Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a fermement condamné le bombardement du bâtiment municipal de Nabatiyeh, hier, qui a coûté la vie à six personnes, dont le maire, Ahmad Kahil. L’armée israélienne a «délibérément visé une réunion du conseil municipal à Nabatiyeh», dénonce-t-il. Les élus et autres responsables communaux fauchés par les frappes sionistes «étaient réunis pour discuter de la situation et des secours», a-t-il précisé. Et de déplorer l’immobilisme de la communauté internationale en s’interrogeant : «Qu’est-ce qui peut dissuader l’ennemi de ses crimes, lui qui est allé jusqu’à cibler des Casques bleus dans le Sud ?»
L’armée israélienne a intensifié hier ses frappes sur la banlieue sud de Beyrouth et sur les localités du Sud-Liban, en particulier la ville de Nabatiyeh, importante agglomération de 75 000 habitants. Une série de raids meurtriers se sont, en effet, abattus hier sur cette ville, ciblant le bâtiment municipal et d’autres infrastructures publiques.
Cette attaque a fait 6 morts, selon les autorités libanaises. «Le raid de l’ennemi israélien contre les bâtiments de la municipalité de Nabatiyeh et de son Union des municipalités a entraîné la mort de six personnes et en a blessé 43 autres», a annoncé le ministère libanais de la Santé dans un communiqué. Parmi les victimes figure le maire de Nabatiyeh, Ahmad Kahil, ainsi que d’autres élus. «L’aviation israélienne a mené une quinzaine de frappes sur Nabatiyeh, au Liban-Sud, et ses environs», rapportait hier L’Orient-Le Jour. «Ces frappes ont été menées avec des missiles de gros calibre», précise le journal libanais sur son site officiel.
«Des images obtenues par des personnes sur place montrent une dizaine de colonnes de fumée au-dessus de Nabatiyeh et derrière les collines environnantes. Ces bombardements ont notamment visé Zebdine, Nabatiyeh El Tahta, Nabatiyeh El Faouqa, Kfar Tebnit et Kfar Joz. Les détonations ont été entendues jusqu’à Saïda», détaille le même média.
Un autre massacre à Cana
La gouverneure de Nabatiyeh, Howaïda Al Turk, parle d’une «ceinture de feu» autour de cette ville, dont le marché principal avait été réduit en cendres samedi par l’aviation israélienne. Outre le siège de la mairie, un centre médical adjacent a été touché par les frappes d’hier. Selon l’ANI, une bibliothèque et un centre commercial ont également été visés. Deux médecins ont été tués dans cette attaque, selon un responsable des secours du Hezbollah, cité par l’AFP.
La Défense civile libanaise a déclaré elle aussi avoir perdu un de ses membres. Howaïda Al Turk qualifie l’opération de «massacre». Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a fermement condamné cette tuerie dans un communiqué. L’armée israélienne a «délibérément visé une réunion du conseil municipal», dénonce-t-il. Les élus et autres responsables communaux fauchés par les bombardements sionistes «étaient réunis pour discuter de la situation et des secours», a-t-il précisé. Et de déplorer l’immobilisme de la communauté internationale en s’interrogeant : «Qu’est-ce qui peut dissuader l’ennemi de ses crimes, lui qui est allé jusqu’à cibler des Casques bleus dans le Sud ?»
La coordinatrice spéciale de l’ONU au Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a condamné elle aussi cette opération. «Cette attaque fait suite à d’autres événements durant lesquels des civils et des infrastructures civiles ont été visés à travers le Liban (...). Les violations du droit humanitaire international sont absolument inacceptables», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
L’armée israélienne a mené des frappes contre d’autres localités au Sud-Liban hier. «Des frappes israéliennes ont ciblé Houla, une maison de Marwaniyé qui avait déjà été bombardée la veille, Toul, où la frappe a visé les abords de l’hôpital Ragheb Harb, Zefta, Mhaybib, Chéhabiyé, Mjadel, Mazraat Mechref, Tiri, Qlaylé, Maaroub. La ville de Bint Jbeil a, elle, été visée à dix reprises par l’aviation israélienne. Dans la Békaa, selon notre correspondante Sarah Abdallah, une frappe a visé Yammouné», détaille L’Orient-Le Jour. Outre les villes et les villages du Sud, Israël a de nouveau bombardé hier matin la banlieue sud de Beyrouth, notamment à Harat Hreik, fief du Hezbollah.
A retenir également cette attaque effroyable commise mardi dans le village-martyr de Cana. Dans la mémoire collective libanaise, Cana est le «symbole de raids meurtriers israéliens depuis trois décennies», note l’AFP. Selon les autorités sanitaires, cette frappe a fait 3 morts et 54 blessés. «Selon Mohammed Ibrahim, secouriste du mouvement Amal, allié du Hezbollah, 15 bâtiments ont été «entièrement détruits» dans le quartier où «les dégâts sont énormes»», rapporte l’AFP.
«L’aviation israélienne a visé «la place du village» et «les morts sont des déplacés» ayant trouvé refuge à Cana pour fuir les bombardements israéliens sur leur village du sud du Liban, frontalier d’Israël», ajoute ce secouriste. Selon Euronews, le bilan est beaucoup plus lourd. Il serait de 15 morts. «Au moins 15 personnes sont mortes dans la ville de Cana, dans le sud du Liban, dans une frappe israélienne. Les recherches se poursuivent. La ville a déjà connu par le passé un nombre élevé de victimes civiles à la suite d’attaques israéliennes», révèle Euronews.
La marine de guerre pilonne les côtes libanaises
Signalons aussi cette frappe sur la plaine de la Békaa, précisément à Yammouné, près de Baalbek, faisant deux morts et 15 blessés, selon la presse libanaise. Le ministère libanais de la Santé a fait état aussi d’un raid aérien qui a visé des positions sur l’autoroute reliant Riyak à Baalbeck. Cette attaque a fait deux morts et neuf blessés.
L’armée israélienne a par ailleurs mobilisé sa force navale pour pilonner les côtes libanaises. La marine de guerre sioniste a visé des «dizaines de cibles du Hezbollah au Liban-Sud, en coordination avec les troupes sur le terrain, une première depuis le lancement de l’opération baptisée «Flèches du Nord» le 23 septembre dernier», relève L’Orient-Le Jour. «Un avis d’évacuation des côtes et des eaux libanaises avait été publié il y a une semaine par l’armée israélienne, affirmant que toute présence humaine au sud du fleuve Awali, qui se jette au nord de la ville de Saïda, serait considérée comme «hostile»», ajoute le quotidien francophone.
De son côté, le Hezbollah a indiqué avoir lancé «un grand nombre de roquettes» sur Karmiel, à l’est de Acca, hier après-midi. «Quatre personnes, trois hommes et une femme d’environ 50 ans, ont été blessés par des tirs de roquettes sur Majd El Krum, localité du nord d’Israël, voisine de Karmiel, selon le Haaretz. Le Hezbollah avait annoncé avoir visé Karmiel à 14h15. L’explosion a également causé des dégâts matériels, touchant des commerces et des voitures», écrit L’Orient-Le Jour.
Le mouvement de résistance chiite a en outre ciblé «à l’aide d’un missile guidé, un char Merkava israélien dans la périphérie de Ramiyé», près de Bint Jbeil. L’équipage de ce char a été touché de plein fouet. Il y a eu des morts et des blessés parmi les soldats israéliens suite à cette opération, selon le «Hizb».
Dans la nuit de mardi à hier, la formation libanaise a tiré plusieurs projectiles en direction de Safed, au nord d’Israël. Des missiles ont été tirés aussi sur Haïfa. Des salves de roquettes ont également visé des positions de l’artillerie israélienne à Dalton et Dishon (nord-est). D’après l’armée israélienne, le Hezbollah a tiré plus de 50 missiles sur le nord d’Israël depuis le Liban.