On ne peut que le constater avec beaucoup d’amertume : nos forêts et nos espaces verts, sauvages ou cultivés, partent en fumée les uns après les autres à un rythme qui ne fait que s’accélérer ces dernières années.
Quand on sait qu’il faut au minimum entre vingt et cinquante ans, voire plus, selon les climats, la pluviométrie et les espèces d’arbres qui la peuplent, pour qu’une forêt se régénère et retrouve sa taille d’avant l’incendie, on mesure l’ampleur des pertes et des dégâts dus à tous ces feux.
Le phénomène des grands incendies que nous observons actuellement est venu se greffer sur une situation environnementale déjà catastrophique.
Ces mêmes colonnes recensent à longueur d’année les mêmes désastres écologiques concernant la prolifération des décharges d’ordures, la destruction et la pollution de rares cours d’eau du pays devenus des égouts à ciel ouvert, la déforestation due à la mafia immobilière, la surexploitation des nappes phréatiques et la destruction des lits d’oued par les sablières et la destruction de la faune et de la flore, pour ne citer que ces tares là, car la liste est encore très longue.
Le bouleversement climatique de ces dernières années, la sécheresse endémique, l’explosion démographique et la pression de plus en plus croissante de l’homme sur des milieux naturels fragilisés font que nous sommes sur le point de passer d’un scénario de crise écologique majeure à celui d’un effondrement écologique.
La nuance est de taille. Dans le cas qui nous préoccupe, il s’agit de l’effondrement brutal des écosystèmes qui fait que les capacités de résilience écologique de la biosphère sont désormais dépassées ou détruites pour de bon ou pour de très longues périodes. C’est une crise climatique et civilisationnelle.
Nos forêts brûlent à un rythme qui dépasse leurs capacités à se régénérer et nos cours d’eau sont pollués par les rejets industriels et ménagers à un degré qui ne laisse nulle chance de survie aux espèces qui les peuplaient autrefois en grand nombre.
Vous l’avez peut-être déjà constaté : les seules espèces animales qui prolifèrent aujourd’hui dans notre pays sont celles qui ont su s’adapter à nos formidables capacités à polluer notre environnement et à en tirer profit.
C’est le cas des mangoustes voraces et opportunistes, des cigognes et aigrettes qui se nourrissent directement dans nos immenses décharges puis des nuées de pigeons et des colonies de rats qui se gavent de maïs et de soja importés à coups de millions de dollars et que les camions de transport déversent généreusement sur nos routes.
Par décence, nous n’évoquerons pas le cas des milliers de chiens errants avec lesquels nous partageons nos villes et nos villages en bonne intelligence.
Cependant, le tableau n’est pas aussi noir qu’il puisse paraître de prime abord. Des initiatives citoyennes, collectives ou individuelles, naissent un peu partout dans le pays. Pour nettoyer, assainir l’environnement, pour replanter en milieu forestier et faire reverdir les routes et les cités.
L’Algérie qui a été l’un des premiers pays au monde à avoir pris conscience de la nécessité de freiner l’avancée du désert en lançant, dès 1970, le fameux projet du «Barrage vert» ne peut pas se permettre de perdre cette bataille.