Le président de la commission des sanctions de l’Agence française de lutte antidopage (AFLD) considère que le comportement de l’Agence mondiale antidopage (AMA) dans l’affaire des allégations de dopage envers 23 nageurs chinois testés positifs début 2021 à la trimétazidine suscite «l’incompréhension».
Selon une enquête de la télévision publique allemande ARD et du New York Times, 23 des meilleurs nageurs et nageuses chinois ont été testés positifs début 2021 à la trimétazidine, substance interdite depuis 2014 au motif qu’elle améliore la circulation sanguine. Ces révélations «suscitent beaucoup d’inquiétude», a indiqué Rémi Keller, président de la commission des sanctions, indépendante de l’AFLD, dans un communiqué transmis hier à l’AFP.
«Ce n’est pas tant l’absence de sanctions, décidée par l’Agence chinoise antidopage après une enquête conduite par le ministère chinois de la Sécurité publique, qui interpelle. C’est la suite qui a été donnée à cette affaire par l’Agence mondiale antidopage qui suscite le plus d’incompréhension», attaque-t-il. Selon lui, «le raisonnement de l’AMA est contraire au code mondial antidopage, qui prévoit que c’est au sportif contrôlé positif qu’il revient de démontrer son absence de responsabilité».
Samedi, l’AMA avait estimé ne pas être «en mesure de réfuter la possibilité d’une contamination comme source de la trimétazidine», après avoir consulté des experts indépendants pour tester cette hypothèse.
Sur la même ligne, la Fédération internationale de natation a expliqué avoir «soigneusement examiné» les résultats positifs et avoir aussi sollicité des experts indépendants. «On peut se demander si les restrictions liées à la Covid-19, invoquées par l’Agence mondiale, l’autorisaient à s’affranchir de cette règle alors qu’elle prétend en être la gardienne vigilante jusqu’à exercer parfois des pressions inadmissibles sur les organisations nationales, comme elle l’a fait en 2023 à l’égard de la commission des sanctions française», a ajouté le président de la commission des sanctions.
Cette dernière avait eu maille à partir avec l’AMA et avait dénoncé, en septembre 2023 auprès de l’AFP, «une tentative de pression» de l’AMA qui lui reprochait de «ne pas être assez sévère» et brandissait la menace de «non-conformité». Hier, Rémi Keller a estimé «urgent que la lumière soit faite sur cette nouvelle affaire, afin que l’ombre du soupçon ne plane pas sur les compétitions, que ce soit à l’égard des sportifs ou à celui des organisations chargées de veiller à un sport propre».