Alors que des bombardements intensifs et incessants se poursuivaient, durant la nuit de vendredi à samedi, à Ghaza, faisant au moins 40 morts et plus de 200 blessés, portant le bilan, de près de neuf mois de guerre génocidaire, à 37 834 tués et 86 858 blessés, le porte- parole de l’Onu affirmait que 60 000 Palestiniens de l’est de la ville ont été déplacés en un jour.
Soumise à des bombardements aériens, terrestres et maritimes, la population de Ghaza continue à subir la guerre génocidaire menée depuis près de neuf mois par l’armée d’occupation israélienne.
Durant la nuit du vendredi à samedi, 40 Palestiniens d’Al Mawassi et de Chadji’iya, situés au sud de Ghaza, ont été tués et 224 autres blessés», affirme le ministère palestinien de la Santé, qui fait état, en outre, de «plusieurs victimes toujours ensevelies sous les décombres et jonchant les routes, les ambulances et les équipes de la Protection civile n’étant pas parvenues à les atteindre», lors de nombreux raids nocturnes qui se sont poursuivis hier, contre les camps de réfugiés, provoquant des scènes hallucinantes de femmes et d’enfants fuyant les bombardements en courant d’un endroit à un autre sans savoir où aller, et des corps ensanglantés jonchant le sol de nombreux quartiers.
Les images retransmises par certaines chaînes de télévision arabes, notamment Al Jazeera, ou diffusées par des internautes sur la toile donnent froid dans le dos.
A une semaine de l’entame du 9e mois depuis le début de cette guerre génocidaire, le bilan annoncé hier, par le ministère palestinien de la Santé fait état de 87 834 Palestiniens tués et 86 858 blessés, alors que des dizaines de milliers d’autres, ensevelis sous les décombres, sont toujours portés disparus. A ces statistiques tragiques s’ajoute le nombre de 10 000 Palestiniens qui attendent d’être évacués de Ghaza, pour soigner leurs graves blessures, cancers ou autres maladies chroniques.
C’est ce qu’a annoncé le responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus sur son compte X (anciennement Tweeter), en lançant un appel «pour faciliter l’évacuation médicale par toutes les voies possibles, y compris Rafah et Kerem Shalom, vers l’Egypte, la Cisjordanie, Jérusalem-Est, et de là vers d’autres pays en cas de besoin» en précisant : «Nous demandons des évacuations médicales durables et un processus sûr, rapide, transparent et organisé. Ces patients ont besoin de toute urgence de soins spécialisés qui leur sauveront la vie et qu’ils ne peuvent pas obtenir à Ghaza.»
«Ghaza est maintenant un enfer !»
Pour sa part, le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric, a révélé, lors d’une conférence de presse, que 60 000 Palestiniens à l’est de la ville de Ghaza ont été déplacés en un jour après l’ordre d’évacuation émis par l’armée d’occupation israélienne et son bombardement de la ville, en soulignant que cet ordre concernait 28 zones résidentielles situées à l’est de Ghaza.
Lui emboîtant le pas, le Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, avait déclaré, moins de 48 heures avant, qu’environ un million de Palestiniens avaient été déplacés de force à Ghaza depuis mai dernier, après l’intensification de l’offensive militaire israélienne à Rafah, avant de se déclarer «choqué par le mépris des parties en conflit à Ghaza pour les lois internationales sur les droits de l’homme et le droit international humanitaire».
Selon le responsable, «120 000 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été tués et blessés à la suite de l’intensification des opérations militaires israéliennes à Ghaza et environ un million ont été déplacés de force» depuis l’intensification des opérations militaires israéliennes.
Avec le même ton, la directrice de l’OMS pour la Méditerranée orientale, Hanan Balkhy, déclare cependant que sur «les 13 872 personnes qui ont demandé une évacuation médicale depuis le 7 octobre, seules 35% ont été évacuées, avec le soutien de l’OMS et de ses partenaires», ajoutant que parmi les patients qui attendent le feu vert de l’Etat hébreu, «6000 d’entre eux ont subi des traumatismes, mais aussi plus de 2000 souffrent de maladies chroniques et ont besoin d’un traitement à l’extérieur de Ghaza».
Pour sa part, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (l’Unrwa), affirme que plus de 625 000 enfants de Ghaza n’ont pas été scolarisés depuis plus de huit mois dont près de 300 000 étaient des élèves des écoles de l’agence, avant la guerre. Pour tous les experts onusiens, la situation humanitaire est catastrophique à Ghaza.
Publié par le site Onu Info, le témoignage de l’humanitaire Louise Wateridge, porte-parole de l’Unrwa, est à ce titre plus que glaçant. «Vous pouvez entendre les bombardements du nord, du centre et du sud... Ghaza est maintenant un véritable enfer sur terre, il fait très chaud...
Les ordures s’entassent partout, les gens vivent sous des bâches en plastique où les températures montent en flèche», raconte l’humanitaire quelques heures après son retour de Ghaza. «La traversée de Khan Younès était choquante, je n’y étais pas allée depuis l’invasion de Rafah le 6 mai et c’était une ville fantôme parce que tout était détruit.
Aujourd’hui, de très nombreuses familles vivent à l’intérieur de ces squelettes de bâtiments détruits. Des couvertures ou des bâches en plastique ont été posées là où les murs ont été détruits. Il est donc très visible de voir la différence que l’invasion de Rafah et l’action militaire en cours ont eue», témoigne Louise Warteridg.
Ses déclarations lèvent une partie du voile qui entour cette guerre génocidaire menée par Israël, avec le soutien et l’aide de nombreux pays occidentaux et les USA, à leur tête, et qui a engendré tant de morts et de destructions.
Washington discute la livraison d’armes à Israel
Pendant ce temps, le conseil de l’Union européenne (UE) annonce, vendredi en fin de journée, des sanctions contre six personnes physiques et trois entités, accusées «d’avoir financé le Hamas et le Jihad islamique palestinien (JIP), et facilité leurs actions violentes».
Selon le communiqué, diffusé sur le site de l’Union, il s’agit de «Jamil Yusuf Ahmad Aliyan, un responsable du JIP, Ahmed Sharif Abdellah Odeh, qui dirige les activités d’investissement à l’étranger du Hamas, et Zuheir Shamlakhn, facilitateur financier et changeur d’argent qui permet des transferts» ainsi que «trois sociétés écrans destinées à faciliter les flux financiers et placements du Hamas, contrôlées par un homme d'affaires basé au Soudan, déjà sanctionné par l'UE», précise le Conseil européen dans un communiqué.
Au total, 12 personnes et trois organisations ont été sanctionnées par l’UE depuis l’attaque du 7 octobre dernier, alors que de nombreux membres de l’organisation, dont l’Allemagne et la France, continuent d’aider militairement et politiquement Israël, dans sa guerre génocidaire.
Et pendant que Washington, principal allié de l’Etat hébreu, se prépare, selon des médias américains, à revoir la copie de l’accord qu’elle veut soumettre au Hamas pour négocier l’arrêt de la guerre et la libération des otages, l’agence britannique de presse Reuters jette un pavé dans la mare en publiant, hier, un article sur l’arsenal militaire transféré par les USA vers Israël durant ces derniers mois.
Citant deux responsables américains informés des expéditions d’armes, l’agence affirme que «l’administration Biden a envoyé à Israël une grande quantité de munitions, dont plus de 10 000 bombes hautement destructrices de 2000 livres et des milliers de missiles Hellfire, depuis le début de la guerre à Ghaza».
Pour le rédacteur, citant un responsable américain sans le nommer, ces livraisons font partie d’une liste plus importante d’armes envoyées à Israël depuis le début du conflit, alors qu’un haut responsable de l’administration Biden a déclaré, mercredi dernier, aux journalistes que «depuis le 7 octobre, Washington avait envoyé à Israël une aide à la sécurité d’une valeur de 6,5 milliards de dollars».
Pour Reuters, «les Etats-Unis discutaient avec Israël de la livraison de bombes de grande capacité, suspendue en mai en raison des inquiétudes suscitées par l’opération militaire à Rafah (…)». L’aide militaire à Israël, en dépit de sa guerre génocidaire à Ghaza, qui lui valut des poursuites par la CIJ (cour internationale de justice) la plus haute juridiction de l’Onu, mais aussi de la CPI (Cour pénale internationale) dont le procureur en chef a demande des mandats d’arrêt contre le premier ministre, Benyamin Netanyahu, et son ministre de la Défense, Yoav Gallant (qui risquent d’être lancés incessamment par les juges selon la presse américaine), met l’administration Biden dans une position de complicité de génocide, de crime de guerre et de crime contre l’humanité .
Parallèlement à cette aide militaire et pour se donner bonne conscience, Washington tente de réactiver les négociations avec la résistance palestinienne, en présentant une nouvelle copie de l’accord portant sur un cessez-le feu et la libération des otages.
L’information a été révélée hier par le site américain Axios, citant «trois sources proches du dossier», qui ont déclaré que «les efforts déployés (…) se concentrent sur l’article 8 de la proposition, qui concerne les négociations devant débuter entre Israël et le Hamas lors de la mise en œuvre de la première étape de l'accord afin de fixer les conditions exactes de la deuxième étape, qui comprend un «cessez-le feu durable» à Ghaza.
Selon le site, «le Hamas souhaite que ces négociations se concentrent uniquement sur le nombre et l’identité des prisonniers palestiniens qui seront libérés des prisons israéliennes en échange de chaque soldat israélien vivant ou otage masculin détenu à Ghaza», alors qu’Israël, de son côté, souhaite avoir la possibilité de «soulever la question de la démilitarisation de Ghaza et d’autres questions lors de ces négociations».
Or, dans les coulisses, ajoute Axios, «les sources ont déclaré que les responsables américains ont rédigé un nouveau texte pour l’article 8 afin de combler le fossé entre Israël et le Hamas et font pression sur le Qatar et l’Egypte pour qu’ils poussent le Hamas à accepter» la nouvelle version de l’accord. «Les Etats-Unis travaillent très dur pour trouver une formule qui permettra de parvenir à un accord», a déclaré à Axios une source proche des discussions.