Six mois. C’est le délai donné par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, au gouvernement pour concrétiser la numérisation de trois départements névralgiques : Domaines, Impôts et Douanes.
Si le chef de l’Etat s’est montré ferme sur les délais, c’est parce qu’il a dû constater que les choses traînent en longueur dans un domaine qui évolue vite sous d’autres cieux. Le cas du secteur des Douanes, dont le projet de numérisation a accusé beaucoup de retard, est édifiant.
La réalisation d’un nouveau système d’information pour «réduire les délais de dédouanement et renforcer la lutte contre les fraudes» a été lancée en 2019 en partenariat avec les Sud-Coréens pour un coût global de 24 millions de dollars. Cet ambitieux chantier, censé propulser les Douanes dans l’ère de l’efficacité numérique, devait prendre fin une année après. Le directeur général des Douanes de l’époque, Farouk Bahamid, lui-même, avait annoncé, en avril 2019, que «ce nouveau système devra être mis en application à compter du premier trimestre 2020».
Une année après, ce projet n’a pas connu une avancée notable. Le dimanche 14 juin 2020, le nouveau directeur général des Douanes, Noureddine Khaldi, avait renvoyé l’entrée en service de ce nouveau système informatique à 2022, liant le retard à la pandémie de Covid-19. En janvier 2021, la Direction des Douanes a rassuré sur la concrétisation de ce projet dans les délais, évoquant «une évolution appréciable», en dépit des contraintes imposées par la conjoncture sanitaire mondiale.
Mais finalement, ce n’est qu’en janvier 2023 que les premiers essais relatifs à ce nouveau système d’information ont été lancés sous l’égide du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane. Et aucune date n’a été donnée quant à la fin de ces essais et à l’entrée en service de ce système.
Ainsi donc, près de cinq ans après son lancement, ce projet d’un nouveau système d’information, auquel aspirent les hautes autorités du pays pour amorcer une véritable numérisation de l’économie nationale, n’est toujours pas opérationnel. Composé de 15 modules, il devait remplacer le Système d’information de gestion automatisée des Douanes (Sigad), datant de 1995. Ce système d’information est de nature à consacrer plus de transparence et à constituer un bouclier anticorruption. D’où son importance majeure.
C’est, entre autres, pour cette raison que le président de la République met la pression sur le gouvernement pour que ces instruments de gestion de données essentielles à l’économie nationale voient le jour. Les services des Douanes seront-ils au rendez-vous dans six mois ?