Comment nourrir suffisamment et surtout sainement les Algériens ? La politique agricole algérienne fait face à un immense défi : être à la fois capable de nourrir une population croissante et encourager des pratiques saines pour préserver la santé publique et l’environnement.
Comment allier l’impératif de souveraineté alimentaire et la nécessité de protéger à la fois la santé et la nature ? L’Algérie a besoin d’un modèle agricole alternatif basé sur la valorisation des savoir-faire ancestraux et le respect de la nature. Est-il pertinent de suivre le modèle basé sur l’agriculture intensive très gourmande en intrants chimiques et aux variétés agricoles à haut rendement pour doper la production ?
De plus en plus de chercheurs et d’écologistes misent sur une agriculture respectueuse de l’environnement, désignée sous le vocable d’agroécologie. Le secteur agricole a besoin d’une stratégie à long terme qui permettra d’allier la nécessité de performance économique et de répondre aux enjeux sanitaires et environnementaux.
Une telle vision à long terme est une ressource clé pour le secteur agricole algérien, appelé à exercer sa fonction essentielle de répondre à la demande urgente et grandissante d’aliments sains et abordables et en favorisant la croissance économique. Cette alternative peut réduire les impacts nocifs sur l’environnement de notre système de production agricole.
Pour cela, des universitaires et des chercheurs souhaitent vivement l’intégration des méthodes d’agriculture saine dans les programmes d’enseignement supérieur et technique. Il est souhaitable que les cursus de formation usuels en agriculture et maraîchage incluent l’agroécologie et la permaculture.
Le ministère de l’Enseignement supérieur peut envisager d’y intégrer des contenus liés à la permaculture et à l’agroécologie. Les dimensions liées aux aspects éthiques, comme une production équitable, sont également présentes dans la permaculture, qui est une certaine forme d’agroécologie, dans laquelle la mise en place de micro-écosystèmes auto-entretenus revêt une importance cruciale. Des porteurs de projets écologiques montrent la voie.
C’est ce que fait Fayçal Anseur, diplômé d’Etat en maraîchage biologique à Paris, entrepreneur en permaculture, qui a lancé des formations de sensibilisation dans cette forme d’agriculture en Algérie. Une telle initiative innovante émane d’une conviction : l’agroécologie peut jouer un rôle central dans l’agriculture algérienne.
Pour cela, elle a besoin d’être encouragée de manière ciblée au moyen de divers instruments de la politique agricole. Des acteurs de la recherche agricole ont la volonté de poser les jalons scientifiques permettant une meilleure utilisation des potentiels actuels des pratiques agroécologiques.
Au moyen de projets publics soutenus par le ministère de l’Agriculture, les innovations efficaces en matière de technique, d’organisation ou de stratégie peuvent être testées concrètement dans la réalité algérienne pour déterminer à quel point elles pourront être utilisées sur l’ensemble du territoire algérien.
Cette voie alternative sera, certes, de longue haleine, mais on peut déjà commencer à petite échelle : un petit jardin en permaculture peut vraiment être intéressant pour des exploitants qui peuvent se lancer dans l’agrotourisme.