L’Algérie et la géopolitique du gaz

13/10/2024 mis à jour: 07:05
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L’Algérie, qui s’apprête à accueillir la 12e édition du Napec 2024 (Africa & Mediterranean Energy & Hydrogen Exhibition and Conference), prône «un équilibre entre les hydrocarbures et les énergies propres pour un mix énergétique efficace». Cet équilibre permet en tout cas au gaz naturel d’avoir encore un long avenir, d’autant plus que ceci intervient dans un contexte marqué par l’incapacité de l’Europe de se passer à moyen terme du gaz, qui connaît le taux de croissance mondial le plus élevé. L’Algérie tient absolument à la concrétisation dans les plus brefs délais du projet hautement géostratégique du gazoduc transsaharien.

La récente visite effectuée par le ministre nigérien du Pétrole en Algérie, Sahabi Oumarou, a été une occasion pour les deux pays de réitérer, entre autres, leur engagement commun afin d’unir leurs efforts pour la concrétisation de ce projet pharaonique. Ce mégaprojet reliant le Nigeria, le Niger et l’Algérie est stratégique pour ces trois pays tant sur le plan économique que géopolitique.

Des études techniques ont été lancées et une réunion ministérielle tripartite est prévue prochainement pour établir un calendrier et évaluer l’état d’avancement du projet, qui prévoit la construction de 1800 km de pipeline sur un total de 4128 km. Les travaux incluent la pose de 100 km de pipelines au Nigeria, 1000 km de gazoduc au Niger, qui seront connectés aux installations existantes de Hassi R’Mel, en Algérie, pour enfin livrer le gaz à l’Europe. Selon le président Tebboune qui s’est exprimé lors d’une récente entrevue avec des journalistes, «le travail se poursuit et il ne reste plus que 700 à 800 km à parachever» sur les 4000 km du projet.

L’idée a été initiée il y a 22 ans, mais s’est heurtée à des difficultés réglementaires au Nigeria, qui n’était pas doté d’une législation gazière en phase adaptée. Un obstacle qui a fini par être levé il y a trois ans. Le gazoduc transsaharien a pour principal objectif de transporter à partir de 2027 du gaz nigérian vers l’Europe via le Niger et l’Algérie. Le gazoduc transsaharien disposera d’une capacité de transport de 30 milliards de mètres cubes par an.

A titre de comparaison, l’Algérie, qui est le plus grand exportateur de gaz en Afrique, a exporté 52 milliards de mètres cubes de gaz naturel vers l’Europe en 2022, à travers les gazoducs et sous forme de GNL, selon un rapport du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF). Selon le même rapport, les importations totales de gaz par gazoduc de l’UE ont atteint 203 milliards de mètres cubes en 2022. Le projet du gazoduc transsaharien, estimé à près de 13 milliards de dollars, vise à renforcer l’intégration régionale et à fournir du gaz aux marchés locaux et européens.

Les trois pays tireraient plusieurs bienfaits de ce projet : le Nigeria pourra exporter son gaz vers l’Europe, augmentant ainsi ses revenus d’exportation et diversifiant ses débouchés commerciaux. Ce projet permettra à l’Algérie d’acheminer du gaz nigérian vers l’Europe, renforçant ainsi sa position en tant que fournisseur clé de gaz naturel sur le marché européen.

L’Algérie a investi massivement dans la construction de ce gazoduc au même titre que de grands autres projets continentaux, en tant que porte de l’Afrique, pour stimuler les flux d’investissements internationaux, à l’image de la route transsaharienne et la route reliant l’Algérie et la Mauritanie. L’Algérie jouit d’une position géostratégique. Ce projet vise à diversifier les sources d’approvisionnement en gaz naturel, réduisant ainsi la dépendance à l’égard du gaz russe, particulièrement dans le contexte actuel de tensions géopolitiques.     
 

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