L'année 2024 s’annonce potentiellement tumultueuse, avec notamment une cruciale élection présidentielle aux Etats-Unis, attendue en novembre, et ses diverses implications géopolitiques, surtout sur les rivalités et les tensions sino-américaines.
Même si le niveau du commerce et des investissements bilatéraux reste élevé, soit à hauteur de 2 milliards de dollars par jour, Washington et Pékin se livrent à une concurrence sans merci, tant sur le plan économique, technologique que géopolitique. Les contentieux s'accumulent, allant des tensions autour de Taïwan, au commerce, en passant par la lutte d'influence dans la région Asie-Pacifique.
Dans un tel contexte géopolitique tumultueux, quelle stratégie peut adopter l’Algérie à l’instar des autres pays africains ? Ces derniers comptent sur trois piliers : l’appartenance naturelle et géostratégique au Sud global, l’énergie et les projets d’infrastructures structurantes. Plusieurs grands défis ont été lancés, à l’image du mégaprojet du gazoduc transsaharien, qui devra relier le Nigeria et l'Algérie, en passant par le Niger.
Le fait que l'Europe a plus que jamais besoin de gaz constitue une opportunité pour le Nigeria, le Niger et surtout pour l'Algérie, qui est un géant énergétique reconnu comme un fournisseur fiable de l’Europe. L’autre pharaonique projet consiste en l’immense route transsaharienne qui va traverser l’Algérie, la Tunisie, le Mali, le Niger, le Tchad, pour rejoindre le Nigeria, la plus grande économie du continent.
L’Algérie a consacré 2,6 milliards de dollars à ce gigantesque projet d’environ 10 000 km, qui reliera les ports méditerranéens au Sahel et à l’Afrique subsaharienne. Lancée dans les années 1960, cette transsaharienne, qui est entrée dans son ultime phase de réalisation, tombe à point nommé avec l’avènement de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Sur le plan géostratégique, tout en étant un pays non aligné, l’Algérie fait naturellement partie des pays du Sud global qui veulent parler d'une seule et même voix pour peser sur l’échiquier mondial. Même si elle est située dans l’hémisphère Nord, la Chine aime à se placer dans l’orbite des pays en développement, revendiquant sa place clé au sein du Sud global dont elle compte jouer un rôle de chef de file.
C’est aussi ce que tentent de faire les BRICS, qui s'emploient à rééquilibrer les relations internationales et construire de nouveaux consensus. Les BRICS sont une progression graduelle de ce que le Sud global constitue depuis la conférence tenue en 1955, en Indonésie, en passant, par exemple, par le groupe G77. L’Algérie avait abrité, en 1967, la première rencontre où fut adoptée la fameuse «Charte d'Alger» de ce groupe des 77.
L’Empire du Milieu entretient des liens particulièrement forts avec le G77, qui comprend 135 pays qui veulent peser davantage dans la redéfinition des règles internationales dans le domaine de la sécurité, ou encore de l'économie.
Un nouveau chapitre de la coopération Sud-Sud s’est ouvert avec un sommet (G77+Chine) qui a eu lieu récemment à Cuba, pays avec lequel l’Algérie a d’excellentes relations depuis 1963. Les pays du Sud global veulent avoir leur mot à dire sur les réformes des Nations unies et de leurs agences, et la reconstruction d'un ordre international.
La coopération Sud-Sud qui veut jouer un rôle croissant dans le maintien de la dynamique de l'émergence collective des pays en développement a toujours été au centre des intérêts de la Chine, qui a conçu et élaboré divers leviers géopolitiques, à l’image de l'initiative «la Ceinture et la Route».