Ce mardi 23 avril marquait le 200e jour de la guerre qui ravage la bande de Ghaza. Plus de six mois d’une campagne d’extermination des plus atroces.
Selon le ministère de la Santé du gouvernement Hamas à Ghaza, le bilan des victimes des massacres sionistes perpétrés dans l’enclave palestinienne s’élève à 34 183 morts et 77 143 blessés depuis octobre. En Cisjordanie, 487 Palestiniens ont été tués au cours de la même période, dont 122 enfants, selon l’agence Wafa. A ces chiffres s’ajoutent des milliers de corps ensevelis sous les décombres et des contingents de Palestiniens portés disparus.
Hier, les équipes de secours ont poursuivi leurs opérations de recherche qu’elles mènent depuis dimanche pour identifier des corps enterrés dans la cour de l’hôpital Nasser à Khan Younès. C’est ainsi qu’elles ont exhumé les dépouilles de 35 martyrs d’une fosse commune découverte dans ce complexe médical, au sud de la bande de Ghaza, a indiqué hier l’agence d’information palestinienne Wafa. En tout, ce sont 318 corps qui ont été recensés dans ces charniers à l’hôpital Nasser en l’espace de trois jours.
D’après l’agence Wafa, 210 corps ont été extraits dimanche d’une fosse creusée dans la cour de l’hôpital Nasser, et le lendemain, lundi 22 avril, les dépouilles de 73 autres martyrs ont été dégagées de ces fosses communes, ce qui porte, comme nous l’avons indiqué, à 318 le nombre de victimes recensées dans ces charniers. Et ce chiffre risque d’être revu à la hausse. L’hôpital Nasser, pour rappel, avait été assiégé à plusieurs reprises et des opérations d’envergure ont été menées par l’armée israélienne dans et autour du complexe médical.
L’ONU exige une «enquête indépendante» sur ces charniers
L’agence Wafa précise, en citant des sources médiatiques, que «la majorité des corps retrouvés dans ce charnier appartenaient à des citoyens de différents catégories et de différents âges, qui ont été tués par les forces d’occupation lors de l’assaut donné contre le complexe médical, et qui les ont enterrés collectivement à l’intérieur».
La même source fait savoir que «le plus grand nombre de martyrs retrouvés dans ces charniers étaient des femmes et des enfants», ajoutant que «les forces d’occupation ont déplacé les cadavres au bulldozer avant de les enterrer» dans ces fosses communes. Wafa affirme en outre qu’il y a «des centaines de personnes portées disparues suite au massacre à Khan Younès», et qu’«environ 2000 citoyens sont également portés disparus dans différentes régions de la bande de Ghaza après le retrait des forces d’occupation».
Réagissant à cette découverte macabre, le haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, «s’est déclaré horrifié par la destruction des installations médicales à Nasser et Al Shifa ainsi que par les rapports faisant état de fosses communes découvertes à l’intérieur et autour de ces sites», a indiqué hier le service de presse des Nations unies (news.un.org). M. Türk «a demandé que des enquêtes indépendantes, efficaces et transparentes soient menées sur ces décès», ajoute la même source.
«Tous les sites de fosses communes doivent faire l’objet d’une enquête approfondie, d’une manière crédible et indépendante», a insisté Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut Commissariat aux droits de l’homme. «Aidés d’une pelleteuse, les éléments de la Défense civile de la bande de Ghaza poursuivent leurs recherches», note le site d’information des Nations unies. Il poursuit : «Depuis trois jours qu’ils creusent dans ces fosses communes de l’hôpital Nasser à Khan Younès, ils auraient exhumé près de 300 corps, selon les rapports des médias (…). Selon ces rapports, les corps ont été enterrés sous des piles de déchets et comprenaient des femmes et des personnes âgées.»
Ravina Shamdasani précise : «Certains d’entre eux avaient les mains liées, ce qui indique bien sûr de graves violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et ces faits doivent faire l’objet d’enquêtes plus approfondies.» Et de souligner : «Nous ressentons le besoin de tirer la sonnette d’alarme car il est clair que de nombreux corps ont été découverts.»
Le haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme estime que «compte tenu du climat d’impunité qui prévaut, des enquêteurs internationaux devraient être associés à cette démarche». Et de faire remarquer : «L’assassinat intentionnel de civils, de détenus et d’autres personnes hors de combat est un crime de guerre.» Volker Türk a en outre mis en garde contre une opération massive à Rafah, prévenant que cela pourrait conduire «à d’autres crimes atroces». «Les dirigeants du monde entier sont unis sur l’impératif de protéger la population civile prise au piège à Rafah», a déclaré dans un communiqué M. Türk.
«Toutes les dix minutes, un enfant est tué ou blessé»
Il a par ailleurs déploré les dernières attaques contre la ville de Rafah, dont les principales victimes étaient, une fois de plus, des femmes et des enfants. «Les dernières images d’un enfant prématuré arraché du ventre de sa mère mourante, ou celles des deux maisons adjacentes où 15 enfants et cinq femmes ont été tués, tout cela dépasse les limites de la guerre», a condamné Volker Türk.
«Toutes les dix minutes, un enfant est tué ou blessé (à Ghaza). Les enfants sont protégés par les lois de la guerre, et pourtant ce sont eux qui, de manière disproportionnée, paient le prix ultime de cette guerre», dénonce le haut responsable onusien. Le haut commissariat des Nations unies aux droits de l’homme révèle : «Le 19 avril, un immeuble d’habitation a été touché dans le quartier de Tal Al Sultan à Rafah, tuant neuf Palestiniens, dont six enfants et deux femmes.
Le 20 avril, une autre frappe sur deux maisons adjacentes dans le quartier d’At Tanour, dans l’est de Rafah, aurait tué 20 Palestiniens, dont 15 enfants et 5 femmes. Au 22 avril, selon les autorités de Ghaza, sur les 34 151 Palestiniens tués à Ghaza, 14 685 étaient des enfants et 9670 des femmes. En outre, 77 084 personnes ont été blessées et plus de 7000 autres se trouveraient sous les décombres.»
Au 200e jour de la guerre contre Ghaza, une nouvelle série de raids israéliens est venue endeuiller des dizaines de familles palestiniennes. Dans la ville de Ghaza, de violents bombardements couplés à des pilonnages d’artillerie et de chars ont ciblé les quartiers d’Al Zaytoun, Al Shuja’iya et Al Touffah, à l’est de la capitale de l’enclave, faisant au moins trois morts et une dizaine de blessés qui ont été évacués à l’hôpital Al Ahli Al Arabi, indique l’agence Wafa.
Au Nord, des frappes ont visé un stade abritant des réfugiés à Beit Lahia. Au centre de la bande de Ghaza, une série de raids s’est abattue sur le camp de Nusseirat, où les attaques ont fait un mort et plusieurs blessés, selon le Centre palestinien d’information. Des frappes similaires ont été menés également contre le camp d’Al Bureij, selon le CPI, sans donner de bilan.
Au sud du territoire assiégé, des zones d’habitations situées à l’est de la ville de Khan Younès ont été bombardées tandis que des véhicules militaires ont arrosé de tirs nourris des habitations à l’est de la ville de Rafah. A noter par ailleurs que 32 Palestiniens ont été tués et 59 autres blessés en 24 heures, entre lundi et hier, selon le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza,
Alors que Netanyahu maintient son plan d’une offensive spectaculaire sur Rafah, des responsables égyptiens cités par le Wall Street Journal ont révélé qu’Israël projette de déplacer les civils réfugiés massivement à Rafah vers la ville voisine de Khan Younès après y avoir aménagé des abris, des centres de distribution de nourriture et des centres de soins.
Selon ces mêmes responsables égyptiens, l’opération d’évacuation des civils palestiniens prendrait deux à trois semaines et serait menée en coordination avec les Etats-Unis, l’Egypte et d’autres pays arabes, tels que les Emirats arabes unis.