Au cœur du Sahara, l’oasis de Djanet, s'étirant le long d'un oued, irrigue d’opulentes palmeraies. Elle est peuplée par des communautés sédentaires pratiquant l’agriculture.
Chaque année, Djanet célèbre la Sebeïba, une fête ancrée dans des temps immémoriaux. Cette célébration symbolise un ancien conflit du XVIIe siècle entre les tribus Azelouaz et El Mihan, transformé aujourd'hui en une compétition pacifique.
La Sebeïba se déroule en deux phases. Les préparatifs, appelés timoulawine, s'étendent du deuxième au neuvième jour du mois de Mouharram.
Durant cette période, les habitants s'entraînent au jeu du ganga (tambourin), au chant pour les femmes et à la danse pour les hommes. Les femmes lancent les invitations à la fête dès la première nuit du mois. Les anciens supervisent les préparatifs, veillant à la qualité des performances. Ils sélectionnent également les hommes qui participeront au rituel du dixième jour, le point culminant de la célébration.
Le jour de la fête, les gens d'Azelouaz entrent par le nord et ceux d'El Mihan par le Sud. Les danseurs, en tenue guerrière, et les chanteuses se réunissent à Loghya. Les danseurs forment un cercle en faisant cliqueter leurs épées, tandis que les femmes récitent des poèmes anciens. Après trois tours groupés, les danseurs se produisent individuellement pour que le public puisse apprécier leurs talents.
La Sebeïba joue un rôle crucial dans la cohésion sociale des tribus sédentaires. Elle met en scène la reproduction du lien social chaque année, renforçant ainsi la solidarité communautaire. Les chants, la poésie, les danses, et les tenues vestimentaires témoignent d'une culture patrimoniale riche et vivante. Les connaissances liées au rituel sont transmises directement des anciens aux jeunes, et les artisans locaux fabriquent et réparent les tenues, les armes, les bijoux, et les instruments de musique. La Sebeïba est un marqueur important de l’identité culturelle des Touareg du Sahara algérien. Elle permet de transposer symboliquement la violence entre communautés rivales en une compétition artistique.
Chaque année, cette fête représente un hymne au dialogue, au respect mutuel, et à la culture de la paix et de la diversité culturelle. En 2014, l'Unesco a inscrit le rituel et les cérémonies de la Sebeïba sur sa liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
La Sebeïba de Djanet est plus qu'une simple fête, elle est un symbole de la paix et du vivre- ensemble, une tradition ancestrale qui continue de renforcer les liens sociaux et de préserver la richesse culturelle des
Touareg.