A Sétif, et cela depuis la nuit des temps, le judo jouit d’une forte audience parmi les jeunes et était pratiqué à grande échelle. De grands noms d’athlètes et de techniciens sont gardés dans la mémoire collective sportive qui est restée intacte. Il y avait des salles partout de privés et particulièrement dans les Maisons de jeunes implantées équitablement à travers les différents quartiers de la ville.
A la cité Tandja, un quartier populaire et très peuplé, la Maison de jeunes Zitouni Chakhchoukh, les jeunes affluaient pour la pratique du judo. Parmi eux, il y avait un jeune que découvre l’entraineur Rachid Khabat durant la saison sportive 1991. Il s’agit de Hacène Zemmouri, lui-même issu d’une famille de frères judokas. Il avait juste 5 ans (né le 22/11/1986 à Sétif). Tous les techniciens de la salle et du club qui dépendait de la société Naftal voyaient en lui un futur champion.
Le temps leur a donné raison. Puisque Zemmouri passait les grades avec succès pour décrocher la ceinture noire 1er Dan en 2004. En 2006, il acquiert son diplôme d’éducateur en suivant un cursus de formation au CREPS de Constantine. La saison 2011/2012, sur décision courageuse et bien assumée, les responsables de la Maison de jeunes Tandja lui firent confiance en le désignant entraineur principal des jeunes.
C’était pour animer des jeunes judokas dans le cadre loisir en y associant les autistes, ceux souffrant de trisomie 21 et même ceux issus de couples divorcés. Tout cela s’inscrivait dans l’optique de prévenir ces jeunes des maux sociaux. Et ce avant de passer à la pratique du judo d’élite pour aller chercher des titres (médailles et autres distinctions) localement et encore plus haut dans la hiérarchie continentale et même mondiale. En plein travail de formation, le club n’arrivait pas à avoir un agrément de manière à pouvoir suivre l’évolution des jeunes.
Ce qui obligeait Zemmouri à ventiler ses jeunes vers d’autres clubs plus nantis et agréés. Sentant la marginalisation de jeunes formés chez lui dans les clubs où ils étaient affectés, Zemmouri décida alors de fonder son propre club. C’était le NIS. Il lui choisit une date historique liée à la mémoire d’un héros de la Guerre de libération. C’était le 5 février 2017, coïncidant avec le centième anniversaire du grand révolutionnaire Mostefa Ben Boulaid (né le 5/2/1917). Choix judicieux.
Le parcours de ce club allait être brillant et héroïque. Les deux fers de lance du club que sont Hacène Zemmouri et Abdelhalim Zaabat en kata et les trois jeunes lutteurs forts prometteurs qui sont de véritables champions en l’occurrence : Badreddine Laid (6 médailles championnat d’Algérie, arabe et tournoi international de Sousse en Tunisie et 2 médailles en Open Africa), Abdellah Bouacida (2 médailles en Allemagne Frankfurt) et Mohamed Fettache (champion arabe classé Open Africa en 2024 médaille d’argent).
Ce groupe est en mesure de procurer d’immenses satisfactions au pays si d’aventure ils seront bien pris en charge par les pouvoirs publics. Actuellement, ils s’entrainent à la Maison de jeunes Tandja sur un tatami vétuste mis en place depuis plus de 30 ans, le tout sans experts afin de superviser leurs séances et apporter les correctifs nécessaires. Sans moyens didactiques et sans caméras avec seulement leurs portables de fortune pour filmer les entrainements et les combats.
Au moment où les prétendants aux médailles s’entrainent actuellement au Kodokan au Japon, laquelle école considérée comme la Mecque du Judo où tous les spécialistes et épris du judo du monde entier accomplissent leur pèlerinage pour un bon présage, afin de participer aux différents tournois et repartir avec pleins de médailles dans leurs bagages. Voilà toute la différence. Car pour ce qui est de la volonté et de la compétence, nos jeunes sont décidés d’honorer leur participation par une forte, lourde et marquante présence. Ce qui suscite le plus en eux, c’est la reconnaissance.