Lancement des soldes estivales dans la wilaya de Constantine : Derrière l’apparence des réductions, des pratiques douteuses

01/09/2024 mis à jour: 18:58
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La réalité semble bien plus décevante - Photo : El Watan

Bien que les enseignes proposent des réductions qui paraissent attrayantes, de nombreux clients, en particulier des femmes, expriment une frustration croissante à l’égard des offres en question.

Depuis quelques jours, une multitude de commerçants, en particulier ceux spécialisés dans les articles vestimentaires, se sont engagés dans la campagne des soldes de la saison estivale à Constantine. La population locale commence déjà à s’organiser en vue de la prochaine rentrée scolaire et sociale.

Chacun adopte sa propre stratégie pour dénicher les meilleures offres. Certains se dirigent vers le centre-ville de Constantine, tandis que d’autres préfèrent les centres commerciaux d’Ali Mendjeli. Toutefois, contrairement aux années précédentes, l’affluence dans les magasins de prêt-à-porter arborant les panneaux et écriteaux de soldes semble avoir notablement diminué.

Traditionnellement, les soldes d’été sont perçues comme une occasion propice pour faire de bonnes affaires et renouveler sa garde-robe. Cependant, cette année, les consommateurs éprouvent un sentiment mitigé face aux promotions affichées.

Bien que les enseignes proposent des réductions qui paraissent attrayantes, de nombreux clients, en particulier des femmes, expriment une frustration croissante à l’égard des offres en question. 
Les attentes sont naturellement élevées en période de soldes, les consommateurs espérant trouver des articles de qualité à des prix imbattables. Or, la réalité semble bien plus décevante.

De nombreux témoignages rapportent des réductions dérisoires, voire inexistantes sur certains produits. Les étiquettes affichent souvent des prix initiaux gonflés, ne laissant que peu de place pour de véritables bonnes affaires. Certains clients dénoncent même des réductions de 50% qui, en réalité, ne dépassent pas 20%.

«C’est de l’escroquerie ! Les soldes n’ont plus l’importance qu’elles avaient autrefois, surtout avec la baisse du pouvoir d’achat», confie une femme rencontrée dans un magasin situé au boulevard Mohamed Belouizdad, connu sous le nom de Saint-Jean. De surcroît, la qualité des articles proposés en solde suscite souvent des doutes.

Les consommateurs se plaignent de finitions bâclées, de matières peu durables, et d’une longévité limitée des produits. Ce constat est d’autant plus décevant que les consommateurs sont de plus en plus sensibilisés aux enjeux de la consommation responsable et souhaitent privilégier des produits durables.

La baisse du pouvoir d’achat, ressentie par de nombreux ménages, accentue également la frustration liée aux soldes. Confrontés à une inflation persistante, les consommateurs espéraient pouvoir renouveler leur garde-robe sans compromettre leur budget. Or, les soldes actuelles semblent loin de répondre à ces attentes. «On propose des articles de mauvaise qualité à des prix prétendument attractifs.

Quant aux articles de qualité, même soldés, comme un gilet ou un blazer, ils coûtent parfois jusqu’à 5000 DA. Une tenue complète me coûterait une fortune», déplore une autre cliente. Cette situation n’a cependant pas dissuadé certains de faire tous leurs achats dès le premier jour, tandis que d’autres continuent à explorer les meilleures options.

Des soldes sauvages 

Il est essentiel de rappeler que les soldes sont encadrées par une réglementation rigoureuse, visant à garantir l’équité des pratiques commerciales et à protéger les intérêts des acheteurs. La campagne dans la wilaya de Constantine, débutée le 26 juillet dernier, se prolongera jusqu’au 13 septembre.

Cette mesure s’inscrit dans le cadre du décret exécutif 06-215, qui définit les conditions et modalités des ventes en soldes, des ventes promotionnelles, des ventes en liquidation de stocks, des ventes en magasins d’usines et des ventes au déballage.

Cette initiative vise également à permettre aux commerçants d’écouler leurs stocks. Cependant, de nombreux vendeurs sont tentés de contourner ces règles en organisant des soldes non déclarées ou non autorisées. Une simple promenade au centre-ville de Constantine ou dans la nouvelle ville d’Ali Mendjeli révèle que certains magasins proposent des articles à des prix très attractifs dans le cadre de promotions, souvent estimées entre 20 et 50%, mais rarement annoncées en vitrine.

Dans plusieurs cas, ces promotions ne sont même pas affichées, et c’est seulement sur place que le consommateur est informé par le vendeur qu’il s’agit d’une promotion ou d’une liquidation de stock. Par exemple, un vendeur situé au centre-ville du chef-lieu de wilaya propose des articles à des prix allant de 1000 à 1500 DA, expliquant sur place qu’il s’agit d’une promotion, sans pour autant l’afficher explicitement.

Dans un autre magasin, également situé au centre-ville, un vendeur évoque une liquidation de stock en proposant des chemisiers à 500 DA, affirmant qu’un tel prix est introuvable ailleurs et incitant les clientes à comparer avec les prix pratiqués à Saint-Jean. Effectivement, à quelques mètres de là, le même chemisier est proposé à 1500 DA, mais le vendeur promet de le laisser à 1300 DA pour une cliente fidèle.

Malheureusement, ces soldes sauvages constituent en réalité une pratique illégale qui porte atteinte à l’ensemble du secteur commercial. En réponse aux questions d’El Watan sur ce phénomène, Sid Ali Merdas, directeur du commerce de la wilaya de Constantine, précise que l’intervention de ses services dans le cadre des soldes sauvages se fait généralement suite à une alerte ou à une dénonciation de la part des consommateurs, qui se retrouvent souvent victimes d’arnaques.

Le nombre d’autorisations de soldes délivrées dans la wilaya n’est que de 29, correspondant à la demande de 29 commerçants. Cependant, les soldes sauvages dépassent largement ce chiffre insignifiant. Au chef-lieu de la wilaya, la direction du commerce n’a accordé que 5 autorisations, tandis que 24 autres ont été délivrées au niveau d’Ali Mendjeli et de la commune d’El Khroub.

«Lors de nos inspections, nous demandons toujours au commerçant de présenter la facture d’achat, l’ancien prix de vente, ainsi que le pourcentage de la réduction. Si ce dernier est annoncé à 20%, nos agents effectuent le calcul sur place pour vérifier si le pourcentage affiché est bien respecté», souligne le même responsable.

Les opérations de contrôle ont principalement ciblé les commerces et centres commerciaux. Un premier bilan a révélé que les agents de la direction du commerce ont effectué 18 interventions, se soldant par l’établissement de 6 procès-verbaux (PV).

Trois concernaient des publicités mensongères, un portait sur l’exercice d’une activité sans respect du registre du commerce, et deux autres sur le non-affichage des prix, entraînant deux propositions de fermeture. Un autre bilan fait état de 56 interventions des services du commerce, avec l’établissement d’un procès-verbal pour publicité trompeuse au centre-ville de Constantine.                                     

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