Reportage réalisé par Houria Alioua
Faire une escapade dans le Sahara serait impensable en cette période de canicule, pourtant ces températures élevées ne sont point dissuasives pour les amateurs d’aventures, surtout que l’attraction en vaut la peine : un lac en plein milieu de la palmeraie.
Lalla Fatma, le lac salé de Meggarine, une petite oasis de la wilaya de Touggourt, à 800 km au sud de la capitale, est l’attraction du moment dans le sud-est avec la promenade qu’offrent les habitants au bord d’une zone humide classée d’importance nationale depuis son aménagement pour accueillir les touristes. Chaque soir d’été, Meggarine enregistre un embouteillage qui casse la monotonie de la journée grâce à l’animation offerte par le festival du lac parrainé par les autorités locales, mais qui reste un évènement populaire porté par les propres habitants de Meggarine qui ont transformé ce lac en une zone touristique par excellence avec tous les services nécessairesau confort des estivants.
L’événement se poursuit tout au long de la période estivale sous l’égide de l’Office municipal de tourisme et le lac accueille des centaines de baigneurs venus des environs, sur un rayon de 300 km jusqu’à l’aube.Et c’est l’association Nahda qui coordonne le mouvement associatif focalisé autour de cette étendue d’eau jouxtant la palmeraie, d’une superficie totale de cinq hectares avec plan d’eau estimé à plus de 20m de profondeur. Un écosystème qui confère à Meggarine un charme et une authenticité particulières dont les habitants sont les premiers adeptes.
Car si les anciens n’y voyaient qu’un exutoire de la palmeraie, les jeunes l’ont bien compris : le lac sera leur lieu de distraction et gagne-pain grâce à un festival annuel dédié aux loisirs familiaux ou la population est ses invités se sont constitués des habitudes autour du lac de Lalla Fatma explique Mansour, membre de l’association. Grace à la présence sécuritaire, ainsi que la Protection civile, la baignade est permise et se promener au moyen de petites embarcations fait le bonheur des grands et petits.
Avec une présence quotidienne des associations et notamment les scouts, guider et accompagner les visiteurs et garder leurs véhicules sur les parkings destinés au stationnement des voitures, des bus et des motos sont devenues des activités naturelles pour les jeunes. Le lac offre également une variété de services, tels que les kiosques dédiés à la recharge téléphonique, la vente de jouets pour enfants, de bibelots et objets d’artisanat traditionnels, de la poterie et produits divers à base de palmes de dattiers et surtout d’excellentes dattes locales.Un coin restauration est également aménagé offrant aux estivants des plats légers aussi bien que traditionnels, boissons fraiches et chaudes et pâtisseries diverses.
Ce qui a contribué à maintenir une importante affluence de visiteurs et au succès de ce festival, rehaussé par l’accueil chaleureux de la population de Meggarine, qui se distinguent par leur gentillesse et leur esprit d’initiative au service de leur région. Des activités récréatives et commerciales, dans lesquelles les femmes règnent et prospèrent dans une ambiance qui reflète la vie des gens, les coutumes locales et ou les familles se plaisent à prendre de magnifiques photos et vidéos comme s’ils étaient dans une station balnéaire.Originaire de la région, Hamza Gouni est un guide touristique local qui connait les moindres coins et recoins de la vallée d’Oued Righ.
Il aime beaucoup flâner en palmeraie et à proximité des lacs, qui sont devenus des exutoires des eaux de drainage certes mais sont selon lui les témoins d’un temps passé ou l’Oued Righ coulait encore à la surface de la terre avant de tarir laissant place à des plans d’eau sur la même trajectoire ligne de la vallée, environ 115 à 130 km du lac Sidi Bouhaniya à Goug. Hamza pense que les zones humides de l’Oued Righ ont un bel avenir devant elles et compte beaucoup sur l’engouement des jeunes pour parvenir en faire une belle promesse de dépaysement pour les amateurs des milieux aquatiques sahariens.
Sur la carte des lacs salés d’Algérie, Lalla Fatma n’est peut-être pas le plus grand ni le plus connu. Situé au cœur de la vallée de l’Oued Righ, qui se présente comme une vaste cuvette d’une superficie de 600 000 km2 et qui regroupe une cinquantaine d’oasis situées au Nord-est du Sahara, les Chotts Melghigh et Sidi Slimane classésd’importance internationales par la convention de Ramsar sont réputés pour leur faune et flore et accueillent chaque année des ascientifiques de tout le pays. Lalla Fatma quant à elle continue de puiser dans les eaux souterraines et se nourrir des apports du drainage des palmeraies avoisinantes tout en gardant une propreté propice au développement d’une activité touristique qui reste assez locale voire régionale mais qui tend à se développer.
La zone est en effet constituée de deux lacs, Lalla Fatma, d’une superficie totale de cinq hectares, et Zerzayemune nappe d’eau chaude, plus profonde mais d’une largeur moins importante que celle du lac Lalla Fatma, et dont les eaux géothermales offrent des spécificités et caractéristiques thérapeutiques à même d’offrir une opportunité d’investissement dans le tourisme saharien de santé et de bien être dans la région, selon des sources locales.
Les lacs que comptent la région sont des lieux de repos et de nidification pour les différentes espèces d’oiseaux migrateurs qui se déplacent sur le corridor de migration entre l’Europe et l’Afrique, et qui se sont adaptées aux caractéristiques climatiques de la région, et en ont fait des sites de nourriture grâce aux crustacés, artémias et autres plantes aquatiques des lacs salés, mais aussi des sites de reproduction avec les changements climatiques. Au même titre que ces oiseaux, les habitants y trouvent refuge pour prendre l’air, se baigner et se distraire, une pause nécessaire lors des longues périodes caniculaires où l’on peut sortir le soir et profiter de la fraicheur au bord du lac.