Le Parlement européen a voté hier en faveur de la labellisation du gaz et du nucléaire comme énergies vertes. Le texte controversé, présenté en janvier dernier par la Commission européenne, classifie «comme énergies durables certains investissements pour la production de l’électricité dans des centrales nucléaires – qui n’émettent pas de CO2 – ou des centrales au gaz, à condition qu’elles mobilisent les technologies les plus avancées».
Ainsi, la situation de crise énergétique actuelle a plaidé en faveur de cette décision de l’UE qui va à l’encontre de l’option du tout-renouvelable. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les Etats européens subissent le difficile accès à l’énergie et la diminution drastique des quantités de gaz acheminées pour le Vieux Continent. L’hiver prochain, l’Europe s’attend à vivre un des hivers les plus difficiles avec un accès rationné à l’énergie.
D’anciennes usines de production d’énergie à base de charbon ont même été réactivées dans de nombreux pays de l’UE. «Cette classification dite taxonomie doit aider à mobiliser des fonds privés dans ces projets. Elle s’inscrit dans l’objectif de neutralité carbone de l’UE en 2050», explique la Commission.
Les parlementaires européens, qui se sont réunis en plénière, ont rejeté une proposition de veto contre ce projet de loi, à une majorité de 328 voix. Les opposants au nouveau texte ont décidé de faire un recours en justice, seul moyen pour eux, disent-ils, de bloquer l’initiative. «Je vous demande de ne pas rejeter ce fragile compromis négocié avec précaution. L’énergie nucléaire et le gaz provenant de pays sûrs seront les seuls moyens pour certains Etats membres d’atteindre nos objectifs climatiques communs dans les années à venir», a plaidé le ministre tchèque Petr Fiala.
Les écologistes ne décolèrent pas, surtout que les initiateurs de la loi assurent que le gaz et le nucléaire contribuent à la lutte contre le changement climatique en s’appuyant sur des rapports d’experts. Les écologistes dénoncent une opération de «greenwashing» en attribuant un label vert à des énergies non renouvelables.
«Personne ne dit que le gaz et le nucléaire sont des énergies vertes, mais elles sont temporairement indispensables à la transition. Nous devons utiliser tous les outils pour pouvoir nous passer en priorité du pétrole et du charbon», a noté, pour sa part, Gilles Boyer, député français. La commissaire aux services financiers, Mairead McGuinness, a assuré quant à elle que la taxonomie «donne la priorité aux renouvelables et à l’efficacité énergétique».
La conjoncture actuelle plaide toutefois pour une diversification des ressources. L’Exécutif européen a souligné que les énergies renouvelables ne pourront pas à elles seules répondre à la demande croissante d’électricité en raison de leur production intermittente, d’où le besoin de favoriser également «l’investissement dans des moyens stables et pilotables, comme le gaz et le nucléaire».
Le texte européen ouvre ainsi de nouvelles perspectives pour les pays producteurs de gaz qui, jadis, étaient menacés par l’Europe de voir leurs exportations bloquer à cause des émissions de CO2. Aujourd’hui, la donne ayant changé, la sécurité énergétique offre de beaux jours au gaz.