Nous travaillons en coordination. Nous suivions les résultats annoncés par l’Anie durant la journée et qui passaient de 6% à 15 puis 16% avant de stagner à 26%. Subitement, nous avons entendu un chiffre irréel de 28%, présenté comme étant la moyenne des taux de participation dans certaines wilayas. Comment l’Anie a-t-elle fait pour donner cette explication ?
Ce chiffre était-il le résultat d’une théorie politique ou d’un calcul mathématique ? Les chiffres annoncés sont muets et ne peuvent faire l’objet de lecture électorale ou politique», a déclaré, hier, le président du MSP, Abdelaali Hassani Cherif, lors d’une conférence de presse animée à son siège à Alger.
Selon lui, la déclaration commune des trois candidats au scrutin présidentiel, samedi dernier, a fait réagir l’Anie par un communiqué dans lequel «elle s’est remise en cause». «Elle a affirmé qu’elle continuait toujours à faire le décompte des PV (procès-verbaux). D’où a-t-elle eu les chiffres qu’elle a avancés si elle n’a pas encore achevé son travail de collecte ? Le président de l’Anie s’est compromis avec son communiqué», s’est-il interrogé.
Hassani Cherif a rappelé au parterre de journalistes que la collecte des données du scrutin est faite en coordination avec les délégués du parti au niveau de chacune des wilayas. «Nous avons été destinataires de tous les PV de dépouillement des wilayas de Sétif, Boumerdès, Médéa, Al Bayadh, pour ne citer que ces wilayas, et je peux vous assurer que le nombre de voix que nous avons obtenu a été divisé par trois.
Les chiffres donnés par l’Anie sont faux. Ils ont été trafiqués», a affirmé le chef du MSP d’une voix coléreuse. Il a expliqué «qu’il y a des wilayas où les PV de dépouillement n’ont toujours pas été remis à ce jour (hier), dans certaines, le nombre de voix a été gonflé et dans d’autres divisé par deux, voire par trois. Nous allons faire des recours».
Le président du MSP a cependant évoqué «un problème technique» lié à l’application de la collecte des informations par le système. «Nous savons, et cela nous a été confirmé par des utilisateurs de cette application, qu’elle compte les voix en double. Il n’y a pas que le nombre de voix qui pose problème. L’Anie n’a pas fait état du taux de participation, ni du nombre des bulletins nuls, encore moins celui des bulletins blancs.
Nous réclamons nos droits. Ceux d’avoir les PV avec les anomalies.» Hassani Cherif a cité «une des communes de la wilaya d’Al Bayadh, où 7000 voix n’ont pas été inscrites, mais que l’on retrouve dans le PV de la wilaya. Avec trois candidats seulement, l’Anie n’a pu commencer à donner ses chiffres qu’à minuit passé. Où est donc cette numérisation du système ?»
Le chef du MSP s’est attardé sur ce qu’il a qualifié de «pratiques frauduleuses», en pointant un doigt accusateur non seulement sur l’Anie, «qui fait preuve de faiblesse flagrante», mais aussi sur «une administration complice de cette fraude» et «des partis politiques impliqués». «Puisque c’est l’Anie qui a annoncé les résultats avant d’achever la collecte des informations, et que les chiffres contenus dans ses PV ont été changés, nous refusons de reconnaître les résultats, que nous rejetons catégoriquement jusqu’à ce que la Cour constitutionnelle les revoient et tranchent. Ces résultats nuisent aux intérêts du pays et à son avenir», a-t-il souligné.
Allant plus loin dans son réquisitoire, le chef du MSP a déclaré que «l'Anie, à travers ses erreurs, ses pratiques et ses méthodes, tue l’espoir des Algériens en l’indépendance de cette autorité. L’Anie ne nous a pas laissé croire qu’elle est indépendante et capable d’administrer les opérations électorales. Elle trombe à chaque fois, volontairement ou pas, dans des erreurs et des comportements invraisemblables (…)».