La crédibilité altérée de la CAF

18/02/2023 mis à jour: 03:45
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Qui organisera la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 ? Le sujet passionne le continent africain. Deux pays (Algérie-Maroc) semblent les mieux placés pour accueillir la compétition majeure de la Confédération africaine de football (CAF) de par la qualité de leurs infrastructures et les conditions, sur tous les plans, qui seront offertes aux sélections qui participeront à l’événement ainsi que tous ceux se déplaceront pour suivre la CAN-2025. Le sujet fait les choux gras de la presse et des réseaux sociaux en Algérie et au Maroc. Les spéculations vont bon train sur le choix du pays organisateur de la Coupe d’Afrique en 2025. En fait, c’est un faux suspense puisque la CAF a déjà fait son choix en dehors du cadre légal. C'est-à-dire, le président Patrice Motsepe et les membres du comité exécutif (Comex) connaissent depuis l’été dernier l’identité de celui à qui reviendra l’honneur d’accueillir la CAN-2025. Effectivement, la CAF a déjà choisi son favori. C’est le Maroc. Le 13 octobre 2022, sur ces mêmes colonnes, a été dévoilé le scénario. Bien avant que ne soit faite l’annonce du retrait de l’organisation de la CAN-2025 à la Guinée, en juillet dernier, des membres influents de la CAF s’étaient mis d’accord entre eux pour choisir par anticipation le pays qui remplacera la Guinée. Pis encore, le choix avait été acté entre les membres du Comex bien avant l’annonce de l’abandon de la piste de la Guinée et surtout de la proclamation de l’ouverture de nouveaux délais à candidature. La suite (appel à candidature, l’envoi des missions d’inspection dans les pays qui ont postulé pour l’organisation du tournoi continental : Algérie, Maroc, Afrique du Sud, Zambie et Nigeria-Bénin pour une cocandidature).

Lors de ses récentes visites en Algérie à l’occasion de l’inspection des installations du CHAN-2022 (décalé à 2023) et du tournoi réservé aux joueurs locaux, le président de la CAF s’est gardé d’aborder le sujet. Il n’a pas arrêté de «dribbler» ses interlocuteurs. Son attitude n’a pas de quoi surprendre. Il a été «placé» à la tête de la CAF par le président de la FIFA, Gianni Infantino, et avec la bénédiction de quelques pontes du Comex de la CAF, qui ont droit au chapitre sur tout. Il exécute la feuille de route que lui ont préparée ses lieutenants au Comex. Un jour il dit une chose et le contraire le lendemain. Ceux qui ne portent pas l’Algérie dans leur cœur au niveau de la CAF, et ils sont nombreux, ont mis à profit le forfait du Maroc au CHAN-2022 pour mener campagne contre l’Algérie. La CAF a différé la proclamation du nom du pays organisateur de l’édition 2025 pour avoir assez de temps pour trouver la parade. Ses spécialistes ont exhumé un article des statuts et règlements qui n’a pas été utilisé depuis trois décades pour préparer le lit à une éventuelle forfaiture. La CAF a eu recours au principe d’antériorité (c'est-à-dire l’ancienneté ou l’ordre de l’organisation) pour dégager la voie au profit du Maroc, qui a organisé la CAN en 1988 et l’Algérie deux ans après, pour se donner bonne conscience.

Le dossier algérien ne souffre d’aucune faille. Toutes les conditions exigées sont réunies. Le détail, et il est de taille, qui a fait la différence c’est que l’Algérie ne dispose pas d’un membre élu au Comex. C’est là que tout se joue. Le Maroc a pleinement profité de l’avantage qu’il a sur ce plan. Il peut compter sur un membre très influent au Comex de la CAF et de la FIFA, contrairement à l’Algérie qui mesure aujourd’hui les conséquences de la perte du siège au sein des deux organes. Le grand enjeu pour le football algérien dans les prochaines années est le Comex de la CAF et celui de la FIFA. Le premier arrivé sur place est le premier servi. La Fédération algérienne de football a beaucoup de défis à relever. Entre autres celui d’avoir un représentant élu au sein des deux exécutifs. Faute de quoi, la traversée du désert durera longtemps.

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