La Tunisie respire

23/06/2024 mis à jour: 15:59
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Les ratios macroéconomiques tunisiens sont au vert en ce premier semestre 2024 grâce à plus de rigueur dans le filtrage des importations et, également, à la nette progression des recettes de l’exportation d’huile d’olive, des envois des Tunisiens de l’étranger et des rentrées du secteur touristique. 

Les importations ont globalement reculé durant les cinq premiers mois de 2024 alors que les exportations ont augmenté, assurant un taux de couverture de 80,7 %, en croissance de 4,5 points et permettant une réduction du déficit courant des échanges commerciaux de 2,3% à 0,9 % du PIB. Le taux d’inflation durant le mois de mai 2024 s’est stabilisé à 7,2% en glissement annuel contre 9,6 % une année auparavant.

 Les réserves de change continuent à bien se tenir à hauteur de 108 jours d’importation à la date du 19 juin 2024, contre 98 jours d’importation à la même date en 2023. Cette situation devrait calmer, momentanément, l’inquiétude des experts qui avaient lancé l’alarme lorsque l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) avait autorisé le 6 février 2024 la Banque Centrale à financer «à titre exceptionnel» le déficit budgétaire à hauteur de deux milliards d’euros. 

Le rapport publié par la Banque Centrale de Tunisie le 21 juin 2024 indique que, malgré une croissance économique modérée de 0,2 % durant le premier trimestre 2024, les indicateurs conjoncturels disponibles laissent entrevoir un redressement progressif de l’activité au cours du deuxième trimestre 2024, soutenue notamment par la reprise d’activité dans le secteur agricole et une bonne saison touristique, ainsi que la montée des envois des Tunisiens de l’étranger, devenus désormais des cadres après la crise Covid. 

Ainsi, la production céréalière est estimée au double de 2023, alors que l’Office du tourisme table sur dix millions d’entrées. Le compteur marque déjà 3,37 millions de touristes au 10 juin 2024, enregistrant une hausse de 5,3 % par rapport à 2023. Les Algériens se situent en tête des visiteurs de la Tunisie, avec plus de trois millions en 2023. L’ouverture de la liaison ferroviaire courant juillet devrait encourager davantage cette affluence. Pour ce qui est des Tunisiens de l’étranger, leurs envois ont déjà atteint 946 millions d’euros au 10 juin 2024, en hausse de 3,5 %.

Le Trésor tunisien a déjà honoré à cette date plus de 60% de ses engagements extérieurs en 2024 et rares sont désormais les experts qui continuent à parler de la possibilité de banqueroute du pays, comme ce fut le cas durant les trois dernières années, notamment lorsque le président Saïed avait tourné le dos aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI). 

La Tunisie a survécu à sa traversée du désert en 2021/22/23 grâce à l’aide des pays proches et amis, notamment l’Algérie. Aujourd’hui, elle a surtout besoin de relancer sa croissance pour produire davantage de richesses et reprendre le chemin du développement. Le dernier rapport de la Banque centrale laisse certes présager une détente graduelle de l’inflation. Il attire toutefois l’attention au fait que cela reste à la merci des cours internationaux de l’énergie et des produits de base, d’où la décision de la BCT de maintenir le taux directeur à 8 %. 

La Tunisie a déjà réussi le pari de sortir indemne en 2022 et 2023 malgré les tensions géopolitiques internationales, le stress hydrique et l’équilibre précaire des finances publiques, en l’absence de ressources extérieures. Elle doit maintenir le cap en misant sur l’optimisation de l’exploitation de ses ressources propres et en se faisant aider par un partenariat équitable.

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