La violence s’intensifie au Burkina faso : Une trentaine de morts en deux jours

01/02/2023 mis à jour: 05:07
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Lundi, c’est dans le sud-ouest du pays, près de la Côte d’Ivoire, que quinze personnes ont été retrouvées mortes après avoir été enlevées la veille par des jihadistes présumés. Dimanche soir, deux minibus avaient été interceptés dans le village de Linguekoro par des hommes armés, selon le gouverneur de la région, le colonel Jean-Charles Somé. Les passagers, huit hommes et seize femmes, «ont été débarqués» des véhicules, a-t-il dit dans un communiqué.

Parmi eux, «huit femmes et un homme ont été libérés et enjoints de regagner à pied Mangodara», à 30 kilomètres de Linguekoro. Les deux minibus «ont par la suite été incendiés et les autres passagers enlevés», selon le gouverneur. Les corps des victimes retrouvées lundi présentent «des impacts de balles», selon lui. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté mardi matin à Mangodara pour protester contre «l’insécurité» et «l’impunité» après la découverte des quinze corps, selon des habitants joints par l’AFP.

A la mi-janvier, une soixantaine de femmes avaient été enlevées par des jihadistes présumés à Arbinda, dans le Nord, avant d’être retrouvées quelques jours après.

Des gendarmes et Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs de l’armée) stationnés dans la localité de Falagountou dans la région du Sahel (nord), ont par ailleurs subi lundi après-midi «une attaque terroriste», selon l’armée. «Le bilan provisoire enregistré fait état de douze combattants tombés, dont deux VDP», selon l’état-major qui parle également d’un civil tué. «Au moins cinq gendarmes ont été blessés et une dizaine d’autres», disparus, sont «toujours recherchés», précise l’armée en affirmant que, «côté ennemi, une quinzaine de corps de terroristes ont été retrouvés lors des opérations de ratissage qui sont toujours en cours».

«Souveraineté»

Ces enlèvements et attaques attribués aux jihadistes interviennent dix jours après la décision du gouvernement burkinabè d’exiger le départ des 400 soldats français de la force Sabre basée à Ouagadougou. La décision du Burkina est motivée par «la volonté des autorités de la transition et de l’ensemble des Burkinabè, d’être les acteurs premiers de la reconquête de notre territoire», selon le porte-parole du gouvernement, Jean-Emmanuel Ouédraogo. «Il ne s’agit pas de la fin des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la France», ajoutait-il.

La France, ex-puissance coloniale au Burkina Faso, y est désormais régulièrement contestée. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi en soutien au pouvoir à Ouagadougou, où le départ des troupes françaises est accueilli comme un retour à la «souveraineté». Depuis son arrivée au pouvoir en septembre à la faveur d’un putsch, le deuxième en huit mois, le capitaine Ibrahim Traoré et son gouvernement ont manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats en matière de lutte contre le jihadisme. Les nouvelles autorités ont ces dernières semaines engagé un rapprochement avec la Russie, où le Premier ministre, Appolinaire Kyélem de Tembéla, s’est discrètement rendu en décembre.

La Russie est «un choix de raison», selon lui. Ces derniers développements rappellent le précédent du Mali voisin : l’été dernier, la junte au pouvoir à Bamako avait intimé aux forces françaises de quitter le pays après neuf ans de présence. Le Burkina Faso, en particulier sa partie nord, est confronté depuis 2015 aux attaques de groupes jihadistes qui ont fait des milliers de morts et au moins deux millions de déplacés.

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