Larbi Ben M’hidi. Ce nom est l’une des figures emblématiques de la résistance armée pour la décolonisation de l’Algérie. Ce nom a marqué la lutte pour la libération de l’Algérie dans l’honneur et pour la victoire. Ce nom fut l’un des cofondateurs du Front de libération nationale (FLN) et de l’Armée de libération nationale (ALN) en 1954.
Il n’avait que 31 ans quand il était un des chefs historiques de la Résistance algérienne et un des héros unificateurs de la Révolution. Sa vie a été jalonnée de hauts faits d’armes qui ont façonné le destin d’un grand résistant, dont la vie fut tragiquement écourtée à 34 ans. Une vie magnifiée par le dévouement à la patrie.
Né en 1923 dans le village d’El Kouahi à Aïn M’lila, il fait des études primaires à Batna, avant de fréquenter un lycée à Biskra. A 16 ans, il milite déjà en dirigeant une section de Scouts musulmans algériens. Ben M’hidi travaille ensuite comme comptable à Biskra, puis s’installe à Constantine où il se forge de profondes convictions patriotiques. Alors qu’il a à peine 20 ans, il devient un militant très engagé du Parti du peuple algérien (PPA).
Arrêté après les massacres du 8 Mai 1945, il reprend la résistance à sa sortie de prison en militant clandestinement au sein du PPA, puis au MTLD et devient un des dirigeants de l’Organisation spéciale (OS), créée pour mener le peuple algérien au combat contre l’occupation. Il est une nouvelle fois condamné à dix ans de prison après avoir été accusé par la France coloniale de «menées subversives». L’Algérie de l’année 1954 était un pays, occupé, humilié.
Mais c’est aussi, dès cette date, qu’elle devient une nation de résistants. Un groupe de jeunes militants ont fait la différence et réinventé la Résistance armée, qui n’avait encore ni nom ni existence. A l’instar d’autres jeunes chefs historiques, Larbi Ben M’hidi a donné un visage à la Résistance contre l’occupation.
Ces jeunes militants ont alors réinventé un moment de liberté et l’impératif d’un choix sans retour. En 1954, Larbi Ben M’hidi était l’un des neuf fondateurs du Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA), ancêtre du FLN qui a déclenché le 1er novembre 1954 qui fut à l’origine d’une épopée exemplaire dans l’histoire de l’Algérie. Les événements s’accélèrent quand en juillet 1954, 22 fondateurs du FLN décident, lors d’une réunion clandestine tenue à Alger de la date du 1er novembre 1954 comme moment historique du déclenchement de la lutte armée pour l’indépendance.
Ben M’hidi était présent à ce conclave décisif comme il a été aussi présent le 23 octobre 1954, à une autre réunion tout aussi décisive à Alger. Ce jour-là, Mohamed Boudiaf, Krim Belkacem, Rabah Bitat, Didouche Mourad et Mustapha Ben Boulaïd et Larbi Ben M’hidi, ont défini les actions à mener pour lancer la lutte armée contre le colonialisme. Le 10 octobre 1954, le CRUA devient le FLN doté d’un bras armé, l’ALN, qui a décidé de se battre partout dans chaque recoin de l’Algérie.
Le groupe des Six historiques sera élargi à neuf chefs pour renforcer l’organisation de la résistance armée. Après près de deux ans de résistance au maquis, Larbi Ben M’hidi prend la direction de l’ALN dans l'Oranie (Wilaya V) et devient membre du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA).
A côté d’Abane Ramdane, il fut l’un des architectes-clés du Congrès de la Soummam du FLN dont il a présidé les travaux qui ont rassemblé, dans la clandestinité en août 1956 au village Ifri (Béjaïa), les principaux chefs de la Résistance. Nommé à la tête de la Zone autonome d’Alger, il a orchestré la résistance lors de la Bataille d’Alger, et a été l’un des initiateurs de la grève des huit jours en janvier 1957.
Il est arrêté le 23 février 1957 par les parachutistes de l’armée coloniale. Une célèbre vidéo, filmée lors de son arrestation, montre Ben M’hidi impressionnant de calme, de sérénité, de courage et de conviction. Transféré dans une villa à El Biar, il a été torturé par des tortionnaires pendant plusieurs jours.
Dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, Larbi Ben M’hidi est assassiné dans une ferme dans la Mitidja par l’Armée coloniale, pour n’avoir jamais renoncé à ses idées. Soixante-sept ans après, la France officielle n’a pas encore reconnu sa responsabilité dans cette cruelle exécution sommaire et extrajudiciaire. Larbi Ben M’hidi a eu un destin exceptionnel au même titre que ses camarades de combat qui ont refusé, au prix de leur vie, de céder à la loi de la jungle imposée par le système colonial. Gloire à nos martyrs.