La Fête du raisin s'est ouverte hier : Une production record à Boumerdès

08/09/2022 mis à jour: 18:47
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Boumerdès produit un raisin de grande qualité (photo : el watan)

La wilaya de Boumerdès produit 53% des besoins du marché national en raisin de table. La viticulture est une activité très rentable, d’où l’intérêt que portent les agriculteurs à la production de ce fruit. Les champs de vignes occupent 29% de la superficie des terres agricoles utiles de la wilaya.

 Cette superficie augmente d’année en année, passant de 5199 ha en l’an 2000 à 18 494 ha en 2022, a précisé le directeur de l’agriculture, Bouisri Abderrahmane, hier, lors de la fête du raisin sur l’esplanade de la direction à Boumerdès. Néanmoins, en dehors du sentiment de fierté et de joie qui se lit sur les visages des participants à cet événement, beaucoup de questions se posent quant à l’apport et l’importance de la viticulture à l’économie nationale. Apporte-t-elle un plus au pays ?

 Pourquoi l’Algérie n’est pas un grand exportateur de raisin comme le Chili, l’Espagne et l’Italie par exemple ? Contrairement à la pomme de terre et autres cultures, en Algérie ce fruit semble bien nourrir son homme. Malgré l’abondance de la production, son prix varie entre 100 et 150 DA sur le marché de gros et entre 180 et 350 DA au détail. «Un hectare donne une moyenne de 300 quintaux. Quand tout va bien, le fellah peut gagner le double de ce qu’il a dépensé. 

Voilà maintenant pourquoi les gens préfèrent cultiver le raisin de table et pas les céréales», explique un viticulteur de Sidi Daoud, soulignant que le raisin de cuve est plus bénéfique à l’économie nationale que celui que nous consommons. Bessaâdi Rachid, investisseur, plaide pour la nécessité de revoir les modalités de gestion du foncier. «On donne des EAC aux gens, mais on ne leur dit jamais ce qu’ils doivent y planter. 

C’est pour cette raison qu’on a abandonné les cultures stratégiques», argue-t-il. Le président de l’Association des producteurs de raisin de table, M. Oumellal, évoque les difficultés à l’exportation. Connu pour être le premier à avoir introduit la variété du Red Glob en Algérie, le concerné a des champs de vignes dans plusieurs wilayas du pays. Malgré la qualité de sa production, il laisse entendre que l’exportation n’est pas son premier souci. «J’ai déjà exporté de petites quantités par le passé, mais ça n’a pas été facile. Les procédures sont très compliquées. Le raisin ne peut pas attendre longtemps au niveau des ports. 

En plus, les dépôts de stockage ne sont pas toujours disponibles. On a des variétés qui peuvent  être gardées dans des chambres froides durant 6 mois, mais l’Algérie n’est pas bien lotie dans ce domaine», dit-il. Kamel Ladada, responsable d’une coopérative agricole à Baghlia, affirme que le raisin fait gagner au Chili plus de 6 milliards de dollars annuellement. «L’Algérie a tous les moyens pour faire de même. 

La variété Red Blob se vend entre 250 et 400 euros le quintal. Alors que le blé coûte 45 euros le quintal en ce moment. Certes, on n’a pas réussi à développer la culture des céréales chez nous, mais rien ne nous empêche de le faire pour le raisin afin d’augmenter nos recettes en devise», glisse-t-il.

 Même avis de Lamria Youcef, un opérateur très bien introduit dans les milieux des affaires. Pour lui, l’Algérie a tous les atouts pour conquérir le marché européen. «La variabilité de notre climat fait que la première récolte du raisin intervient en mai dans le Sud et la dernière en septembre», appuie-t-il. Et de conclure : «Il ne faut pas oublier aussi qu’on a plusieurs variétés tardives et d’autres précoces. On peut exporter jusqu'au mois de janvier. Les autres pays n’ont pas cet avantage. 

Pour y arriver, on doit d’abord améliorer la qualité de nos produits, alléger les conditions d’exportation et créer des plateformes de conditionnement. Sans cela, on ne peut rien faire.» 
 

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