Arrivé au pouvoir en 2022, le président a mené une brillante carrière de procureur avant de se lancer en politique avec le parti conservateur coréen. Mais il était pris depuis quelques semaines par un scandale de trafic d’influence.
La Namibie a élu sa première femme présidente, Netumbo Nandi-Ndaitwah, âgée de 72 ans et membre du parti au pouvoir, dès le premier tour avec 57,31 % des suffrages, a annoncé la commission électorale mardi soir. « Merci pour votre confiance », a déclaré sobrement la nouvelle présidente, vêtue d'une robe de soie orangée assortie à un chapeau, tout en affirmant qu’elle tiendrait ses engagements envers les électeurs. Son principal opposant, Panduleni Itula, candidat du parti des Patriotes indépendants pour le changement (IPC), a recueilli 25,50 % des voix dans un scrutin marqué par une forte participation mais également par des dysfonctionnements ayant entraîné une prolongation des élections de plusieurs jours.
Durant sa campagne, Netumbo Nandi-Ndaitwah a mis en avant l’association de la vieillesse et de la sagesse. Elle a promis de créer plus de 250 000 emplois en cinq ans et a insisté sur l’importance de la stabilité politique pour permettre la prospérité des entreprises. Elle s’est également engagée à attirer des investissements grâce à la diplomatie politique. Fille d’un pasteur anglican, exilée en Russie dans les années 1970, elle a été formée au Komsomol, l’organisation de jeunesse du parti communiste soviétique. Militante pour l’indépendance de la Namibie, elle adopte des positions conservatrices, notamment en faveur d’une législation stricte sur l’avortement.
La Swapo, le parti au pouvoir auquel appartient Netumbo Nandi-Ndaitwah, dirige ce pays riche en minerais depuis son indépendance en 1990. Avec ses trois millions d’habitants, dont les deux tiers ont moins de 30 ans, la Namibie reste sous l’influence de la Swapo, bien que sa domination parlementaire se soit réduite. Aux élections législatives tenues simultanément, la Swapo a obtenu 51 sièges contre 20 pour l’IPC, perdant ainsi 12 sièges par rapport à la législature précédente.
Les élections, prévues initialement le 27 novembre, ont été prolongées à deux reprises en raison de problèmes logistiques, notamment une pénurie de bulletins de vote. Malgré ces obstacles, la participation a atteint 76 %, signe de l’attachement des Namibiens à leur démocratie. Panduleni Itula, avocat et ancien dentiste âgé de 67 ans, a dénoncé de nombreuses irrégularités et déclaré son intention de contester le résultat du scrutin. Il a affirmé que ces élections ne pouvaient être qualifiées de libres, équitables et légitimes.
Des organisations d’observation, notamment l’Union africaine et la Communauté de développement de l’Afrique australe, ont signalé des retards dans l’acheminement des bulletins de vote, des défaillances des tablettes électroniques utilisées pour l’identification des électeurs, et des pénuries dans de nombreux bureaux, ralentissant considérablement le processus.
La Swapo, qui avait des idéaux marxistes pendant la lutte contre l’apartheid sud-africain, a vu sa popularité décliner face au chômage massif des jeunes, qui forment une part importante de l’électorat. Bien que la Namibie soit un des principaux fournisseurs mondiaux d’uranium, elle reste, selon la Banque mondiale, le deuxième pays le plus inégalitaire au monde après l’Afrique du Sud. L’exploitation minière ne bénéficie pas suffisamment aux infrastructures ni aux opportunités d’emploi, ce qui alimente la frustration des jeunes. En 2018, 46 % des 18-34 ans étaient sans emploi, selon les données officielles les plus récentes.