La réaction du Kremlin était très attendue : Poutine parle de Prigojine au passé

26/08/2023 mis à jour: 13:02
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Photo : D. R.

Vladimir Poutine a présenté ses condoléances après le crash en Russie de l’avion d’Evguéni Prigojine, patron du groupe paramilitaire russe Wagner, parlant au passé de cet ex-allié au destin «compliqué»,  l’œuvre en Afrique et en Ukraine mais qui avait retourné ses hommes contre Moscou en juin.

«C’était un homme au destin compliqué, qui a commis de graves erreurs dans sa vie, mais qui obtenait les résultats qu’il fallait», a déclaré M. Poutine lors d’une réunion retransmise à la télévision, présentant ses «sincères condoléances» aux proches des victimes. Aucun des passagers du jet privé n’a survécu, mais les autorités n’ont pas encore formellement annoncé la mort de M. Prigojine, les corps n’ayant pas été identifiés. La réaction du Kremlin était très attendue tant la mort présumée d’Evguéni Prigojine, qualifié par M. Poutine de «traître» en juin, a suscité des soupçons, deux mois jour pour jour après son coup de force avorté.

Evoquant l’enquête sur les causes du crash, dont les circonstances font l’objet de toutes les spéculations, notamment sur un attentat à la bombe ou un tir de missile, le président russe a promis de la «mener dans son intégralité et d’aboutir à une conclusion».

Pour le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, «sa mort est une grande perte pour l’Etat tout entier». Dernièrement, «il n’a pas eu ou n’a pas voulu avoir une vue d’ensemble de ce qui se passe dans le pays», a estimé M. Kadyrov, soutien sans faille de M. Poutine. «Je lui ai demandé d’abandonner ses ambitions personnelles au profit de questions d’une importance nationale primordiale (...) Mais il était comme ça (...) avec son caractère de fer et son désir d’atteindre son but ici et maintenant.» Wagner, qui a quitté l’Ukraine après sa rébellion, reste actif en Afrique mais son avenir est désormais en suspens.

L’agence russe pour le transport aérien Rossaviatsia a confirmé qu’Evguéni Prigojine se trouvait à bord du jet privé Embraer Legacy effectuant un vol entre Moscou et Saint-Pétersbourg et qui s’est écrasé en début de soirée mercredi près du village de Koujenkino dans la région de Tver. Parmi les sept passagers et trois membres d’équipage, aucun n’a survécu.

Les corps n’ont pas été identifiés et les enquêteurs, qui ont lancé une investigation pour «violation des règles de sécurité aérienne» sans privilégier aucune piste, sont restés muets jeudi. On compte aussi parmi les victimes présumées le bras droit de Prigojine, Dmitri Outkine, ex-officier du renseignement militaire russe et commandant opérationnel de Wagner.

Dans le village de Koujenkino, près duquel s’est écrasé l’avion, un habitant, Vitali, a raconté avoir entendu une explosion dans les airs. «J’ai levé la tête et j’ai vu un avion, avec de la fumée blanche au-dessus», a-t-il dit dans une vidéo diffusée par le média Fontanka.

Les images des sauveteurs russes ont montré des restes fumants dans une clairière. Sur les réseaux sociaux, des comptes proches de Wagner évoquaient dès mercredi un attentat contre le patron du groupe, avançant l’hypothèse d’un tir de missile sol-air, l’autre possibilité étant celle d’une explosion à bord. Le Pentagone a à son tour fourni son analyse jeudi, ne voyant «aucune information indiquant qu’un missile sol-air» avait été lancé contre l’avion et qualifiant d’«inexactes» les informations en ce sens.    

Dans la journée, des habitants de Saint-Pétersbourg, où le groupe était basé, défilaient pour déposer des fleurs sur un mémorial improvisé, signe de la popularité du chef de guerre auprès de certains, qui appréciaient son nationalisme et son franc-parler critique des élites russes, de la hiérarchie militaire et parfois du Kremlin.

«Pour nous, c’était un ami, un frère. Je pense que pour tous les soldats c’est un moment très important», a dit Natalia, 31 ans, venue à vélo déposer son bouquet à l’ombre du bâtiment de verre où Wagner a établi son QG dans l’ex-capitale impériale russe. Evguéni Prigojine avait mené les 23 et 24 juin une rébellion contre l’état-major russe et le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, marchant sur Moscou, prenant un QG militaire et abattant des avions de l’armée russe. Il avait renoncé à sa mutinerie après un accord qui prévoyait son exil avec ses hommes au Bélarus et l’abandon des poursuites. 

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