C’est l’été, pourtant période de détente et de nage libre, mais c’est tout le contraire ici, saison majeure des crispations et contradictions.
De la mer mais pas d’eau, du soleil mais pas d’énergie solaire, et les éternels débats sur le port du maillot, la mixité délictueuse, une femme doit-elle montrer son coude, espaces réservés aux familles, les poissons femelles ont-ils le droit de nager nues, autres sujets philosophiques.
A quelques kilomètres d’Alger, à Tipasa plus exactement, on vient d’interdire aux femmes de manger des glaces en public, avec ce slogan révolutionnaire qui va faire avancer l’humanité, «Une glace se mange à la maison».
Ce n’est évidemment pas la glace qui est en cause, mais la langue qui sort et lèche cette glace, puisqu’on ne peut rien faire d’autre avec, la glace pas la langue, et c’est un vieux débat chez les conservateurs qui n’interdisent pourtant pas aux hommes de lécher des glaces en public, alors que l’opération est censée mimer le même acte particulier qui a causé cette interdiction pour les femmes.
En attendant qu’on interdise aussi aux femmes de se pencher pour ramasser quelque chose tombé par terre, de se mettre à genoux, de faire du cheval ou même de s’asseoir, il ne sert à rien d’enfoncer les portes ouvertes en dénonçant encore ces pratiques d’autant qu’on a perdu la clé.
Mais il faut saluer les autorités pour cette décision, très efficaces sur le sujet, beaucoup moins sur des choses plus sérieuses et aussi se poser des questions, les yeux fermés, la langue des femmes est-elle différente de celle des hommes ?
Celle de la femme est-elle moins râpeuse, ce qui expliquerait la propension de l’homme politique à mentir comme un arracheur de dents ?
Ce qu’on sait, d’après les pieux hommes empreints de sagesse ancestrale est que les femmes sont des créatures du diable qui n’ont pour but que de perturber les hommes dans leur quête mystique d’un logement AADL. Il faudrait leur couper la langue. On peut manger des glaces avec la bouche.