Comme un enfant qui aurait refusé de grandir, l’Algérien adore les bananes, seul produit consensuel qui le rapproche de ses gouvernants, général, chômeur, coiffeur, ministre ou président, tous les Algériens aimant ce fruit exotique contenant du potassium, phosphore, magnésium, fer, zinc, cuivre, iode et sélénium ainsi qu’une dizaine de vitamines essentielles. Pourquoi ?
Là n’est pas la question, peut-être que c’est dû à sa peau glissante qui peut faire tomber n’importe quel imprudent seigneur, mais plutôt la tension permanente autour de la Musa de son nom scientifique. La banane n’est abordable aujourd’hui qu’une seule fois par an, comme il y a un mois, pour rebondir le reste du temps à des prix inaccessibles, 600 DA chez les grossistes. Pourquoi ? Cotée à 1 dollar environ le kilo sur les marchés mondiaux, soit près de 200 DA, la banane est l’objet de féroces batailles entre puissants importateurs du fait de ses marges conséquentes, guerre sans merci qui se déroule sous l’œil des autorités qui préfèrent s’attaquer aux commerçants de détail, plutôt qu’à la source du problème. République bananière ?
Non, la Guinée, d’où est originaire la banane, n’est plus que 47e producteur mondial, et les Etats d’Amérique centrale, ex-premiers producteurs autrefois téléguidés par les USA qui n’hésitaient pas à intervenir militairement pour protéger leur United Fruit Company, ce qui a donné le terme de «républiques bananières», ont été déclassés par l’Inde, premier producteur mondial devant la Chine, deuxième. L’Algérie n’est donc pas une république bananière, puisqu’elle n’en produit pas, mais heureusement il y a une solution, Moussa, expert bananier, a remarqué que la banane est produite en Egypte, 16e producteur mondial, et au Maroc, 40e producteur mondial. Il n’y a qu’à faire comme eux, ou mieux, envahir le Maroc à côté et s’approprier ses bananiers. On pourrait même lui laisser les peaux pour qu’il continue à glisser sur ces pentes risquées qu’il a choisi d’emprunter.