L’Afrique, la Russie et la multipolarité

01/08/2023 mis à jour: 02:36
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A un mois de la tenue du très attendu rassemblement des BRICS à Johannesburg en août prochain, le deuxième sommet Afrique-Russie qu’a abrité Saint-Pétersbourg, les 27 et 28 juillet, illustre la volonté de l’Afrique d’opérer avec la Russie un rapprochement étroit à la fois économique, sécuritaire et surtout géopolitique. 

Ce sommet, qui réunit le Président russe et les représentants de 49 pays africains, traduit «le rôle croissant» de l’Afrique dont le non-alignement est le maître-mot. L’Afrique, qui évite de prendre parti dans les conflits qui opposent les grandes puissances, se positionne comme un partenaire diplomatique à convaincre et à séduire par le respect et l’équité. La posture de non-alignement de l’Afrique s’est surtout traduite par l’entretien de relations multipolaires à la fois avec la Russie, mais aussi avec les Etats-Unis, l’Europe et la Chine. L’Afrique aspire à des liens respectueux, d’égal à égal et surtout équitables avec tous ses partenaires quels qu’ils soient. 

C’est dans ce contexte que s’est tenu ce sommet Russie-Afrique, qui est un forum de partenariat visant à promouvoir un mécanisme de dialogue, créé il y a quatre ans, en vue de «développer la coopération russo-africaine dans les domaines économique, politique et culturel». Ce sommet intervient quatre ans après une première édition qui s'est tenue en Russie. 

Au centre des échanges qui ont marqué ce deuxième sommet, figurent notamment le transfert de technologies et l’investissement dans l’industrie et les infrastructures en Afrique. 
 

Un total de 92 accords a été signé parmi lesquels figurent des mémorandums d'entente entre la Russie et l'Union africaine ainsi qu'entre la Communauté économique eurasiatique et la Commission de l'UA. Moscou a conclu des accords de coopération militaro-technique avec plus de 40 Etats africains. Dans le domaine de l'éducation et de la formation, des branches d'universités et d'écoles secondaires russes seront créées en Afrique. Autre fait marquant : la Russie et l'Afrique se sont mises d'accord pour les règlements des échanges commerciaux en monnaies nationales. La Russie, qui s’est dite «prête à partager» son expertise en matière de technologie, veut investir en Afrique qui connaît une bonne croissance économique. 
 

Le resserrement des liens entre les dirigeants russes et africains illustre ce qui pourrait être le nouveau visage géopolitique mondial. Il faut, bien entendu, effectuer un parallèle entre le renforcement de cette alliance et le rapprochement entre la Chine et l’Afrique. Avec la Chine, l’Afrique entretient un partenariat stratégique. Depuis l’an 2000, les deux partenaires se réunissent lors de sommets dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) dont la dernière édition s’est tenue en novembre 2021 au Sénégal.
 

Dans un contexte marqué par des tensions avec les Etats-Unis, Moscou a accéléré un virage vers l’Afrique et l’Asie pour y trouver de nouveaux marchés et fournisseurs. Ceci dénote «le poids croissant» de l’Afrique au même titre que l’Asie-Pacifique dans l’échiquier mondial. Des reconfigurations se produisent en ce moment dans tout le système des relations internationales. 

A l’instar de l’Algérie, de nombreux pays africains s’inspirent de l’Afrique du Sud en voulant intégrer les BRICS dont la Russie est l’un des principaux pays fondateurs avec l’idée de «promouvoir un ordre mondial multipolaire mieux équilibré». 

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