L'Algérie en Coupe d’Afrique des nations / 14e édition CAN-1984 en Côte d’Ivoire : Abdelhamid Sadmi «Un souvenir inoubliable»

08/01/2024 mis à jour: 20:06
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Abdelhamid Sadmi garde un souvenir inoubliable de la CAN 1984 en Côte d’Ivoire. Il avait tout juste 21 ans lorsque le sélectionneur Mahieddine Khalef l’a retenu dans la liste des joueurs pour disputer la CAN 1984 en Côte d’Ivoire. 

Il se souvient comme si c’était hier. «Je n’oublierai jamais cette étape de ma carrière. Titulaire à la JS Kabylie, je nourrissais l’ambition de faire partie de la sélection nationale qui allait participer à la CAN 1984. Mahieddine Khalef, qui était le sélectionneur à l’époque, a fait appel à plusieurs jeunes joueurs, à l’instar de Djefdjef, Laroum, Chaib, Bouiche (MCA) et bien sûr moi. Entamer la carrière internationale par un match de Coupe d’Afrique (contre le Nigeria) et à 21 ans, c’était un rêve.

 La sélection a fait forte impression et s’est inclinée, en demi-finale, au terme de la série de penaltys contre le Cameroun. On a été éliminés sans avoir concédé de but. Les observateurs et spécialistes ont, à l’unanimité, souligné la qualité du jeu de notre équipe. C’était un tournoi presque abouti. Nous avons arraché la 3e place suite à la victoire 3-1 contre l’Egypte». Des regrets ? Le latéral de la JSK ne le cache pas. «Bien sûr. La victoire finale était dans nos cordes. 

Malheureusement, en face il y avait le Cameroun qui a été plus chanceux aux tirs au but. Je me rappelle qu’avant le premier match du tournoi face au Malawi (victoire 3-0), les responsables de la fédération présents à Bouaké nous ont réunis et ont dit : «Nous sommes ici pour bien représenter l’Algérie et donner la meilleure image du football algérien (dixit, le président Omar Kezzal). Mahieddine Khalef a ajouté : «Nous sommes ici pour gagner la CAN.» Des propos qui nous ont galvanisés. Étaient aussi présents lors de cette réunion Smail Khabatou, Fodhil Tikanouine, Abderrahmane Soukhane, le Docteur Radaoui. Contre le Malawi, premier match on a balayé l’adversaire 3 buts à 0, grâce à des réalisations signées, Bouiche, Belloumi et Fergani dans le dernier quart d’heure de la première mi-temps ». Le match suivant, 3 jours plus tard, contre le Ghana était le plus abouti du tournoi. 

L’adversaire a aligné toute son armada de grands joueurs. Sur la pelouse de Bouaké, les Verts ont pris l’ascendant sans trouver l’ouverture. En seconde période, la domination algérienne était totale. Abdelhamid Sadmi se souvient de ce match. «Du banc des remplaçants, on était convaincu que l’Algérie finirait par s’imposer. 

Chose faite en fin de partie lorsque Djamel Menad sur corner de Lakhdar Belloumi, ouvre le score (75’) et Tedj Bensaoula, sur passe de Belloumi, envoie les Verts en demi-finale. La première mission était accomplie». Qualifié en demi-finales, avant la 3e et dernière journée du groupe B, formé de l’Algérie, du Malawi, le Ghana et le Nigeria, le sélectionneur Mahieddine Khalef fait rentrer dans l’équipe le jeune Sadmi (21 ans). Il évoque «ce merveilleux souvenir. Jouer un match officiel avec l’Equipe nationale à 21 ans, ce n’est pas rien. Les anciens qui nous encadraient ont tout fait pour qu’on se sente à l’aise. 

souvenir ! Le match s’est soldé par un nul 0-0 et les deux formations se sont qualifiées pour le dernier carré». Ce que le latéral des Canaris ne dit pas, c’est le tollé général qui a suivi cette rencontre. L’Equipe nationale a été lynchée par des parties influentes à la CAF. Tessema, le président de l’instance faitière, a joint sa voix à celles de ceux qui ont accusé les Verts d’avoir levé le pied. Mahieddine Khalef lui a bien répondu : «Nous on gère un tournoi pas un match. C’est notre droit de faire tourner les joueurs. Nous avons toujours respecté l’éthique et l’intégrité de la compétition». 

Il aurait pu ajouter aux détracteurs de l’équipe d’Algérie : «On ne vous a pas entendu en 1982 lorsque l’Allemagne et l’Autriche ont combiné le résultat d’un match pour écarter l’Algérie du passage au second tour de la Coupe du monde». En demi-finale face au Cameroun, le coach a titularisé Abdelhamid Sadmi qui a bien tenu son rang face à des joueurs qui avaient pour noms Joseph Antoine Bell, Doumbé, Léa, Abéga, Mbida et le grand Roger Milla. Après 120 minutes sans but, il fallait passer par la série de tirs au but. 

La chance a souri au Cameroun qui a transformé 5 tirs et l’Algérie 4. Le jeune joueur algérien garde un  souvenir de cette rencontre : «Un joueur camerounais a commis une faute sur Mohamed Kaci Said du côté où j’évoluais. J’ai pris le ballon pour jouer le coup de franc lorsque l’arbitre Picon (Ile Maurice) m’a dit de laisser le ballon au Camerounais. La faute est algérienne. Je tenais le ballon lorsque Roger Milla m’a crié, «la balle est pour moi. Donne-moi le ballon petit. Je suis retourné me placer sans lâcher le ballon à la grande colère du Camerounais. Il  s’est approché de Guendouz et Kourichi et s’est plaint de mon attitude. 

Quelques années plus tard, en 2002, lors de la 3e finale de la JSK en Coupe de la CAF, je l’ai croisé avant le match, à l’époque je faisais partie du staff-dirigeant avec le regretté Moh Chérif Hanachi. Il était venu à Alger pour soutenir le Canon de Yaoundé. 

Lorsqu’on s’est retrouvés face-à-face, je lui ai lancé : «Roger, tu ne te souviens pas de moi ? Il m’a toisé quelques secondes et a lâché «Ce n’est pas toi le petit qui n’a pas voulu me lâcher le ballon à Bouaké ? Tu as perdu quelques cheveux mais je t’ai reconnu (rires). 

C’est aussi cela le charme des grandes compétitions sur le continent africain. De toute manière, la CAN 1984 en Côte d’Ivoire restera un des plus beaux souvenirs de ma carrière de footballeur».  

 

Par Yazid Ouahib

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