Une guerre ouverte a lieu entre les USA et la Chine pour la maîtrise de la technologie stratégique des semi-conducteurs. Ces derniers sont à la base de la fabrication de composants électroniques tels que les transistors, les diodes qui permettent la conception de microprocesseurs constitués de circuits intégrés très complexes, de millions, voire de milliards de transistors conçus pour exécuter des programmes informatiques sophistiqués.
Les semi-conducteurs sont essentiels aux industries de l’informatique, automobile, smartphones, ordinateurs, aéronautique, navigation et télécommunications. Mais le secteur vital, que protègent les USA pour garder leur suprématie sur le monde, demeure celui de la défense pour lequel ces semi-conducteurs constituent la partie la plus névralgique des blindés, avions de tous types, navires, sous-marins, missiles et systèmes d’armes sophistiqués existants – notamment des drones – de par le monde y compris en Russie et en Chine.
L’outil le plus compliqué que l’homme ait jamais construit
Pour avoir une idée de la complexité de cet outil, il faut se référer à Dario Gil, directeur de la R&D d’IBM, qui soutient que «c’est la machine la plus compliquée que l’homme ait construite». Ses dimensions sont hors normes. Son transport nécessite 40 conteneurs, 20 camions et 3 Boeing 747. L’assemblage de ce monstre de technologie de 180 tonnes nécessite 18 mois de travail et son coût avoisine les 200 millions de dollars l’unité.
Actuellement, ce sont les USA qui dominent ce secteur pour leur conception et leur commercialisation, en faisant sous-traiter la production par Taiwan chez TSMC et Samsung en Corée du Sud qui sont actuellement les seuls à fabriquer les semi-conducteurs utilisant une technologie inférieure à 7 nanomètres. Si la Chine est parvenue à réaliser des progrès significatifs, elle reste dépendante des importations pour la majorité de ses besoins en semi-conducteurs. En revanche, la Russie accuse un très grand retard dans ce domaine. Ce qui explique, en partie, le fait que son armée patauge depuis plus de deux ans dans la guerre en Ukraine du fait de l’embargo décidé par les USA.
Dans le cadre de cette guerre à fleurets mouchetés que se livrent ces deux grands pays, les Etats-Unis ont imposé des sanctions pour limiter l’accès de la Chine aux technologies avancées, notamment en empêchant les ventes de machines de lithographie extrême ultraviolet. Ce n’est donc pas un hasard si plusieurs sources ont laissé entendre que si la Chine venait à envahir Taiwan, ASML aurait les moyens de désactiver à distance ses machines de pointe utilisées dans les usines de TSMC.
Cette révélation est intervenue lors des menaces qu’a fait peser la Chine dans le cadre de manœuvres militaires autour de Taiwan. Autrement dit les Etats-Unis veulent empêcher la Chine de mettre la main sur les machines d’ASML qui permettent de fabriquer les puces les plus avancées au monde. Mark Liu, dirigeant de TSMC dont les machines les plus modernes produisent les puces les plus évoluées comme les M4, M3, ou A17 Pro d’Apple, a déclaré sur CNN que «personne ne peut contrôler TSMC par la force. En cas d’invasion militaire, les usines de TSMC deviendraient inexploitables». En fait, tout a été prévu par les dirigeants US pour la faire exploser. TSMC a une poignée d’usines en dehors de l’ile, mais elles ne peuvent ni créer les puces les plus avancées ni compenser une interruption de la production sur Taiwan qui assure environ 70% de la fabrication mondiale.
Il faut dire que ASML est l’un des leaders mondiaux de la fabrication de machines de photolithographie pour l’industrie des semi-conducteurs. La photolithographie consiste à graver les circuits intégrés sur des galettes de silicium qui constituent la matière première des industriels des semi-conducteurs. La photolithographie est une étape cruciale, la plus risquée et la plus coûteuse dans le procédé industriel de fabrication des semi-conducteurs. Elle repose de plus en plus aujourd’hui sur un rayonnement ultraviolet, une technologie (EUV) qui permet de pousser encore plus loin la miniaturisation des puces grâce à une finesse de gravure de l’ordre de 7 nano microns.
Duel à distance entre les USA et la Chine
En 2019, le monde des télécom a été secoué par un décret présidentiel américain interdisant aux entreprises américaines de collaborer avec certaines entreprises chinoises, notamment Huawei. Ce décret a eu des répercussions considérables non seulement pour Huawei mais aussi pour l’ensemble de l’industrie des télécommunications.
Huawei, entreprise bien connue pour ses smartphones, est en réalité un géant des télécommunications. Il joue un rôle crucial dans le déploiement de la fibre optique et des réseaux mobiles en Europe, fournissant une infrastructure essentielle pour la 4G et la 5G. En tant que leader mondial dans ce domaine, Huawei est le principal fournisseur de nombreux opérateurs européens de télécommunications.
Ce décret pris par Trump a mis en lumière la dépendance de Huawei envers les technologies US, notamment les microprocesseurs de l’entreprise US Qualcomm. La production de Huawei, qui fonctionnait à flux tendu, a été mise à rude épreuve, du fait de l’insuffisance de ses stocks pour faire face à une telle interdiction. Cela a entraîné une crise majeure, obligeant Huawei à retarder certaines livraisons et à décaler la livraison de nombreux projets. Malgré ce blocage, les ingénieurs de Huawei ont relevé le défi en faisant preuve de résilience et de réactivité remarquable.
En seulement quatre mois, les Chinois ont réussi à concevoir, fabriquer et acheminer de nouveaux équipements dotés de processeurs chinois pour répondre aux besoins des marchés européens. Cette réaction rapide témoigne de la capacité d’adaptation et de l’ingéniosité des ingénieurs chinois face à des circonstances et des chocs imprévus et soudains.
L’histoire de Huawei face au décret Trump est un exemple frappant de la manière dont les décisions politiques peuvent influencer les opérations économiques mondiales et stimuler l’innovation dans un secteur industriel. Elle démontre également la capacité des ingénieurs chinois à surmonter les obstacles et à maintenir leur position sur le marché mondial malgré les turbulences provoquées par le principal fabricant de ces matériels. Cet exemple devrait être médité par la Russie qui dépend totalement de la technologie des micro-processeurs US, utilisés dans la quasi-totalité de ses matériels militaires les plus sophistiqués, qu’ils soient terrestres (blindés), aériens tels les Su-34, Su-30M2, Su 355, Su-57 et Mig 29, 31... ou même navals, sans oublier son industrie spatiale.
La stratégie du faire croire par l’utilisation des ennemis et idiots utiles
Dans le cadre de leur stratégie du faire croire, les USA utilisent deux cordes à leur arc. Celle des ennemis utiles que sont la Russie et la Chine ainsi que celle de l’idiot utile qu’ils font jouer à l’état d’Israël. L’intelligence des USA s’est manifestée dès avant la Secondee Guerre mondiale par l’industrialisation de l’URSS en y construisant 571 unités industrielles de grande envergure entre 1928 et 1932, tout en aidant au réarmement de l’Allemagne nazie dans le but de les monter l’un contre l’autre pour aboutir à une guerre dévastatrice leur permettant d’intervenir pour assurer leur suprématie mondiale.
L’aide phénoménale apportée à l’URSS durant la Seconde Guerre mondiale (cf article sur la guerre en Ukraine dans El Watan du 13/4/2024), a été très important pour ne pas dire décisif, dans la victoire contre la Wehrmacht. Il en a été de même pour l’ennemi utile japonais qu’ils ont fait tomber dans le piège de Pearl Harbour sans hésiter à sacrifier plus de 2000 de leurs soldats et une partie de la flotte pacifique en cours de renouvellement dans les plus grands chantiers navals des côtes Est et Ouest suite à la loi dite des deux océans.
La suite, on la connait : les USA imposent leur diktat depuis 1945 sur l’Allemagne avec la présence de 34 500 soldats. La mise hors d’état de service du pipe Nord Stream 2, sous le silence craintif des autres pays occidentaux, en est une preuve. Il en est de même pour le Japon où 50 000 soldats US occupent la presque totalité de l’Archipel d’Okinawa. De nos jours, les USA utilisent encore cette stratégie pour faire croire que la Chine et la Russie constituent un danger et une menace pour la sécurité du monde dit «libre», alors qu’il n’en est rien puisque ce sont en fait les USA qui sont le pays le plus belliqueux au monde avec à leur actif plus de 200 guerres depuis 1945 et imposent leur loi en se payant le luxe de faire croire qu’ils sont en déclin.
Un leurre appelé Pegasus
Ces mêmes décideurs US utilisent l’état d’Israël en lui «vendant» le logiciel espion Pegasus pour faire croire que c’est l’état hébreu qui a conçu cette technologie de pointe dans le but d’espionner les grands dirigeants de la planète et lui faire porter le chapeau de ces écoutes. En se vantant d’être le concepteur de cet instrument de pointe, alors qu’il n’en n’est en réalité que l’utilisateur pour compte, Israël joue le rôle de l’idiot utile. Ce n’est d’ailleurs pas la seule mission qui lui est dévolue par l’Etat profond US dans cette région hautement stratégique.
En effet, la principale fonction assignée à cet idiot utile est de jouer, sous la protection US, le rôle de mercenaire déstabilisateur de la région pour le plus grand bénéfice du complexe militaro industriel et le plus grand malheur des générations israéliennes futures.
Voilà qui explique, d’une part, le feu vert donné à l’assassinat d’Issac Rabin et Yasser Arafat pour avoir cherché à faire la paix, et d’autre part, la standing ovation des membres du congrès US lors de la visite du lituanien Mileikowsky alias Netanyahou, pour le féliciter d’avoir orchestré l’assassinat de masse de femmes et d’enfants palestiniens par ses mercenaires. Les véritables maîtres du jeu ne sont pas ceux que l’on pense. L’état d’Israël n’est qu’un larbin qui a exécute les ordres de l’Etat profond US depuis sa création.
L’humanité aura encore à subir et à souffrir pendant quelques décennies de l’extraordinaire puissance des décideurs du complexe militaro industriel US, jusqu’au jour où, chaque chose possédant en elle-même les germes de sa destruction, leur machiavélisme finira par se retourner contre eux et faire imploser cette mécanique bien huilée, entièrement tournée vers l’intérêt et le profit au détriment des droit élémentaires des peuples et du droit à la dignité des personnes.
En 1829, un capitaine anglais, du nom de Bedford H. Wilson, compagnon d’armes du révolutionnaire Simon Bolivar, a émis un jugement prémonitoire sur les Etats-Unis : «Plus je vois ce pays extraordinaire, plus je suis stupéfié des grands progrès qu’il fait et qu’il continue de faire. Quelque jour, peut-être, il se démembrera ; je le désire pour le bien de l’humanité. Sinon, ce colosse sera encore plus terrible que les hordes de la Russie. Son ambition dépasse ses progrès, elle est plus vaste que son territoire. Il ne sera satisfait que lorsqu’il sera le maître des destinées du monde».
Par Khelifa Mahieddine , Avocat