En quittant la ville de Boghni, vers le sud de l’agglomération, une plaque de signalisation indique que Tala Guilef est à 15 kilomètres. «Cela vaut le coup d’y aller», nous dit un citoyen à qui nous avons demandé comment s’y rendre. Nous avons ainsi pris la route vers ce site touristique en empruntant la RN 30 B en passant par Ath Mendès.
Jusque-là, l’état de la route est plus ou moins praticable, mais c’est au niveau d’un pont érigé non loin de l’intersection qui mène vers la zaouia Sidi Yahia que le calvaire commence. La chaussée est étroite, elle est difficilement carrossable et des nids-de-poule partout.
Des chutes de pierriers en plusieurs endroits. Il est très pénible de circuler en voiture sur cet axe vers le merveilleux site de Tala Guilef, sur les hautes montagnes du Djurdjura, à Tizi Ouzou. Le visiteur est d’emblée désenchanté par l’état de dégradation avancée de cette voie de communication. Elle est complètement défoncée, avons-nous constaté sur place.
Le décor naturel est vite emporté par des images qui constituent le point noir de ce site touristique. Des voitures immatriculées à Alger, Blida, entre autres, arpentent difficilement cette route sinueuse. «Je suis venu de Boumerdès pour prendre un peu d’air, mais là, je suis obligé de rebrousser chemin, car je pense qu’il est impossible de continuer encore plus loin sur ce tronçon routier sans causer de dégâts importants au véhicule», déplore un père de famille venu avec ses enfants. Il n’a pas continué son aventure, il s’est contenté de s’arrêter à quelques kilomètres du complexe touristique.
Cependant, de nombreux visiteurs téméraires défient l’état de la route dans l’espoir de passer des moments de repos et de détente sur les hauteurs de Tala Guilef. Malgré les conseils insistants de certains riverains, nous avons quand même continué, mais péniblement, jusqu’à l’entrée de l’hôtel El Arz qui a bénéficié d’une opération de réhabilitation. Les travaux sont achevés, il reste juste sa mise en service.
Mais comment peut-on mettre en service un établissement hôtelier de cette dimension dans un endroit inaccessible puisque la route est délabrée ? C’est la question que se posent de nombreux citoyens qui estiment que le développement du tourisme passe nécessairement par l’amélioration du réseau routier.
Ce n’est pas le cas à Tala Guilef. «L’unique accès par voiture est dégradé par la circulation des camions de grand tonnage, des semi-remorques qui acheminaient des matériaux de construction durant la période de réhabilitation du complexe qui a été, pour rappel, incendié durant les années 1990, par des groupes terroristes. Il y a environ 100 salariés qui assurent les différentes tâches à l’intérieur de cet hôtel qui devait être inauguré il y a quelques mois.
Tout est fin prêt, nous confie-t-on à la sortie des travailleurs, à 16 h 30. Nous n’avons pas été autorisés à accéder à l’intérieur du complexe. «C’est interdit», nous ont signifié les gardiens chargés de la sécurité, à l’entrée du site. «Si vous voulez passer vers l’auberge, vous devez faire le détour, à pied, loin d’ici», nous ont-ils aimablement suggéré. C’est en empruntant un sentier escarpé qu’on peut atteindre Le Restaurant de l’altitude, toujours fermé.
( La route qui mène au site touristique de Tala Guilef est délabrée , photo : El Watan )
Les lieux sont régulièrement fréquentés. Il y a toujours des randonneurs qui font des circuits touristiques à partir de Tikjda jusqu’à Tala Guilef, mais, parfois, en encourant des risques énormes. Il y a même un groupe de randonneurs qui s’est égaré en novembre dernier. La rénovation de la station climatique de Tala Guilef doit être accompagnée d’autres infrastructures indispensables pour permettre aux visiteurs de passer leurs journées de détente dans la quiétude.
Il faut souligner que l’hôtel El Arz, d’une capacité de plus de 200 lits, devait être réceptionné, fin février prochain tout comme le village touristique, d’une capacité de 300 lits, d’un centre animé (105 lits), qui devait aussi être livré trois mois plus tard, avaient promis le wali de Tizi Ouzou lors sa visite effectuée l’année dernière sur les lieux.
Même le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mokhtar Didouche, s’est rendu sur les lieux, il y a quelques mois, dans le cadre d’une visite de travail et d’inspection dans cet endroit du tourisme de montagne perché à 1500 m d’altitude, sur le flanc nord du massif du Djurdjura et qui offre un panorama à vous couper le souffle. «C’est magnifique, une belle vue», laisse étendre un visiteur qui ajoute toutefois que l’état de délabrement de la route devenue impraticable recommande aux automobilistes plus de vigilance.
Rappelons qu’il y a quelques années, des habitants d’Ath Khouffi avaient pris la louable initiative d’entreprendre des travaux d’élargissement sur une distance de 8 km, de la route desservant le site touristique de Tala Guilef via leur village. L’objectif de cette action est de développer le tourisme solidaire dans cette région située au cœur du parc national du Djurdjura.
D’ailleurs, la mise en service des infrastructures réhabilitées du site touristiques de Tala Guilef peut avoir un effet d’entraînement sur l’activité commerciale dans les villages avoisinants, mais cela nécessite la réfection de la route qui est plus qu’indispensable.
Reportage réalisé par Hafid Azzouzi