En visite jeudi à Boumerdès, le ministre de l’Hydraulique s’est dit «très satisfait» de l’état d’avancement des travaux de la station de dessalement de Cap Djinet. D’une capacité de traitement de 300 000 m3/j, cette station sera mise en service comme prévu fin décembre 2024, ce qui permettra d’améliorer l’approvisionnement en eau d’une population de trois millions d’habitants, a déclaré M. Chikarate, directeur central à l’ADE.
Le ministre a précisé que les eaux de cette station seront injectées dans les réseaux d’alimentation du barrage de Taksebt afin d’assurer une meilleure connexion des systèmes de distribution.
Il n’y a pas que les citoyens de Boumerdès qui peuvent en profiter. L’eau de cette station peut parvenir jusqu’à M’sila et Médéa, a-t-on expliqué. La visite du ministre intervient 15 jours après les recommandations données par le président de la République à même d’accélérer la cadence des travaux des stations de dessalement de l’eau de mer. Accompagné de la wali de Boumerdès et du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, M. Derbal a salué «les efforts et le professionnalisme» des entreprises nationales (AEC, Cosider, GCB, GTP, Hydrotechnique) engagées dans la réalisation du projet précité et des ouvrages annexes, soulignant que tout a été fait par des compétences algériennes. On se rappelle que la première pierre de ce projet hautement stratégique a été posée en juillet 2023 par le chef de l’Etat à l’occasion des festivités du 61e anniversaire de la Fête de l’indépendance et de la jeunesse.
Le ministre s’est rendu d’abord à Hamadna, où il a écouté un exposé sur les chantiers de réservoir (50 000 m3), de canalisations (12 km) et de stations de pompage. Confiés à l’entreprise publique, Cosider Canalisation, pour un montant de 5,3 milliards de dinars, les travaux de ces ouvrages avancent bon train et peuvent être achevés avant octobre prochain, a encore déclaré le représentant du gouvernement.
Cela a été rendu possible, selon lui, grâce au travail de coordination et de concertation entre les différents intervenants, mais aussi aux efforts accomplis par les autorités de wilaya qui ont levé avec diligence toutes les contraintes rencontrées sur le terrain.
«Ailleurs, dans d’autres wilayas, des projets de moindre importance ont été retardés pendant des années à cause des procédures d’expropriation», a-t-il martelé, rappelant que quatre autres projets similaires ont été lancés à Oran, Tipasa, Béjaïa et El Tarf en application du programme et des instructions du président de la République visant à protéger les populations contre le stress hydrique.
(le ministre de l'hydraulique, Taha Derbal / Photo El Watan)
«On est proche du but»
«Ces projets ne sont pas que des paroles. Le résultat est là et parle de lui-même. On a planifié, managé et réalisé, et maintenant on est proche du but», s’est-il félicité.
L’Algérie compte, au total, 23 usines de dessalement opérationnelles. Celles-ci fournissent 18% de l’eau consommée, un taux qui sera porté à 42% à la fin de l’année, pour atteindre 60% à l’horizon 2030, a indiqué récemment à la presse Mohamed Boutabba, directeur de l’AEC, la filiale de Sonatrach qui a chapeauté la réalisation de plusieurs stations. Profitant de la présence de son collègue de l’Enseignement supérieur, le ministre de l’Hydraulique a salué la décision d’ouvrir des formations dans le dessalement de l’eau de mer afin de garantir une meilleure exploitation et un entretien continue des infrastructures.
Cette mission sera désormais assurée par l’Agence nationale de dessalement de l’eau (ANDE), créée en mars 2023, avec pour tâches principales «de réaliser, d’exploiter et d’assurer la maintenance des stations de dessalement de l’eau et des infrastructures et équipements y afférents». Pour réduire le coût de production de l’eau dessalée, beaucoup d’experts insistent sur l’importance de recourir aux énergies renouvelables et de réaliser des usines de fabrication de membranes d’osmose inverse qui permettent de dépolluer et déminéraliser les eaux.
Le ministère de l’Energie s’est dit, à ce propos, capable de produire 30% de l’énergie utilisée dans le dessalement, soulignant que le sel et les minéraux récupérés seront exploités et valorisés par une entreprise nationale spécialisée dans ce domaine.
Un spécialiste estime que les opérations de dessalement dans une station de 100 000 m3 peuvent générer annuellement près d’un million tonnes de chlorure de sodium (NaCI), soit l’équivalent de 65 millions de dollars de recettes, alors que la production des eaux dans la même station coûte 22 millions dollars par an. L’Algérie a donc intérêt à continuer à investir dans le dessalement.
Boumerdès
De notre bureau Ramdane Kebbabi