La présidentielle en Tunisie fixée au 6 octobre 2024 : Une dizaine de candidats déjà engagés dans la course

04/07/2024 mis à jour: 23:30
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Photo : D. R.

Annonce au JORT de l'élection présidentielle en Tunisie pour le 6 octobre 2024. Le calendrier électoral est respecté. Une bonne dizaine de candidats s’est déjà annoncée depuis des mois, y compris Issaam Chebbi et Abir Moussi, incarcérés pour des affaires d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Le Président Saïed ne s’est pas encore prononcé, mais nul ne doute de sa candidature pour rempiler.

L’appel aux électeurs tunisiens pour la présidentielle le 6 octobre 2024 a été publié avant-hier au Journal officiel. Le Président Saïed n’a donc pas attendu les temps additionnels pour annoncer ce scrutin puisque la Constitution de 2022 lui accorde 90 jours avant la fin de son mandat, soit jusqu’au 24 juillet.

Et si, durant les derniers mois, plusieurs voix parmi l’opposition ont émis des doutes sur la tenue de ce scrutin, l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) a régulièrement assuré que le scrutin présidentiel allait se tenir dans les délais légaux. «Le calendrier électoral constitutionnel est respecté», a assuré hier Mohamed Laroussi El Mansari, porte-parole de l’ISIE, sur les ondes de Mosaïque Fm.

Par ailleurs, une bonne dizaine de candidats ont déjà annoncé leur intention de participer à ces joutes électorales, sans attendre la date officielle du scrutin. Maintenant que le prochain rendez-vous électoral présidentiel est confirmé, les observateurs s’interrogent si les souhaits, exprimées il y a quelques mois, de postuler à la magistrature suprême, vont se confirmer.

Pour commencer, il y a Mondher Zenaïdi, l’ex-ministre de Ben Ali. Zenaïdi a régulièrement exprimé sur les réseaux sociaux son intention de se présenter. Il a affirmé disposer d’un programme pour sauver le pays.

Toutefois, Zenaidi réside actuellement en France et est poursuivi en Tunisie dans l’affaire de cession de la concession d’Ennakl (Volkswagen), cédée en 2007 par l’Etat tunisien à Sakhr El Materi, le gendre de Ben Ali, pour la modique somme de 20 millions de dinars tunisiens (11,5 millions d’euros à l’époque), alors qu’elle devait valoir plusieurs fois plus. Il faut dire qu’il n’y a aucun écho de Zenaïdi depuis plus d’un mois.

Nida Tounes, Ennahda et les autres

L’homme de communication Nizar Chaâri a, lui-aussi, régulièrement exprimé son intention de briguer la magistrature suprême. Chaâri s’est présenté à la présidentielle de 2019 avant de se retirer en faveur de Kais Saïed. L’islamiste et ex-ministre d’Ennahdha, Abdellatif Mekki, aujourd’hui secrétaire général du parti ''Travail et accomplissement'', est également candidat, pour «sauver le processus démocratique en Tunisie», a-t-il dit.

Le secrétaire général du parti Républicain, Issam Chebbi, poursuivi dans le cadre de l’affaire dite du «complot contre la sûreté de l’Etat», est lui-aussi candidat. Le dirigeant de Nidaa Tounes et ex-ministre de l’Education, Néji Jalloul, a par ailleurs aussi exprimé l’intention de se présenter à la magistrature suprême, tout comme Dr Lotfi M’raïhi, le secrétaire général de l’Union populaire républicaine, et Olfa El Hamedi, la dirigeante du parti ''la IIIe République''.

Il y a également Abir Moussi, ex-députée et présidente du Parti Destourien Libre (PDL), arrêtée depuis octobre 2023, poursuivie dans diverses affaires allant de troubles à l’ordre public à l’atteinte à la sûreté de l’Etat, en passant par des affaires soulevées contre elle par l’ISIE. Le PDL a régulièrement affirmé que Abir Moussi est sa candidate naturelle. C’est dire que les candidatures ne manquent pas. Il y a même plusieurs autres noms qui ont fleuri un temps sur les réseaux sociaux. Seul le Président Saied a parlé à demi-mots de sa candidature.

Jeux et enjeux

Depuis le 25 Juillet 2021, le Président Kais Saied a renforcé son emprise sur le pouvoir en Tunisie. Il a fait doter le pays d’une nouvelle Constitution suite au référendum du 25 juillet 2022. Le régime est désormais présidentiel et le pays dispose de deux chambres, le Parlement et le Conseil national des régions et des districts.

La Tunisie a rompu avec le modèle de développement classique, basé sur les consignes des institutions financières internationales. Elle est parvenue après des tergiversations à sauver la mise et éviter la banqueroute, annoncée évidente par plusieurs experts locaux et étrangers en 2022/23, en comptant sur ses moyens propres et grâce à l’aide des pays frères, notamment l’Algérie. Le Président Saied s’est vanté, pas plus tard que la semaine dernière, d’avoir réussi le pari de compter sur les propres moyens du pays.

Pour sa part, la ministre des Finances, Sihem Nemsia, a affirmé que la Tunisie a honoré tous ses engagements du premier semestre 2024. C’est dire que le président tunisien a installé le socle institutionnel nécessaire pour fonder le régime qu’il espère pour la Tunisie et nul ne doute qu’il va se représenter lors de la prochaine présidentielle.

Toutefois, si le pays a évité le pire durant les trois dernières années, le taux de croissance est resté inférieur à un pour cent, même pour le premier trimestre 2024. La croissance n’a pas repris et les entreprises publiques, trop chères au Président Saied, continuent à tirer l’économie vers le bas en raison de leurs déficits monstres, dépassant les cinq pour cent du PIB.

Le secteur du phosphate et des industries chimiques ne s’est pas relevé. Le chômage persiste, notamment chez les jeunes diplômés et dans la bande Ouest du pays, où il culmine à 35/40%, alors que la moyenne nationale n’est que de 17%. C’est dire que les tâches pour lesquelles le Président Saied a fait le coup du 25 juillet 2021, sont encore actuelles et il est appelé à rempiler pour les réaliser, surtout qu’il s’est doté des institutions nécessaires, selon lui, pour réussir ces objectifs.

Le Président Saied bénéficie certainement, et de l'avis de tous, d'un soutien populaire jamais égalé, malgré les critiques de l'opposition sur le mode de sa gouvernance. Le peuple attend toutefois la réalisation des vœux d’emploi et de joie de vivre. Ce sont les véritables enjeux de la prochaine législature.

Ce qui va changer pour les conditions de candidature

Le porte-parole de l'ISIE, Mohamed Tlili Mansri, a confirmé hier, sur Mosaïque FM, que les conditions de candidature à l'élection présidentielle vont s'adapter à la Constitution de 2022. Ainsi, la condition de l'âge va passer de 35 à 40 ans, la nationalité doit être exclusivement tunisienne, tout comme pour son père et sa mère.

Le dossier de candidature doit signifier que le candidat bénéficie de tous ses droits civils et politiques, ce qui n'était pas exigé en 2019. L'ISIE tient aujourd'hui, jeudi, une conférence de presse pour préciser ces détails et donner le calendrier électoral. M. Sellami 


 

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