Une conférence sur le théâtre et la Révolution, dédiée à la mémoire du regretté artiste et moudjahid Taha El Amiri, a été animée, dimanche à Alger, par des chercheurs-universitaires et administrateurs de théâtre, unanimes à souligner le rôle du théâtre dans l’éveil des consciences populaires et la promotion de la cause nationale à travers le monde.
Accueillie à la grande salle de conférences de la Société algérienne des foires et exportations (Safex), cette rencontre a été organisée dans le cadre du 27e Salon international du livre d’Alger (SILA : 6-16 novembre), en célébration du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Animées par les professeurs-chercheurs et universitaires Ahmed Cheniki, Ancène Tlilani, Sidi Mohamed Lakhdar Barka et le directeur du Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA), Mohamed Yahiaoui, les interventions ont été focalisées sur la naissance et l’évolution de l’action théâtrale durant l’occupation française et son impact sur la population et à travers le monde.
Les conférenciers ont évoqué le parcours militant et artistique de Taha El Amiri, un acteur accompli et engagé, qui aura voué sa vie au service de l’Algérie et à qui la conférence a été dédiée. Le professeur universitaire et spécialiste des littératures et du théâtre du Maghreb, du monde arabe et d’Afrique, Ahmed Cheniki, a été le premier à intervenir, estimant qu’il faut d’abord «définir le rapport au temps et à l’histoire lorsqu’on parle de la Révolution», car la lutte armée contre l’occupant français a commencé, comme tout le monde le sait, en 1830. Rappelant la genèse de l’action théâtrale en Algérie, Ahmed Cheniki a indiqué que «toutes les formes de représentation, inspirées ou non, au départ, du théâtre européen s’inscrivaient dans l’élan d’un théâtre militant qui servait de moyen de proximité avec le peuple pour sensibiliser et éveiller les consciences, à travers des pièces, telles que celles produites en 1907 ou en 1926 avec Allalou».
Le professeur à l’Université Alger 2, Ahcène Tlilani, a ensuite rappelé l’œuvre de la troupe artistique du FLN et ses 35 membres, entre musiciens et comédiens dont Taha El Amiri, dirigés par le comédien et dramaturge, Mustapha Kateb. Evoquant également le théâtre francophone avec notamment «Le cadavre encerclé» et «Le cercle des représailles» de Kateb Yacine, et celui de la radio qui a contribué, depuis l’Egypte, à «porter la voix de l’Algérie à travers le monde», Ahcène Tlilani conclura en citant quelques titres de pièces qui feront «la promotion de la cause algérienne dans plusieurs pays du monde».
Parmi les pièces montées par la troupe artistique du FLN, créée en 1958 en Tunisie, «Nahw Ennour» (Vers la lumière) de Mustapha Kateb et «Les enfants de la Casbah» (1959), «Le sang des libres» et «Les éternels» (1961), soutenue par «Le testament», toutes écrites et mises en scène par Abdelhamid Raïs, glorifiant la Révolution et rappelant les grands sacrifices humains consentis pendant le combat libérateur mené par le peuple algérien. Prenant le relais, le directeur du TNA, Mohamed Yahiaoui, a, pour sa part, déclaré que l’établissement qu’il dirige s’«inscrivait dans la continuité de l’action théâtrale militante et historique», avec des activités et un répertoire de pièces variées, programmés à l’année, qui «sensibilisent le public autour de son patrimoine historique et culturel, sa cité, sa société et sur l’environnement, avec une ouverture sur l’universalité».
Intervenant avec une étude qu’il a intitulée «Le dire, résilience d’une mémoire culturelle», le professeur à l’Université Oran 2 et chercheur associé au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle, Sidi Mohamed Lakhdar Barka, a mis en valeur le «rôle prépondérant joué par l’oralité dans la sauvegarde et la préservation du patrimoine culturel algérien et la sensibilisation des populations».