L’Algérie à la CAN-1980 (12e édition) : Retour par la grande porte

15/01/2022 mis à jour: 23:24
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Rabah Madjer / Photo : D. R.

L’Algérie renoue avec la Coupe d’Afrique des nations (CAN) après une parenthèse qui a duré douze ans. La première participation des Verts à la grande fête du football africain remonte à 1968 en Ethiopie. La sélection a ensuite raté les cinq éditions suivantes. Les prémices d’un retour dans le giron des grands ont commencé à se dessiner à la fin de l’année 1978.

L’Algérie venait, sous la direction de Rachid Mekhloufi de remporter la médaille d’or des jeux méditerranéens d’Alger en 1975 et ensuite la médaille des Jeux africains en 1978 toujours à Alger. Pour remplacer Rachid Mekhloufi, les responsables du sport algérien jettent leur dévolu sur un jeune entraîneur algérien qui présentait un profil très intéressant. Il s’agit de Mahieddine Khalef l’entraîneur de la JS Kabylie. Son CV a joué en sa faveur. Il avait 34 ans, il réalisa d’excellentes choses à la tête des Canaris, il était passé par l’université, il avait les diplômes pour entraîner et surtout il était très proche des joueurs.

La mission qui lui a été confiée n’était pas de tout repos. Les responsables lui avaient fixé trois objectifs. Remporter une seconde fois la médaille d’or aux Jeux méditerranéens de Split, ex-Yougoslavie, se qualifier aux Jeux olympiques de Moscou et à la CAN-1980 au Nigeria. Le challenge était énorme. Les objectifs n’étaient pas faciles à réaliser. A Split, les Verts ont réalisé un grand tournoi et ont échoué en demi-finale face au pays hôte, la Yougoslavie, à l’issue d’un match que les anciens ne sont pas près d’oublier.

Pour aller aux Jeux olympiques à Moscou les Verts devaient écarter de leur chemin, le Maroc. Le match aller s’est déroulé à Casablanca dans un contexte marqué par une forte tension et en l’absence de relations diplomatiques entre les deux pays. L’équipe nationale a réussi un coup d’éclat à Casablanca en infligeant une humiliante défaite (5-0) aux Lions de l’Atlas.

Le match retour à Alger fût une simple formalité (victoire des Verts 3-0). Restait la qualification à la CAN 1980. Au premier tour, l’Algérie a éliminé le Burundi sans jouer (forfait). Au second tour, les Verts ont plié l’affaire au match aller contre la Libye (3-1).

La courte défaite (0-1) concédée au match retour n’a eu aucune incidence sur le parcours des Verts dans cette phase qualificative. Le plus dur allait commencer pour cette équipe naissante et en pleine croissance. Faire bonne figure à la CAN 1980 et arracher le billet qualificatif à la Coupe du monde 1982. C’est les deux objectifs qui ont été fixés à Mahieddine Khalef et l’équipe nationale.

La réforme sportive instaurée 5 ans plus tôt commençait à donner ses premiers fruits. Les joueurs étaient bien préparés et aptes à répondre aux dures exigences du haut niveau. Certains, à l’instar de Cerbah (gardien de but), Merzekane, Guendouz, Kheddis, Kouici, Fergani, Belloumi, Assad, Madjer, Bensaoula, brillaient de mille feux.

Les trois objectifs assignés au sélectionneur Mahieddine Khalef ont été remplis. Les Verts se sont qualifiés à la CAN, après le forfait du Burundi, et la victoire (3-1) contre la Libye au second tour, malgré la courte défaite (0-1) au match retour. A la CAN 1980 organisée par le Nigeria, le tirage au sort a placé l’Algérie dans le groupe B en compagnie du Ghana, détenteur du trophée de l’édition précédente (1978), le Maroc et la Guinée.

Le 3 mars à Ibadan, l’Algérie et le Ghana se sont séparés sur un score blanc (0-0). La défense articulée autour de Cerbah, Merzekane, Khedis, Guendouz, Kouici n’a pas concédé de but face au tenant du titre. 4 jours plus tard, c’était le grand derby maghrébin qui est revenu à l’Algérie grâce à un but inscrit par Lakhdar Belloumi dans les ultimes instants de la partie (90’). Le milieu de terrain Mahiouz-Fergani-Belloumi a fait un grand match.

La triplette Assad, Bensaoula, Madjer, devant, n’a pas trouvé trop d’espace. L’entrée en jeu du regretté Hocine Benmiloudi (CR Belouizdad) à la place de Salah Assad a laissé entrevoir les grandes possibilités du jeune et prometteur avant-centre du Chabab. Il le prouve dans les matchs suivants en inscrivant un but contre la Guinée, victoire de l’Algérie (3-2) avec un doublé de Tedj Bensaoula. Les Verts menaient 3-0 avant de se relâcher, ce qui a permis à l’adversaire de marquer deux buts en fin de partie.

En demi-finale, l’Algérie et l’Egypte se disputèrent le billet qualificatif pour la finale. Le 19 mars 1980, toujours à Ibadan, les joueurs de Mahieddine Khalef ratent leur entame de match. Mahmoud El Khatib en a profité pour ouvrir le score (32’). Dès les premiers instants de la seconde mi-temps, les Pharaons corsent l’addition par Ramadhan Sayad (47’).

Salah Assad sur penalty (55’) et Hocine Benmiloudi, rentré à la place de Rabah Madjer, remettent les Verts en course (62’). La série des penaltys tourna à l’avantage des Verts (4-2). L’Algérie était en finale. Le 22 mars 1980 dans l’enfer du Surulere (stade international de Lagos), les Verts s’inclinent 3-0. Mahieddine Khalef en parle dans l’entretien qu’il a accordé à El Watan. La jeune sélection a quitté le Nigeria sans le trophée continental mais avec le sentiment du devoir accompli.

Le meilleur était à venir avec la jeune génération drivée par le coach de la JSK. Une année plus tard, les Verts renforcés par la venue de professionnels (Dahleb, Kourichi, Mansouri, Chebel, Gamouh… ont pris une éclatante revanche sur les Eagles sur la pelouse du Surulere lors du dernier tour qualificatif à la Coupe du monde 1982 en Espagne en s’imposant 2-0 à Lagos. C’était le début d’une ère nouvelle marquée par une présence continue durant une décennie au sommet du football africain.

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