre chose», a publié, sur le réseau X avant-hier, l’ambassade des Etats-Unis à Beyrouth, reprenant les consignes du Département d’Etat.
Les autorités américaines poursuivent : «L’environnement sécuritaire au Liban reste complexe et peut évoluer rapidement. L’ambassade des Etats-Unis rappelle également aux citoyens américains de consulter l’avis aux voyageurs actuel, et les exhorte fortement à reconsidérer leur voyage au Liban. » Mustapha Benfodil
16 255 civils palestiniens tombés en martyrs depuis janvier
La Fondation pour le soutien des familles des martyrs et des blessés dans la bande de Ghaza a fait savoir dimanche que 16 255 civils palestiniens sont tombés en martyrs et 31 297 autres ont été blessés au cours du premier semestre 2024, à la suite des bombardements et des raids de l’armée sioniste. «Sur ce nombre, figurent 6725 enfants et 6725 femmes», a précisé la même source dans un rapport repris par l’agence de presse Wafa, ajoutant «qu’environ 10 000 victimes sont toujours portées disparues sous les décombres».
En Cisjordanie occupée, la Fondation a révélé que «237 Palestiniens, dont 45 enfants et 27 étudiants (21 écoliers et 6 étudiants universitaires), sont tombés en martyrs sous les balles de l’armée sioniste, tandis que 890 autres ont été blessés au cours du premier semestre 2024».
En outre, la Fondation a indiqué que «13 prisonniers palestiniens sont tombés en martyrs au cours de la période couverte par le rapport, dont 6 détenus des gouvernorats du Nord (Cisjordanie), 4 des gouvernorats du Sud (Ghaza) et 3 des Territoires occupés de 1948». Le bilan de l’agression génocidaire sioniste contre la bande de Ghaza s’est alourdi à 39 324 martyrs et 90 830 blessés, depuis le 7 octobre 2023, ont indiqué dimanche les autorités palestiniennes de la Santé.