L’actualisation du Plan directeur d’aménagement des ressources en eau du bassin Sahara (PDARE) a permis d’établir des scénarios de gestion à l’horizon 2030 et 2040.
L’agence du bassin hydrographique Sahara, sise à Ouargla, en est aux dernières retouches de cet outil de gestion et de planification des ressources en eau qui englobe 27 wilayas sahariennes et présahariennes, dont 19 en totalité, et 8 partiellement, réparties en 252 communes, avec une population d’environ 6 millions d’habitants, affirme Slimane Hannachi, président de la commission planification du comité du bassin hydrographique Sahara qui soumettra le document à approbation à la mi-février prochain avant de le transmettre au ministère de tutelle Le volume global d’eau prélevée dans la réserve hydrique du Sahara a été estimé en 2020 à 3700 m3 par an, dont 3100 m3 destinés à l’irrigation, soit 83% pour une surface agricole utilisée de l’ordre de 1 250 467 ha, dont 545 241 ha en irrigué, soit 44% de la surface globale, une exploitation effrénée soutenue par l’extension des surfaces agricoles dans cette région du pays, constate l’étude
Déficit en eau
Parmi les révélations les plus parlantes de celle-ci, il apparaît que malgré un potentiel en eau évalué à 6,6 milliards de par an, 13 wilayas du bassin Sahara sont déficitaires en eau, notamment Touggourt, Biskra, et en second lieu El Mghaier, Tamanrasset, Laghouat, Tébessa, Naâma, Batna et Khenchela qui enregistrent une forte demande en eau agricole et industrielle d’une part et une surexploitation des nappes du complexe terminal pour les quatre premières.
Le PDARE Sahara propose à cet effet des actions pour équilibrer le bilan en prévoyant des transferts d’eau à partir des zones de prélèvement des eaux du Sahara septentrional du nord-est de Ghardaïa par l’implantation de forages albiens sur le territoire de la wilaya d’El Menea vers celles de Biskra, Khenchela et Tébessa, mais aussi un autre transfert du champ Mehiguen à El Bayadh, vers Laghouat, ainsi que Oued Namous, à Béchar, vers Naâma.
Solutions
Les mesures phares de ce plan incluent la maîtrise de l’accroissement de la demande en eau principalement dans le secteur agricole, tout en consolidant les acquis de ce secteur pour l’économie de la région, le renversement de la tendance actuelle en matière d’exploitation des ressources souterraines de manière à ramener les prélèvement au niveau des volumes renouvelables, la poursuite des efforts d’étude hydrogéologique et de reconnaissance pour le dégagement des eaux souterraines au niveau des régions du SASS, ainsi que l’augmentation de l’offre en eau superficielle par la réalisation de barrages et retenues collinaires, l’accompagnement des efforts de mobilisation et d’économie d’eau par l’exploitation des eaux traitées à des fins d’irrigation et d’industrie.
Ce fossé, qui se creuse, se traduit par un sentiment généralisé de manque d’eau confirmé par le sondage SPE ou seulement 18% de la population sont déclarés desservis en H24, 53% au quotidien et 26% en 1 jour sur 2 et plus au moment où le volume produit à partir des eaux souterraines pour l’alimentation en eau potable à l’échelle des 19 wilayas du bassin en 2020, est évalué à près 559 m3/an, par le biais de 1367 points d’eau exploités, tandis que l’affectation à partir des eaux de barrages, on dénote 5 communes de la wilaya de Béchar (Béchar, Kenadessa, Mechraa H. B, Erg Ferradj et Abadelah) sont alimentées à partir du barrage de Djorfa Torba.
Pollution
Outre le PDARE, l’agence du bassin hydrographique du bassin Sahara a présenté les résultats d’un rapport sur l’état de la pollution dans les régions du sud du pays à son comité de bassin, instance de concertation et de proposition constitué de membres issus de diverses instances de l’eau du pays, ainsi que quelques experts en environnement.
«La situation est inquiétante», estime M. S. Belghout, chef de département Planification à l’ABHS, qui commente ainsi ces résultats : «La facilité d’accès à la ressource hydrique en fait justement une ressource menacée par la surexploitation et les risques de pollution. L’évolution du nombre de forages et de leur régime d’exploitation indiquent des croissances vertigineuses au cours des trente dernières années, passant de 1,3 milliard m3 en 1990, à 3,7 milliards m3 en 2020.»
Ainsi, le comité de bassin, réuni fin décembre en session ordinaire, a préconisé plusieurs mesures alternatives, à savoir la réutilisation des eaux usées épurées dans les zones touchées par la pollution de la wilaya d’El Oued et dans d’autres régions similaires, le diagnostic des textes réglementaires régissant le volet de la réutilisation des eaux usées et épurées afin de proposer des amendements, la réutilisation des eaux excédentaires de drainage pour affectation dans la création d’espaces verts, plantations et irrigation des palmeraies, l’étude des possibilités de recours à la recharge artificielle des nappes phréatiques dans les régions qui se distinguent par un déficit en eau et la prévision d’un projet intégré dans le cadre de la réutilisation des eaux épurées dans l’agriculture.
Pour lancer le chantier de l’actualisation des données sur l’exploitation du Système du Sahara septentrional (SASS), cinq sous-groupes thématiques sont désignés, explique M. Deramchi, D G de l’Agence nationale de gestion intégrée des ressources en eau (AGIRE).
Constitués de plusieurs représentants des différents départements ministériels et agences, ces sous-groupes concernent la géologie-géophysique-hydrologie, hydrogéologie, pédologie, chargé de l’élaboration du modèle conceptuel, l’usage de l’eau et développement de l’agriculture saharienne, base de données – Cartographie chargée du développement de l’application, la modélisation– chargé du développement de l’outil de gestion ainsi que la réglementation, coopération et financement– chargé de l’état de l’application de la réglementation existante et proposition de nouvelles réglementations au besoin.