La migration irrégulière, objet d’un Congrès International à Rome en Juillet : L’Italie demande à l’Europe de financer le développement du sud de la Méditerranée

03/07/2023 mis à jour: 00:30
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Photo : D. R.

Le développement des pays pourvoyeurs de migrants irréguliers et de l’Afrique du Nord est à l’ordre du jour d’une prochaine conférence internationale à Rome. L’Italie veut gagner des points à l’international tout en luttant contre la migration irrégulière.

La cheffe du gouvernement italien, Georgia Meloni, a demandé lors du sommet de l’Europe tenu les 28 et 29 juin dernier à Bruxelles, aux membres de l’Union européenne d’intégrer le volet d’aide au développement des pays du sud de la Méditerranée, dans la révision du budget multi-annuel de l’UE. «Il faut prendre en considération l’instabilité des pays d’Afrique du Nord», a dit G. Meloni en visant la Libye et la Tunisie, gros pourvoyeurs de migrants subsahariens.

La responsable italienne est donc convaincue qu’il ne s’agit point de mettre un gendarme sur la rive Sud et que seule une alternative socioéconomique chez eux pourrait dissuader les migrants irréguliers de partir. Or, le fameux plan Mattei, porteur de développement des pays d’Afrique, nécessite des fonds colossaux. Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tayani avait déjà avancé la somme de 100 milliards d’euros en novembre dernier.

Il faut toutefois faire les spectrographies nécessaires pour entreprendre pareil plan. Pour passer à l’acte, Mme Meloni et son équipe n’ont pas caché leur jeu. Elle a déjà proposé ledit sommet international sur la question de la migration irrégulière lors de son 1er passage à Tunis le 4 juin dernier.

L’Italienne a même énuméré alors les parties prenantes pouvant être associées en citant l’UE, les pays subsahariens pourvoyeurs de migrants irréguliers, les pays d’Afrique du Nord, les organisations internationales impliquées ainsi que les pays du Golfe comme potentiels bailleurs de fonds.

Mme Meloni a dit, lors du dernier sommet de Bruxelles, que l’Afrique n’est pas pauvre et que «la voie des Africains désireux de quitter leur continent changerait, si l’UE leur assure une alternative», en précisant que «ces pays sont de potentiels gros producteurs d’énergie propre» et qu’il faut juste «assurer le transit». Donc, dans sa lutte contre la migration clandestine, l’Italienne essaie de fixer les migrants irréguliers chez eux par des projets de développement, tout en tirant profit pour l’Italie comme acteur principal dans ces projets.

Diagnostic partagé

Les propos de la cheffe du gouvernement italien, Georgia Meloni, et ceux du président tunisien Kaïs Saïed sont similaires à un point, tel que nous avions dit sur ces mêmes colonnes, à la suite de leur rencontre le 4 juin à Tunis, que la responsable italienne essayait d’amadouer le président tunisien en reprenant ses mots à la lettre. Un mois après, et après moult propos et rencontres, il s’avère que les deux dirigeants partagent quasiment la même approche concernant la lutte contre la migration irrégulière.

Meloni l’a confirmé la semaine dernière à Bruxelles en assurant qu’il faut agir contre «les premiers mouvements». Le président Saïed a longtemps répété qu’il «faut aider au développement des pays pourvoyeurs de migrants irréguliers». Le vice-président du Conseil italien Alfrédo Mantovanoa a dit vendredi dernier que «la solution n’est pas de dresser une muraille policière au sud de l’Europe» et qu’il faut «une stratégie globale».

Pour sa part, le président tunisien n’a cessé d’affirmer que «la Tunisie refuse de jouer le gendarme en Méditerranée». Le diagnostic est donc partagé entre Saïed et Meloni sur cette question migratoire. Quant à la prise en charge, le ministre italien des Affaires italienne, Antonio Tayani, l’a développée lors d’une interview sur la Stampa, en assurant que «le problème ne se limite pas à trouver des solutions aux migrants irréguliers actuels sur nos territoires, mais qu’il faut répondre à la question globale, celle de la stabilité des pays des Balkans et de l’Afrique».

Tayani a ajouté que «les projections évaluent à trois milliards les habitants de l’Afrique en 2050 et il est impératif de leur assurer un minimum de bien-être, puisque les populations migrent à la recherche de nourriture». La conclusion du ministre italien fut qu’il est nécessaire que «l’Europe injecte 100 milliards de dollars en projets de développement dans ces zones pour lutter contre les origines de la migration irrégulière».

Et d’ajouter : «L’Italie doit jouer un rôle clé dans ce projet afin de renforcer sa position en Afrique du Nord, aux pays des Balkans et en Amérique latine.» Là encore, l’avis est partagé par le président Saïed qui veut que les Tunisiens aient un rôle dans le développement de l’Afrique. Le sommet Italie-Afrique, prévu en octobre prochain pourrait servir de  tremplin pour ce plan Mattei en nouvelle version. 

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