Si la productivité par adulte en âge de travailler n’augmente pas parallèlement à la diminution de la population en âge de travailler, la croissance du produit intérieur brut ralentira.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le monde connaît une baisse importante de la démographie, ce qui impliquera une transformation de l’économie mondiale.
Une étude de la revue scientifique The Lancet, publiée en fin de semaine, fait état d’une tendance à la baisse du taux de natalité et de fertilité qui entraînera, d’ici les années à venir, des perturbations sur l’économie mondiale, notamment une baisse de la croissance du PIB due à une faible productivité. «La fertilité est en baisse au niveau mondial, avec des taux inférieurs au seuil de remplacement dans plus de la moitié des pays et territoires en 2021.
Les tendances observées depuis 2000 révèlent une grande hétérogénéité dans l’ampleur des baisses, et seul un petit nombre de pays a connu un rebond de la fécondité, même léger, après le taux le plus bas observé, et aucun n’a atteint le seuil de remplacement», c’est ce que révèle cette étude qui fait des projections sur l’évolution des taux de natalité d’ici à 2100.
L’étude souligne que depuis 1950, les naissances sont en baisse de façon spectaculaire dans le monde et continueront de baisser dans presque tous les pays jusqu’en 2100.
Notons que l’étude en question a porté sur 204 pays et territoires et prévoit que le taux de remplacement de la population chutera de 76% en dessous du taux de remplacement de la population en 2050, et chutera de 97% d’ici à 2100.
La proportion des naissances vivantes dans les pays à faible revenu devrait pratiquement doubler, en passant de 18,18%, en 2021, à 35%, d’ici à la fin du siècle.
Les pays d’Afrique subsaharienne devraient représenter la moitié des naissances mondiales d’ici à 2100. Cette situation entraînera des conséquences économiques et sociétales considérables. «L’on assistera à une fracture démographique évidente entre un sous-ensemble de pays à faible revenu et le reste du monde.
D’un côté, des taux de fécondité durablement bas – et la contraction et le vieillissement de la population qui en résultent– entraîneront de graves problèmes économiques et une pression croissante sur les systèmes de santé, les programmes de sécurité sociale et la main-d’œuvre», explique l’étude en notant que d’un autre côté, «un déplacement spectaculaire de la concentration des naissances vivantes des pays à revenus moyens et élevés vers les pays à faible revenus entraînera de graves problèmes liés au maintien et au soutien d’une population jeune croissante dans certaines des régions les plus sujettes à la chaleur, les plus instables politiquement, les plus vulnérables économiquement et les plus sollicitées par les systèmes de santé».
«Les tendances futures des taux de fécondité et des naissances vivantes provoqueront des changements dans la dynamique de la population mondiale, entraînant des changements dans les relations internationales et mettant en évidence de nouveaux défis en matière de migration et de réseaux d’aide mondiaux».
L’ISF mondial a diminué de plus de moitié entre 1950 et 2021, passant de 4-84 à 2-23. Le nombre annuel mondial des naissances vivantes a culminé, en 2016, à 142 millions, pour baisser à 129 millions en 2021.
Selon les projections établies par l’étude, les taux de fertilité futurs devraient continuer à baisser dans le monde entier, pour atteindre un ISF mondial de 1-83 en 2050 et de 1-59 en 2100. «Le nombre de pays et de territoires dont le taux de fertilité reste supérieurs au seuil de remplacement devrait être de 49 (24%) en 2050 et de seulement six, soit 2,9% en 2100, trois de ces six pays étant inclus dans le groupe à faible revenu défini par la Banque mondiale pour 2021, tous situés dans la super-région de l’Afrique subsaharienne».
La même étude révèle que la proportion de naissances vivantes en Afrique subsaharienne devrait passer à plus de la moitié des naissances vivantes dans le monde en 2100. «La part des naissances devrait diminuer entre 2021 et 2100 dans la plupart des six autres régions super-régions- passant, par exemple, en Asie du Sud de 24,8% en 2021 à 16,7% en 2050 et à 7,1% en 2100, mais devrait augmenter légèrement en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et dans les super-régions à revenus élevés», indique The Lancet.
Ces tendances prédisent une population mondiale avec moins de jeunes par rapport aux personnes âgées avant la fin du XXIe siècle.
«A moins que les gouvernements n’identifient des innovations imprévues ou des sources de financement permettant de relever les défis du vieillissement de la population, cette évolution démographique exercera une pression croissante sur les programmes nationaux d’assurance maladie et de sécurité sociale…
Ces programmes recevront moins de fonds, à mesure que les populations en âge de travailler et payant des impôts diminueront.»
Un changement des politiques à l’égard de l’immigration s’impose
La même étude souligne, en outre, que si la productivité par adulte en âge de travailler n’augmente pas parallèlement à la diminution de la population en âge de travailler, la croissance du produit intérieur brut ralentira. «Le recours aux immigrants deviendra de plus en plus nécessaire pour soutenir la croissance économique dans les pays à faible fécondité.»
Cette situation impliquera forcément un changement des politiques actuelles à l’égard de l’immigration dans de nombreux pays à faible fécondité et si des incitations suffisantes sont mises en place pour encourager les gens à émigrer des pays à fécondité plus élevée.
Cette migration affaiblira par contre les économies des pays à revenus faibles, «ce qui souligne l’importance d’élaborer des politiques d’immigration éthiques et efficaces dans le cadre d’une coopération mondiale».
«Nous sommes confrontés à un changement social stupéfiant au cours du XXIe siècle, le monde sera confronté simultanément à un baby-boom dans certains pays et à un baby-bust dans d’autres», commente Stein Emil Vollset, auteur principal de l’article du Lancet.
«Ces tendances futures en matière de taux de fécodnité et de naissances vivantes reconfigureront complètement l’économie mondiale et l’équilibre international des pouvoirs et nécessiteront une réorganisation des sociétés», déclare, pour sa part, Natalia Bhattacharjee, co-auteure principale de l’étude.
Selon les estimations des Nations unies, la population mondiale passera de 8 milliards d’individus aujourd’hui, à 9,7 mds en 2050 et atteindra 10,4 mds au milieu des années 2080.