En déplacement à Oran pour une visite de travail, le ministre de la Communication, Mohamed Laagab, s’est exprimé, lors d’une conférence de presse, sur le cas du journaliste Farid Alilat, qui a été interdit d’entrée sur le territoire algérien, samedi dernier, à l’aéroport Houari Boumediène d’Alger.
En réponse à une question d’un journaliste, M. Laagab a expliqué que «l’interdiction d’entrée de Farid Alilat, qui est notre frère, n’est pas liée à sa qualité de citoyen algérien, mais concerne le média où il exerce, Jeune Afrique, qui a pris des positions inamicales du point de vue professionnel envers l’Algérie».
«Premièrement, l’Algérie n’expulse jamais ses enfants. L’affaire ne concerne pas Farid Alilat en tant qu’Algérien. Le problème est que Jeune Afrique a adopté des positions inamicales, du point de vue professionnel, vis-à-vis de l’Algérie. Ce média diffuse de fausses informations. Parfois, ce journal exagère. Parfois, ce média ne relate pas les choses positives qui se passent en Algérie. Parfois, ce média relaie des rumeurs en donnant une mauvaise image de l’Algérie», déplore-t-il, avant de préciser que s’il advenait, à l’avenir, que Jeune Afrique change de position à l’égard de l’Algérie, «il sera alors bien accueilli».
Et le ministre de poursuivre : «Quand Farid vient en Algérie, s’il vient pour des visites privées ou familiales, il est le bienvenu, la Constitution étant claire là-dessus. Maintenant, si Jeune Afrique profite de la nationalité algérienne de Farid Alilat pour s’immiscer de manière sournoise dans l’exercice journalistique, cela est inacceptable. C’est pour cela que différencier entre Jeune Afrique et un citoyen algérien qui travaille à Jeune Afrique est difficile». Et de rappeler la période de la pandémie sanitaire où l’Etat a déployé d’énormes efforts «pour rapatrier les compatriotes éparpillés un peu partout dans le monde et même transférer d’autres communautés arabes aux côtés des Algériens».
Le ministre dira enfin que l’Algérie compte, à l’heure actuelle, 56 correspondants appartenant à 36 médias étrangers représentant 18 pays, «et dans le cadre de la parution de différents textes d’application des nouvelles lois sur l’information, les portes restent ouvertes aux médias étrangers qui désirent ouvrir leurs bureaux ici et désigner des correspondants en Algérie, et ce, dans le cadre de la loi algérienne et du respect mutuel».
Le fonds d’aide à la presse sera réactivé
Par ailleurs, le ministre a annoncé la réactivation du fonds d’aide à la presse à travers un projet de loi qui est en phase d’enrichissement. Une fois le projet parachevé, il sera soumis au président Abdelmadjid Tebboune. M. Laagab a souligné à ce propos que la «relance de ce fonds fait partie des orientations du président de la République» et que «l’élaboration du projet a été achevée et des copies ont été transmises à certains établissements médiatiques en vue de son enrichissement».
Le ministère de la Communication s’attelle donc, en ce moment, à récupérer les sommes qui se trouvaient dans ce fonds, qui a été gelé depuis plusieurs années, «pour les mettre à la disposition du nouveau fonds, même si nous avons trouvé de nouvelles sources pour son financement autre que le Trésor public», dira-t-il.
Parallèlement à cela, un autre projet est en voie d’aboutir concernant la création du conseil d’éthique et de déontologie. Si le décret d’application de ce conseil a été finalisé, il attend maintenant sa publication au Journal officiel, dira M. Laagab, qui précise que dans pour ne pas perdre de temps, «le ministère de la Communication a pris l’initiative d’élaborer cette charte et nous soumettrons un avant-projet au Conseil d’éthique professionnelle, lors de son inauguration, afin de l’enrichir». Il n’est pas à exclure, d’ailleurs, que cette charte soit présentée aux journalistes et responsables des médias pour l’enrichir de nouvelles suggestions ou idées.
Pour ce qui est de la mise en œuvre de nouveaux textes juridiques liés aux médias, le ministre a précisé que le travail a commencé «par l’adaptation des journaux électroniques et imprimés et d’autres décrets d’application qui seront publiés successivement, prochainement». Le statut particulier des journalistes est qualifié par le ministre «d’excellent» car «il donne au journaliste algérien le statut qu’il mérite».
Ce dernier point constitue d’ailleurs, dira le ministre, l’une des recommandations les plus importantes du président de la République, qui énumérera les mesures prises à l’occasion de la Journée nationale de la presse, en octobre dernier, dans le but de faciliter le travail des institutions de presse et réduire les charges financières qui pèsent sur elles.
Enfin, le ministre, alors qu’il visitait la société d’impression de l’Ouest, située à Es Senia, dira que le projet d’une société nationale d’impression est actuellement en cours, et qu’il est nécessaire, pour cela, de diversifier les activités des imprimeries. «Le développement de l’activité d’imprimerie est devenu nécessaire à travers la formation de la ressource humaine, la qualification de la main-d’œuvre et la participation aux Salons mondiaux pour adapter les arts d’impression avec les nouveautés mondiales et les technologies modernes».
Le pdg du quotidien El Djoumhouria relevé de ses fonctions
Le ministre de la Communication, Mohamed Laagab, a décidé, jeudi, de mettre fin aux fonctions du président-directeur général du journal El Djoumhouria, Mohamed Alem, après avoir constaté «plusieurs manquements et déséquilibres» dans la gestion de cet établissement médiatique, a indiqué un communiqué du ministère. La même source a précisé que «lors de la visite de travail et d’inspection dans la wilaya d’Oran, jeudi 18 avril 2024, le ministre de la Communication, le Dr Mohamed Laagab, s’est rendu au siège du journal El Djoumhouria, où il a constaté plusieurs manquements et déséquilibres dans la gestion de ce journal». Dans le cadre de «l’adaptation des institutions médiatiques à la nouvelle loi organique sur l’information du 27 août 2023, notamment la loi relative à la presse écrite et électronique, promulguée le 2 décembre 2023, le ministre de la Communication a décidé de mettre fin, séance tenante, aux fonctions du président-directeur général du journal El Djoumhouria, Mohamed Alem».