L’Algérie et l’UE s’apprêtent à entrer dans une phase de «consultations techniques» pour réviser l’accord d’association, signé entre les deux parties en 2002. Les négociations, qui débuteront en janvier prochain, visent à établir un cadre plus équitable et adapté aux réalités économiques actuelles.
L’Algérie souhaite que cet accord dépasse la simple logique commerciale pour intégrer une approche qui favoriserait des flux plus significatifs d’investissements européens, des transferts de technologie et une équité des tarifs douaniers sur les échanges commerciaux.
Actuellement, les flux d’investissements européens sont modestes, pendant que le démantèlement douanier n’est pas adapté à la balance commerciale hors hydrocarbures très défavorable à l’Algérie. Depuis janvier dernier, les échanges commerciaux entre l’UE et l’Algérie ont atteint plus de 50 milliards d’euros.
Les seuls indicateurs rendus publics remontent à la période comprise entre 2005 et 2015, montrant que l’accord d’association a généré un manque à gagner de plus de 700 milliards de dinars de recettes douanières algériennes.
Dans sa récente sortie médiatique, le nouvel ambassadeur de l’UE à Alger, Diego Mellado Pascua, a souligné que l’accord de libre-échange entre l’UE et l’Algérie revêt «une dimension géopolitique». L’aspect géopolitique laisse apparaître une rivalité croissante entre la Chine et l’UE pour établir des relations privilégiées avec l’Algérie.
Cette dynamique crée une compétition autour de la coopération avec Alger. La Chine a renforcé sa présence en Algérie à travers d’importants projets d’infrastructures. Malgré des barrières douanières allant jusqu’à 30%, la Chine est devenue un important fournisseur de l’Algérie.
Les projets d’investissements chinois se sont fortement intensifiés, notamment dans le secteur ferroviaire, l’industrie automobile, la pétrochimique et le gaz. Le partenariat industriel entre les deux pays promet un transfert de technologies modernes, notamment dans les secteurs de l’électroménager, l’électronique et dans le domaine numérique, incluant la formation et le transfert d’expertise.
De son côté, l’UE cherche à renforcer ses liens avec l’Algérie, qui revêt une importance géopolitique cruciale, notamment en tant que fournisseur majeur de gaz. L’accord d’association entre les deux parties met un accent particulier sur le secteur énergétique.
L’instabilité régionale due à la guerre en Ukraine a incité l’UE à renforcer urgemment ses liens avec Alger pour garantir la sécurité énergétique, notamment en gaz. Depuis 2023, l’Algérie a exporté environ 30 milliards de mètres cubes de gaz, représentant près de 19% des importations totales de l’UE par gazoduc.
Le partenariat stratégique inclut aussi la promotion des énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et le développement de l’hydrogène vert. Suite à l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE, des projets ont été concrétisés dans le domaine de l’énergie : un programme de 10 millions d’euros a été lancé pour établir un cadre réglementaire pour la production d’énergie renouvelable et promouvoir l’efficacité énergétique.
Un autre programme de coopération de 15 millions d’euros a été lancé visant à promouvoir les énergies renouvelables, améliorer l’interconnexion électrique et développer l’hydrogène vert. Le projet d’énergie propre Taka Nadifa a servi de base pour les initiatives actuelles.
Des grands accords ont été signés pour mener des études portant sur des projets liés à l’hydrogène vert, notamment le corridor SoutH2.