Invité samedi dernier de l’atelier Si Amer Boulifa exclusivement dédié à la littérature amazighe lancé il y a deux mois de cela par l’association culturelle Tanekra des Ouacifs, au sud de la wilaya de Tizi ouzou, l’enseignant, auteur, comédien et animateur de télévision Ahcène Mariche estime que «la littérature amazighe a désormais son lectorat».
Se fiant à son expérience personnelle, l’enfant de Tizi Rached affirme n’éprouver aucune difficulté à «écouler mes nombreuses publications», lui qui procède «en personne» à la promotion et à la vente de ses livres. Comment ? Pour avoir situé, explique-t-il devant un auditoire certes réduit certes à une vingtaine de personnes dont des femmes d’un certain âge mais très attentif, les deux «maillons faibles de la chaîne du livre dans le pays», à savoir «la distribution et les librairies».
«C’est moi-même qui vends mes livres en ne ratant presque aucune activité livresque ou autre manifestation culturelle où je suis invité», dit-il, excédé qu’il a été par «l’expérience amère» subie avec des distributeurs mais surtout des libraires qui, selon lui, «ne jouent pas le jeu». Et d’avouer avoir procédé à la «réédition à maintes reprises de mes publications dont certaines ont été rééditées à cinq reprises, voire plus», soutient-il, estimant que «le livre en tamazight se porte bien et a désormais son lectorat».
Cet auteur prolifique, qui a à son actif la bagatelle de 43 publications dont plus de la moitié en tamazight et le reste des traductions de ces ouvrages en d’autres langues, le français, l’anglais, l’arabe et bientôt espagnol, dit tirer son amour et sa passion pour la lecture et l’écriture de son milieu familial, dont son grand-père maternel avec qui il a des ressemblances extrêmes, était un sage et un poète connu dans la région. Mais pas que cela, ajoute-t-il, puisque il affirme avoir attrapé le virus de la chaîne kabyle de la Radio nationale sous influence surtout de sa mère. Une influence qui s’accentuera une fois à l’école puisque des enseignants aiguiseront en lui cet amour pour la lecture et l’écriture.
Patrimoine orale
«Mes professeurs de langues arabe, française et anglaise au collège lui ont même prédit mon futur statut d’écrivain», dit-il, ajoutant que son coup de foudre pour l’édition fut donné, en 2005, par la publication par l’intermédiaire d’un compatriote enseignant dans une université américaine d’un de ses premiers poèmes dans une grande anthologie américaine, north africain voices. S’ensuivront alors d’autres publications sous formes de poèmes aussi bien en tamazight, qu’en français et plus tard en anglais avec l’édition de l’un de ses livres en France.
L’enfant de Tala n Toulmouts, dans la région de Tizi Rached, se mettra aussi à traquer d’autres aspects de notre riche et varié patrimoine oral en décidant de partager tout ce qu’il a eu à collecter par milliers comme contes, devinettes et autres proverbes. Ne se contentant pas de ce qu’il a pu récupérer auprès des nombreux vieux et vieilles de sa région mais également des nombreuses autres personnes qu’il a pu rencontrer au gré de ses innombrables pérégrinations dans nombre de wilayas du pays, notamment Tizi Ouzou, Bouira, Béjaia, Boumerdes, Sétif, Bordj Bou Arréridj et Jijel où le kabyle est prépondérant, l’enseignant des sciences physiques puis d’informatique se mettra à créer à et à éditer ses propres contes, devinettes et autres proverbes et citations. Il mettra également à la disposition des enfants pas moins de sept jeux à la fois didactiques et de divertissement en langue amazighe.
Il éditera aussi deux CD comprenant des poèmes accompagnés de musique. L’invité de l’atelier de littérature amazighe des Ouacifs a brassé et brasse encore d’autres aventures artistiques puisqu’il a eu à collaborer avec des journaux aussi bien en français qu’en arabe et en kabyle, il a incarné des rôles dans quatre films en kabyle et anime une émission-télé dédiée à la poésie en kabyle après avoir été également animateur radio en France. M. K.