La mesure contribuera à faire baisser l’inflation, selon Laaziz Faid : Vers la réduction des taux d’intérêt des crédits à l’économie

28/04/2024 mis à jour: 14:12
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Laaziz Faïd, ministre des Finances

L’Algérie a réalisé un taux de croissance de 4,1% en 2023, un niveau proche de celui prévu par le Fonds monétaire international (FMI). Parallèlement, le solde de la balance des paiements a affiché  un excédent de 6,53 milliards de dollars (mds USD) en 2023 alors que les réserves de change ont progressé de 61 mds USD en 2022 à 69 mds USD en 2023, soit l'équivalent de 16 mois d'importation de marchandises et de services. 

Les exportations sont par ailleurs passées à 49 milliards USD en 2023, contre 56 milliards USD en 2022, sous l'effet de la baisse des prix du pétrole sur les marchés internationaux, Autre indicateur, la dette publique est restée  quasi-stable  ne dépassant pas 48% du PIB en 2023. Sur un niveau d’endettement de 3 mds USD, la dette externe ne représente que le tiers, c'est-à-dire 923 millions de dollars. 

Ce sont globalement les chiffres que le ministre des Finances, Laaziz Faid, a dressés, hier, lors d’une conférence de presse dédiée à la présentation du bilan de sa  visite à Washington, à l’occasion des réunions de printemps des institutions de Bretton Woods. Pour 2024, le ministre table  sur une croissance de 3,8%. Faid, qui  a eu  en marge de ces réunions  à présenter  devant les représentants des instituions financières internationales  les principaux indicateurs de l’économie nationale, a jugé ces indicateurs de «positifs ».

 Il prévoit même leur amélioration à moyen terme. Ce sera le cas notamment pour l’inflation dont le taux tourne actuellement, selon le ministre, autour de 8,5%, prévoyant un recul  pour 2024, du fait de la baisse des prix des produits frais qui sont, pour rappel, à l’origine de la poussée inflationniste, selon les notes rendues publiques régulièrement par l’Office national des statistiques. «L’inflation va continuer à baisser. C’est la priorité du Chef de l’Etat», a précisé M. Faid.
 

Une augmentation des IDE en perspective

Mettant en avant «l'efficacité de la politique économique nationale», l’amélioration de la gestion des dépenses publiques et les différentes mesures prises pour drainer les investissements, notamment du côté des opérateurs étrangers, le ministre estime que  la  situation est appelée à  s’améliorer davantage sur ce volet  d’autant qu’il sera question, dans les prochains jours, de baisser les taux d’intérêt des banques pour les crédits dédiés à l’économie. «Les taux d’intérêt des  banques connaîtront une baisse significative. 

Ce qui contribuera à augmenter les investissements, à réduire leurs coûts et à faire reculer l’inflation», a souligné le premier argentier du pays, selon lequel les crédits à l’économie se sont accrus de 5,7% en 2023 par rapport à 2022 pour atteindre les 10750 mds DA dont 90% proviennent des  banques publiques. 
 

Le ministre a fait savoir, dans ce sillage, que le Fonds national d'investissement  (FNI) a contribué, entre 2023 et 2024, à hauteur de 500 milliards DA au financement de projets ferroviaires et miniers, notamment le projet de la mine de Gara Djebilet et le projet de phosphate intégré.

Rappelant le montant de 6000 mds d’investissements enregistrés au niveau de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), le ministre prévoit une augmentation notable des IDE Et ce, à la faveur de l’assainissement du climat des affaires,  notamment via la promulgation de la  loi sur le foncier économique et la réforme du secteur financier. 

La modernisation de l’administration fiscale, le développement du marché financier  et la numérisation via l’amélioration des services bancaires sont, dans ce sens, les points focaux du changement, selon le ministre. 

«Le train est sur rail. Il est en train d’avancer  concernant la numérisation. L’avenir est devant nous. Il est prometteur», a assuré le ministre affichant un optimisme quant aux résultats des  changements. L’objectif étant  de rétablir la confiance des investisseurs vis-à-vis des banques dont la réforme de la gouvernance figure parmi les priorités du secteur. 

Le ministre a rappelé dans ce sillage les contrats de performance conclus avec les dirigeants de banques. Au sujet de l’informel, le travail d’assainissement se poursuit pour  réaliser l’intégration de l’économie parallèle dans le circuit formel, selon Laaziz Faid. D’où l’accent sur la diversification  des services bancaires et l’inclusion financière. 

Justement, concernant les  ressources enregistrées par les banques dans le cadre de l'activité de la finance islamique, le rythme de la croissance a été maintenu. Le chiffre est passé de 445 mds DA en 2021 à 554 mds DA en 2022, puis à 678 milliards DA à fin 2023.  
 

 

Il a déclaré aussi :

 

«L’Algérie peut dépasser un PIB de 400 milliards USD»

n Selon le ministre des Finances, Laaziz Faid, l’Algérie a une marge de manœuvre importante pour atteindre les 400 milliards USD (mds USD) de PIB en 2026,  comme annoncé récemment par le Chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune. «Nous pouvons même dépasser ce montant», a-t-il prévu  précisant que le  PIB actuel était de 32 000 mds DA. «Déjà avec un baril à 80 dollars, on peut arriver à un PIB de 380 mds USD, selon le FMI. Ce qui n’est pas loin de nos ambitions», a noté  le ministre. Pour ce dernier, le résultat ne sera pas réalisé uniquement grâce aux ressources des hydrocarbures  mais aussi avec  le développement de plusieurs secteurs particulièrement l’industrie dont «le PIB est en train d’exploser», selon le ministre qui citera l’exemple du projet de production de lait avec le qatari Bladna pour illustrer le retour de l’investissement en Algérie. Il saisira l’occasion pour rappeler : «L'Algérie occupe actuellement la troisième place en Afrique en termes de PIB.» L'économie algérienne «dispose de grands atouts qui seront  mis à profit pour appuyer le décollage économique»,  a-t-il encore fait valoir. 


Le  dinar s’est apprécié par rapport au dollar de 4,5% en 2023

Selon le ministre des finances, le dinar s’est apprécié  face au dollar de 4,5% en 2023 par  rapport à 2022. Ainsi, la moyenne est passée de 142 dinars pour un dollar en 2022 à 135,9 dinars pour un dollar en 2023.  «Les indicateurs positifs de l’économie nationale ont joué en faveur de la valeur du dinar», a estimé le ministre. Et d’ajouter : «Il (ndlr, le dinar) progressera davantage à l'avenir.» Aussi, le projet de Dinar numérique de la Banque centrale  est en cours de préparation, selon la même source. 
 


Bureaux de change : L’instruction de la Banque d’Algérie prochainement signée

Interrogé sur le dossier de l’ouverture des bureaux de change tel que prévu par la loi sur la monnaie et le crédit, le ministre des Finances a précise que l’instruction de la Banque d’Algérie (BA) à  ce sujet est prête. «On attend la signature qui interviendra dans les prochains jours », a déclaré le ministre avant d’ajouter : «Les bureaux existent déjà. Il reste à définir le taux», selon le ministre. Cette mesure en attente depuis des années pour freiner le marché parallèle de la devise marquera un pas important vers une gestion plus efficace des opérations de change en Algérie. Les activités de ces bureaux engloberont, faut-il le noter, diverses opérations, notamment celles liées aux droits de change pour les résidents, notamment pour les voyages touristiques ou professionnels à l’étranger, ainsi que les frais liés aux études et aux stages, entre autres.

BDL : L’ouverture du capital se fera dès la rentrée sociale

 Qualifiant l’introduction en Bourse du Crédit populaire d’Algérie (CPA) d’une  étape cruciale dans le processus de transformation de la scène financière, le ministre des Finances a annoncé le lancement de l’opération pour la Banque de développement local (BDL) pour la prochaine rentrée sociale probablement. Il s’agira également d’une ouverture du capital comme c’était le cas pour le CPA, selon les précisions du ministre. «Le marché  sera redynamisé», a-t-il prévu annonçant dans le même sillage l’inscription d’une société d’assurance dans ce projet d’ouverture.

 

Un 2e rebasage du calcul du PIB en préparation

Après un premier changement de l'année de référence de calcul du Produit intérieur brut (PIB), un autre rebasage est prévu.  Dans trois  ans, 2011 sera l’année de référence  de ce calcul au lieu de 2001. Par la suite, il s’agit de passer à 2022, comme indiqué  hier par le ministre des Finances, Laaziz Faid : «Les cadres de l’Office national des statistiques se penchent  actuellement sur le dossier. Il y a un énorme travail à faire avant d’aller à ce changement», a  précisé le ministre. Il  s’agit, en effet, de s'adapter aux années de référence en vigueur au niveau international, A noter que le rebasage 2001 a  entraîné une augmentation relative du PIB de l'année 2022 d'environ 12,8%, et une réévaluation du taux de croissance du PIB de l'année 2022 à 3,6%, soit une augmentation de 0,5 point par rapport à l'année de référence 1989.Quant à la consommation finale des ménages, elle a été estimée à 12081,7 milliards de DA à l'année de référence 2001, contre 10 864,5 milliards de DA à l'année de référence 1989. Ce sont justement sur ces nouvelles estimations qu’ont travaillé les institutions de Bretton Woods pour établir leurs rapports sur l’économie algérienne.

L’interopérabilité lancée avant la fin du mois

 L’interopérabilité entre les différents acteurs du paiement mobile, un mode qui permet d’effectuer des transactions à partir des Smartphones, sera prochainement actionnée. «Ce sera avant la fin de ce mois», a annoncé Abdelaziz Faid. 

Disponibles ces dernières années au niveau de deux banques ainsi qu’à Algérie Poste, les solutions du paiement mobile en Algérie ne sont utilisables actuellement qu’entre les clients de la même banque, mais avec le  prochain lancement de l’interopérabilité, les transactions pourront désormais s’effecteur même si la banque de l’émetteur (le payeur) est différente de celle du bénéficiaire. Cela permettra de généraliser l’utilisation du m-paiement, utilisé notamment pour régler les achats via le code QR et effectuer les transferts de compte à compte.

 

L’adhésion de l’Algérie à la banque des BRICS en phase finale

 L’adhésion de l’Algérie à la Nouvelle Banque de Développement (NBD), la  banque des BRCIS, est à sa phase finale. Elle sera annoncée dans les prochain mois. «Ce processus suit son cours, selon le calendrier arrêté et que les procédures juridiques et institutionnelles pour une telle adhésion sont dans leur ultime phase de finalisation.» 

C’est ce qu’a précisé le ministre des Finances, Laaziz Faid à l’occasion de sa sortie médiatique d’hier. Une précision qui fait suite à ses entretiens avec la présidente de la banque, Dilma Vana Rousseff, en marge des réunions de printemps de la BM et du FMI entre les 15 et 20 avril.  «Cette adhésion  nous  ouvrira de nouvelles perspectives avec les institutions financières internationales.» L’Algérie a, pour rappel, dégagé une première  contribution financière de l’ordre de 1,5 milliard de dollars pour à la DNB.
 

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