Les initiatives lancées en direction des jeunes sont toujours aussi méritoires et opportunes, notamment lorsqu’elles sont liées à la connaissance de l’histoire et à la préservation de la mémoire.
Si le système éducatif joue un rôle essentiel et de base dans la formation de la conscience citoyenne, d’autres secteurs ont également pour vocation de renforcer auprès des jeunes générations les repères et les valeurs patriotiques. Le ministère des Moudjahidine et des Ayants droit a ainsi lancé jeudi dernier le «Forum des jeunes au service de la mémoire», qui vise à «rassembler les créateurs de contenu autour de la thématique de la mémoire nationale».
Dans son allocution prononcée à l’occasion d’un regroupement de jeunes engagés dans l’activité digitale et la conception de contenu dans les nouveaux médias, le ministre a indiqué que ce forum a été créé pour «promouvoir l’éducation numérique et diffuser les connaissances historiques à travers un discours national pondéré et rassembleur».
Esquissé dans ses grandes lignes, le projet est ambitieux et ne manquera pas d’avoir un impact notable parmi des jeunes, qui ont déjà eu le temps de se familiariser avec les outils technologiques, de maîtriser les logiciels les plus en pointe dans le monde exponentiel de l’innovation dans la communication et l’information. Donner du contenu à ce bouillonnement numérique trouve tout son sens et sa pertinence dans l’univers virtuel, où tout invite à la dispersion et à une paradoxale déconnexion des réalités. La réappropriation de l’histoire et la consolidation de la mémoire sont une œuvre qui doit être sans cesse relancée et maintenue. Le champ d’action est très vaste et demeure en partie inexploré.
Dans les médias traditionnels, d’innombrables initiatives ont été menées pour mettre au jour les épopées passées, les actes d’héroïsme accomplis pendant la longue lutte pour le recouvrement de l’indépendance nationale.
Ce travail apparaissant désormais artisanal se retrouve aujourd’hui fortement concurrencé, sinon relativisé par l’explosion des nouveaux moyens de communication dont l’«influence», selon le mot usité, est autrement plus perceptible auprès de larges pans de la société et de l’opinion. Ce même effort d’exploration de l’histoire peut être renouvelé avec des moyens conférant plus d’audience afin de raconter les événements et reconstituer le parcours d’hommes et de femmes ordinaires devenus héros et symboles de la victoire sur le colonialisme.
Au cours de la Conférence nationale, l’accent a été mis sur la nécessité d’un encadrement et de la formation des jeunes engagés dans cette démarche, témoignant donc la motivation et l’investissement personnel requis. Le premier élément de formation est sans doute de lever le principal travers qui a grevé le travail accompli par le passé dans ce registre. Il s’agit de réhabiliter un principe déjà fort connu dans les métiers de l’information et de la communication, consistant à s’effacer du théâtre que l’on décrit et des séquences que l’on veut transmettre.
De très nombreux témoignages de premier plan, parfois des acteurs d’événements historiques ont été altérés par les interruptions incessantes des interviewers qui se prennent à choisir les mots et à finir les phrases des interlocuteurs dont la présence est pourtant inespérée et non éligible à une réédition.
L’exigence d’encadrement évoquée lors du lancement de cette initiative jeudi est sans doute relative au rôle et à la contribution des professionnels des médias et aussi des spécialistes en histoire. La jonction de leur expérience et de leur savoir avec l’énergie des jeunes créateurs de contenu est à même de restituer et de faire vivre le récit national dans sa richesse et son authenticité.