Lakhdar Chouikhi. Militant écologique à Tiaret : «Certaines espèces arboricoles sont à proscrire en ville»

08/07/2023 mis à jour: 00:40
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Lakhdar Chouikhi, appelé «le monsieur vert de Tiaret»

La soixantaine bien entamée, toujours alerte et plein d’allant, Lakhdar Chouikhi reste, pour beaucoup, le «monsieur vert de Tiaret» pour avoir officié non seulement dans l’onde  locale «Radio-Tiaret» près de vingt années durant, travaillé comme forestier, président d’une association «Adam» de la promotion de l’agriculture de montagne mais aussi, pour avoir résisté aux aléas du temps et des hommes qui ne sont pas pour leur majorité portés sur l’environnement. 

L’espace d’une entrevue, courtoise, qu’il nous accorda au bureau de notre journal, «l’ami Lakhdar» ne pouvait taire ce qui le démangeait, le cœur gros comme ça. «Le mauvais rapport du citoyen avec l’environnement d’une manière générale et de tout ce qui est plantation, verdissement» le tient à cœur et le préoccupe. 

La flore c’est son dada. «On a planté et on continue de le faire, n’ importe où et n’importe comment» a-t-il lancé en préambule de cette discussion animée autour de «cette sauvage plantation à travers les dédales de la ville et du manque d’entretien de l’espace vert tant par certains citoyens que par les unités de l’APC et même de l’Epic ‘Tiaret-Nadhafa’ qui faisait pourtant, lors de sa création, du verdissement l’un de ses objectifs». 

Alors qu’il officiait en tant que spécialiste des questions environnementales dans son émission «Rokn El Akhdar» qu’il dut cesser, à son corps défendant, car «non rétribué», Lakhdar reste un élément catalyseur dans les actions jusque-là entreprises, soit dans la formation, à travers des conventions avec les chambres d’artisanat et des métiers qu’à titre personnel dans le cadre de «son job», celui d’entamer et d’entretenir des espaces verts qu’il réussit d’ailleurs fort bien. 

Revenant sur ces pratiques liées aux plantations, arboricoles notamment, notre interlocuteur explique que «planter des espèces d’arbres à l’exemple de l’eucalyptus, le peuplier voire le palmier en ville relève d’une médiocrité criante qui non seulement défigure l’espace mais génère des frustrations aux citoyens dont ceux et celles sensibles prédisposés à l’allergie due au pollen», et de préconiser «d’harmoniser le cadre du verdissement et d’opter plutôt vers des arbustes bas comme les géraniums et d’autres espèces plus adaptées au climat et qui cadre avec l’aspect urbanistique de la ville». En amont, plaide Lakhdar, «il faudrait un répertoire propre à la région de Tiaret au climat semi-aride». 

Cela doit «interpeller l’APC qui, avec une équipe d’initiés, devrait y songer», ajoutant qu’en principe «la collectivité devrait disposer de jeunes formés dans le jardinage et l’espace vert qui sont au préalable formés dans les CFPA et même dans des ateliers privés dans le cadre de la chambre des arts et des métiers». 

Des sessions de formation ont été à cet effet dispensées mais les apprenants n’ont pas eu accès à ces emplois. Abordant le volet lié à la taille et la protection des arbres, Chouikhi préconise «des opérations concertées car il y a tout une technique pour ce faire». Avoir de beaux arbres, dont ceux bicentenaires, c’est bien, mais les préserver est une autre histoire. 

En clair, notre interlocuteur trouve salutaire de «bannir certaines espèces qui ne devraient pas se trouver en ville mais plutôt dans les massifs forestiers» alors que Tiaret était jadis renommée pour ses rosiers, le chrysanthème et le géranium qui résistent à la chaleur et à la gelée qui dégagent en plus des parfums enivrants. Même le gazon intensif et dans les grandes espaces est à proscrire car consommant beaucoup d’eau et nécessitant de l’entretien.    

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