La région sombre dans la spirale des putschs militaires : Le président de la Cédéao dénonce l’instabilité politique en Afrique de l’Ouest

30/01/2022 mis à jour: 00:41
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Le président de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao), Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, a dénoncé vendredi les «conditions toxiques» créées par l’instabilité politique en Afrique de l’ouest. 
 

Ouvrant un sommet virtuel extraordinaire des dirigeants de l’organisme régional pour discuter de la crise politique au Burkina Faso, M. Akufo-Addo, également président du Ghana, a dit à Accra, la capitale ghanéenne, que l’instabilité nuit au développement économique et social indispensable dans la région. «La détérioration de la situation politique dans notre région doit être un sujet de grande préoccupation pour nous tous. 
 

A cela s’ajoute l’environnement sécuritaire complexe engendré par les attaques terroristes et les pandémies, qui nous place dans une situation toxique», a estimé M. Akufo-Addo. Il a affirmé que la résurgence des interruptions violentes de la gouvernance au Mali, en Guinée et au Burkina Faso constitue une violation des principes démocratiques de la région et représente une menace pour la paix, la sécurité et la stabilité en Afrique de l’ouest, appelant à une action collective pour étouffer dans l’œuf les développements politiques malsains, car aucun pays n’est à l’abri de ces développements. 
C’est la raison pour laquelle le Burkina Faso a été suspendu de la Cédéao à l’issue d’un sommet virtuel de cette organisation qui n’a pour l’instant pas décidé d’autres sanctions. 

La Cédéao, qui a demandé la libération du président renversé Roch Marc Christian Kaboré, placé en résidence surveillée, ainsi que des autres officiels arrêtés, tiendra un nouveau sommet le 3 février à Accra, en présence cette fois des chefs d’Etat de la région. Le sommet virtuel, qui a duré environ trois heures, a en outre décidé de l’envoi hier à Ouagadougou d’une mission des chefs d’état-major des armées de la Cédéao qui sera suivie demain lundi d’une mission ministérielle. Jeudi soir, dans sa première allocution depuis sa prise de pouvoir lundi dernier, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait déclaré à la télévision nationale que son pays avait «plus que jamais besoin de ses partenaires». 

Disant comprendre les «doutes légitimes» suscités par le coup d’Etat, il a assuré que le Burkina Faso «continuera à respecter les engagements internationaux, notamment en ce qui concerne le respect des droits de l’Homme», en précisant que l’indépendance de la justice serait aussi «assurée». Le lieutenant-colonel Damiba s’est en outre engagé «au retour à une vie constitutionnelle normale», «lorsque les conditions seront réunies», sans préciser d’agenda. 

 

 

Sombres perspectives pour la sécurité alimentaire au Sahel

Le Coordinateur des secours d’urgence des Nations unies, Martin Griffiths, a déclaré, lors d’une réunion virtuelle jeudi sur la région du Sahel, que près de 15 millions de personnes au Mali, au Niger et au Burkina Faso auront besoin d’une aide humanitaire cette année, soit quatre millions de plus qu’il y a un an. Selon le responsable onusien, cette crise humanitaire croissante «est due à une confluence de facteurs, dont les conflits et l’instabilité politique, la pandémie et le changement climatique et l’absence de possibilités de développement durable». La communauté humanitaire aura besoin de près de 2 milliards de dollars pour la réponse humanitaire au Mali, au Niger et au Burkina Faso cette année, selon Martin Griffiths. Le nombre des personnes déracinées au Sahel a été multiplié par dix depuis 2013, passant de 217 000 à un niveau alarmant de 2,1 millions fin 2021, a noté pour sa part l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Le nombre de réfugiés dans les pays du Sahel central, à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger, s’élève désormais à 410 000. Selon le HCR, une recrudescence d’attaques violentes dans toute la région a entraîné l’année dernière le déplacement de près de 500 000 personnes, sans compter les chiffres du mois de décembre 2021 qui ne sont pas encore connus. Les groupes armés auraient mené plus de 800 attaques meurtrières l’année dernière, entraînant le déracinement de quelque 450 000 personnes dans leur pays et forçant 36 000 autres à fuir dans un pays voisin.

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