Alors que l’Euro de football connaît sa vitesse de croisière, l’international français Killian Mbappé s’engage dans un autre match, celui des législatives. Selon lui, «notre pays (la France) est à un moment crucial de son histoire, des circonstances bien plus importantes qu’un match de football», a-t-il dit.
Il rejoint dans son avis «contre les extrêmes» (qui vise principalement le Rassemblement national) son autre coéquipier de l’équipe de France Marcus Thuram qui avait exprimé sa volonté, deux jours auparavant, «de se battre pour que le RN ne passe pas».
La jeune génération se souvient comment son aînée de 1998 avait été caricaturée après le sacre mondial des «blacks, blancs, beurs» par Jean-Marie Le Pen, président de l’ex-Front national, quand il avait déclaré, à la stupeur de tous, qu’il ne se reconnaissait pas dans cette équipe de France.
Dans le prolongement de Mbappé et Thuram, de nombreux artistes, sportifs et autres influenceurs ont eu les mêmes réactions, attitude fustigée rageusement bien entendu à longueur d’émissions et de «débats» par les puissants médias locaux connus proches de l’extrême droite. L’Hexagone est donc dans tous ses états depuis que Macron, à la suite des résultats des élections européennes, avait décidé dans la précipitation d’offrir au Rassemblement national l’occasion de briguer le pouvoir en dissolvant l’Assemblée nationale et en appelant à des élections législatives anticipées.
De nombreux observateurs estiment que Macron a fait une erreur très grave en précipitant la décision de dissoudre cette institution, alors que l’on est qu’à quelques encablures du début des Jeux olympiques, où Paris devrait accueillir 205 délégations sportives issues d’autant de pays et voir les yeux du monde entier se braquer sur elle. Beaucoup, après cette surprenante décision, ont estimé que le président français «joue avec le feu et risque de s’y brûler» en tentant un coup à la «roulette russe». Car déclencher des élections législatives anticipées, alors que le RN est dans une dynamique de progression manifeste, «est en soi un geste politique imprudent».
Au moment où le Rassemblement national se dit «prêt à gouverner», Macron acceptera-t-il les conditions imposées d’une cohabitation où le pouvoir sera partagé ? Des personnalités politiques et des analystes n’endossent pas l’idée de projections optimistes si tel était le cas, poussant le bouchon jusqu’à des scénarios inédits. Il est dit entre autres que «la dissolution de l’Assemblée nationale est la dernière étape avant une démission potentielle de Macron».
Surtout si, scénario redoutable à ne pas écarter, le Président perd sa majorité. La campagne électorale express qui a commencé lundi dernier augure de passe d’armes spectaculaires et d’arrangements marchandés au cours du deuxième tour le 7 juillet prochain. Ils sont nombreux à gauche et au sein de la majorité à redouter que Jean Bardella, première force du RN, assistera, le 26 juillet prochain, en tant que nouveau Premier ministre de la France à la tribune officielle à la proximité immédiate d’Emmanuel Macron et de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris dont les images seront suivies par plus de deux milliards de téléspectateurs.