L’ultimatum fixé par les militaires nigériens aux troupes françaises pour quitter le pays arrivera bientôt à échéance. Les membres du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ont exigé le départ des militaires français avant le début du mois de septembre, c’est-à-dire dans presque une semaine, faut-il le rappeler.
Le refus de toute présence des troupes françaises sur le sol nigérien va ainsi en s’accentuant. Mardi, une coalition de la société civile nigérienne ouvertement opposée à cette présence militaire a affirmé qu’elle n’accorderait pas «une seconde» à la France après l’expiration du délai fixé par le CNSP. «Nous n’accorderons pas une seconde aux forces françaises sur notre territoire à l’expiration de ce délai», a déclaré, cité par des médias occidentaux, Abdoulaye Seydou, coordinateur du mouvement M62, regroupant des dizaines d’associations nigériennes.
Officiellement nommé «Union sacrée pour la sauvegarde de la souveraineté et de la dignité du peuple», le mouvement M62 est né à l’été 2022, soixante-deux ans jour pour jour après la proclamation de l’indépendance du Niger, ancienne colonie française. D’où le choix du nom M62. Ce mouvement qui soutient les putschistes qui ont renversé Mohamed Bazoum le 26 juillet a, au cours de ces dernières semaines, organisé plusieurs manifestations de rue pour exiger le départ des militaires français.
Le CNSP a, au lendemain du coup d’Etat, affiché clairement sa position s’agissant de la présence de bases françaises sur le sol nigérien. Il a notamment dénoncé, dans un communiqué, les accords militaires conclus entre la France et le président Mohamed Bazoum, prévoyant, entre autres, le maintien de 1500 soldats français au Niger. «Tous les villages, toutes les communes environnantes vont descendre sur la capitale et nous allons les faire sortir», a ajouté Seydou s’agissant des troupes françaises. «Il n’y a pas de sentiment anti-français au Niger ni de sentiment anti-occidentaux, mais nous sommes farouchement engagés contre la politique française telle qu’elle est menée», a-t-il assuré par ailleurs.
C’est dans ce contexte que se prépare une réunion qualifiée d’importante, prévue à Niamey, de l’ensemble des élus des régions au Niger, ont rapporté hier des médias locaux. Selon ces médias, tous les présidents de conseils régionaux et les maires de toutes les communes du Niger ont été conviés à Niamey par les deux organisations-cadre que sont l’Association des régions du Niger (Areni) et l’Association des municipalités du Niger (AMN) pour une rencontre prévue le 26 août.
Aussi, d’anciens présidents des groupes parlementaires de l’Assemblée nationale dissoute du Niger ont appelé, dans une lettre adressée au président en exercice de la Commission des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à lever les sanctions imposées au peuple nigérien. Ils ont, en outre, demandé au président du Nigeria, Bola Ahmed Adekunle Tinubu, également président de la Cédéao, de convaincre les chefs d’Etat de l’organisation ouest-africaine de «renoncer au recours à la force comme moyen pour solutionner la crise au Niger et de s’en tenir à la voie diplomatique», selon le média Niger Tribune.
Pour sa part, l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, a déclaré hier au journal Le Monde que le projet d’opération militaire est un «jeu de mensonge». «On est pistonné par derrière pour l’uranium, le gaz», a-t-il indiqué, faisant allusion au soutien des pays occidentaux aux décisions de la Cédéao, notamment des Etats-Unis et de la France. Pour lui, les dirigeants de la Cédéao ont «perdu pied», saisissant l’occasion pour prôner l’acte de mort de l’opération régionale qui, impuissante jusqu’alors à mettre fin aux coups d’Etat dans la région, joue sa crédibilité dans le dossier nigérien. «Je souhaite que cette force en attente soit mobilisée et que les chefs d’état-major se réunissent pour faire un plan de lutte contre les terroristes», plutôt que pour renverser les putschistes, a-t-il dit.